La date de la conférence de presse n’a pas été choisie au hasard : 10 septembre, au moment où s’ouvraient les Rencontres du transport public gratuit. Avec en toile de fond la question de la gratuité qui revient en force dans la campagne des élections municipales de mars 2020. Onde de choc de la crise des « gilets jaunes ».
L’Union des transports publics (UTP) et le Groupement des élus du transport (le Gart), vent debout contre la gratuité dans les transports urbains, ont donc décidé de contre-attaquer en présentant les tarifs modiques des tickets de bus, métro ou tramway en France : 1,90 euro en moyenne, « le plus bas d’Europe », indique Anne Gérard, présidente d’Objectif transport public qui organise le 21 septembre une Journée nationale sur le thème du pouvoir d’achat. A Stockholm, le ticket est à 4,20 euros, à Copenhague 3,20, à Londres 3,50, à Berlin 2,90, à Genève 2,80.
Pour Jean-Pierre Farandou qui s’exprimait ce matin en tant que président de l’UTP, « la lisibilité de la tarification est la recette essentielle d’une bonne tarification. Attention aux excès de finesse ! », a prévenu celui qui est l’un des prétendants à la succession de Guillaume Pepy à la tête de la SNCF. Laquelle pèche par excès dans sa grille tarifaire…
Budget transport plus élevé dans les zones rurales
« Les tarifs des transports augmentent moins que d’autres services publics comme le gaz, l’électricité, l’eau ou l’enlèvement des ordures ménagères », insiste Anne Gérard. Selon l’indice Insee des prix à la consommation, le prix de l’eau a grimpé de plus de 25 % entre 2008 et 2018, celui de l’énergie de près de 34 %, les services postaux de plus de 46 %, contre 8,5 % pour les transports publics. Assénant les statistiques, Layla Ricroch, rapporteure de la commission des comptes des transports de la Nation invitée pour l’occasion, a avancé un chiffre qui illustre bien l’origine du mouvement des « gilets jaunes » : en moyenne nationale, les dépenses de transport représentent 18 % du budget des ménages, 16 % en agglomération parisienne, et 21 % dans les zones peu denses (rurales ou périurbaines).
Les dépenses liées à la voiture comptent pour 84 % du budget transport des ménages, contre 1 % alloué aux transports publics. Certes, parce que ces derniers sont moins chers que la voiture mais aussi parce qu’il n’y a pas de bus partout en France. La couverture de ces zones blanches est d’ailleurs l’un des sujets phares de la loi sur les mobilités (LOM) qui reprend son marathon parlementaire aujourd’hui à l’Assemblée nationale. En vue d’un vote fin 2019, enfin !
Mais la question du financement des transports publics dans ces zones peu denses reste entière. Les ressources allouées aux intercommunalités qui hériteront d’une nouvelle compétence pour organiser des lignes régulières, des dessertes à la demande, et même du covoiturage là où il n’existe aucune offre de transport collectif, ne sont pas prévus dans la future loi. Renvoyées en loi de Finances pour 2020. Et comme les usagers ne supportent en moyenne que 18% des coûts réels des transports publics dans les petites agglomérations (plus du tiers dans les grandes villes), les députés vont devoir redoubler d’imagination pour aider les élus ruraux à offrir des services de transport bon marché.
N. A.
Il y a 5 années - Junjie Ling
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Il y a 1 année - Marie-hélène Poingt