C’est un peu comme le 1er janvier 2000 : on nous avait prédit un énorme bug informatique pour le passage au XXIe siècle et… finalement rien. Dans la nuit du 19 au 20 avril 2019, tout le réseau des bus de la RATP a subi un grand chambardement : 42 lignes modifiées sur 350, cinq nouvelles lignes, trois remplacées, 265 abribus ont changé d’emplacement. Les associations d’usagers des transports craignaient le pire (relire notre article), la RATP n’en menait sans doute pas large, et au final tout s’est à peu près bien passé. « A ce jour, nous n’avons reçu aucune plainte, mais des pétitions de riverains circulent« , précise l’Association des usagers des transports d’Ile-de-France (Fnaut IDF)
Bien sûr, une petite visite sur twitter et l’on tombe immanquablement sur des commentaires sur les trop longs temps d’attente des bus (pas pire qu’avant), mais globalement, le grand bug n’a pas eu lieu. Les 1 000 agents déployés par la Régie pendant le week-end de bascule (week-end de Pâques) et les jours suivants ont permis de guider les passagers qui cherchaient leurs bus ou leur abribus. La semaine précédent le big bang, le site internet dédié a enregistré un petit pic de fréquentation à 140 599 visites (contre 111 000 la semaine suivante).
Du côté du 19e arrondissement, le 20 avril, c’était « la fête du 71 », cette nouvelle ligne de bus qui dessert ce qui était hier une zone blanche de l’est parisien, entre la porte de la Villette et la bibliothèque François Mitterrand, via Belleville, Nation et Bercy.
Observatoire de la vitesse commerciale
Dans ce big bang, un seul arrêt a disparu, celui situé devant l’Unesco dans le 7e arrondissement parisien, « là ou selon nos adhérents, il y avait très peu, voire pas de voyageurs« , rapporte Marc Pélissier, président de la Fnaut Ile-de-France. Rachida Dati, la maire d’arrondissement, « y tenait beaucoup, mais objectivement, cet arrêt ne servait à rien« , poursuit le porte-parole de l’association de défense qui se donne un mois pour observer les effets de cette transformation radicale du réseau des bus de la RATP, la première depuis 1950.
« Il y a encore beaucoup de poteaux provisoires et des abribus manquants ou encore en travaux, et le plan de la nouvelle carte du réseau n’est pas très lisible, estime l’association de défense des usagers du transport. Quant aux lignes trop longues, comme la 91 qui relie désormais la gare Montparnasse à gare du Nord ou la 20 entre Levallois-Perret et porte des Lilas, nous surveillerons de près les résultats du futur Observatoire de la vitesse commerciale annoncé par Ile-de-France Mobilités« , ajoute Marc Pélissier. Depuis 2018, la vitesse commerciale des bus s’est effondrée dans Paris pour atteindre aujourd’hui une moyenne de 10,8 km/h. Parfois moins dans les quartiers compliqués. En cause, les travaux, la congestion, mais aussi les véhicules garés dans les voies dédiées. « A cause de la multitude des chantiers dans Paris, les nouveaux tracés de ligne sont déjà déviés », constate d’ailleurs le porte-parole des usagers.
N.A
Il y a 6 années - Junjie Ling