Les vélos électriques ont la côte à Rouen et ont particulièrement attiré les hommes qui représentent 70 % de la clientèle En 2007, la ville de Rouen (109 000 habitants) et la Communauté d’agglomération (CAR, environ 400 000 habitants), de bords politiques différents, se livrent à une course de vitesse pour sortir leur « plan vélo ». En fin d’année, la capitale de Haute-Normande prend la collectivité de court en signant avec Decaux un contrat d’affichage publicitaire sur 14 ans, moyennant la mise à disposition dans la ville intra-muros de 175 vélos classiques, dans un premier temps. Baptisés Cy’Clic, ils sont en libre service. Entre-temps, le conseil régional de Haute-Normandie a lancé un appel à projets attribué à Movimento. Il porte sur une étude commerciale et sur une expérimentation de prêt. Celle-ci, commencée en février dernier, devait s’achever ce mois-ci. Elle se prolongera jusqu’en fin d’année. Depuis, les élections municipales ont propulsé la socialiste Valérie Fourneyron à la tête de la ville, dans une agglomération désormais présidée par Laurent Fabius. Cette nouvelle donne devrait contribuer à mettre un terme à ce que les associations d’usagers ont appelé la « guerre des vélos ». Depuis le 15 février donc, en deux endroits de la ville, 50 vélos pliants de moins de 10 kg, 60 vélos à assistance électrique (VAE) construits par ISD, étaient disponibles pour des prêts gratuits de 5 à 10 jours. « Nous n’avons volontairement que très peu communiqué sur ce test auprès du grand public », souligne d’entrée Patrick Le Page, directeur de l’Environnement urbain à la CAR. « Au départ, les VAE ont rencontré un vif succès de curiosité chez les hommes. Ensuite, ce sont surtout des femmes résidant sur les plateaux et travaillant en ville basse qui sont venues nous voir. Beaucoup de retraités également. La plupart ne croyaient pas qu’ils allaient pouvoir monter les côtes. Ils sont été surpris par l’efficacité de l’assistance », commente Rached Bchini (31 ans), animateur VAE recruté par l’agglo le temps de l’expérimentation. Et pourtant, malgré des briefings conséquents rodés lors de formations initiales, il n’était pas rare de voir des usagers partir sans mettre le contact ! « De notre côté, on orientait plutôt les gens vers les vélos pliants, en vue de développer l’intermodalité avec le réseau de transports en commun », ajoute Patrick Le Page. Sur ce matériel, deux cibles ont émergé : les cadres rouennais travaillant au Havre ou à Paris, séduits par la légèreté des vélos ; et encore une fois des femmes travaillant en ville, mais habitant en périphérie, descendant avec le vélo dans le coffre de leur véhicule qu’elle garaient assez loin de leur lieu de travail, là où le parking est gratuit. Un questionnaire a été réalisé. Pour les 100 premières personnes interrogées, l’indice de satisfaction s’établit à 97 % pour le service de prêts, 91 % concernant le principe des VAE et à 70 % pour le matériel proposé. Pour les vélos électriques, la clientèle était masculine à 70 %, sauf dans la catégorie cadres où l’on a constaté la parité. La demande relevait principalement de la tranche d’âge 40-50 ans. « Selon le type de public, ses besoins et l’usage plus ou moins intensif, on nous a signalé quelques problèmes techniques. Mais nous n’avons enregistré qu’une seule plainte, et elle était relative à l’altimétrie de la ville », rapporte Juliette Prévot, pilote de l’opération pour l’agglo. Début octobre, le conseil communautaire – qui avait déjà délibéré en juillet 2007 sur le principe d’une offre de 2 000 vélos standards à terme – devrait passer une première commande de 340 unités (200 vélos classiques, 90 VAE et 50 pliants). « L’offre en matériel évolue très vite. Et d’un autre côté, les expérimentations amènent des acheteurs aux fabricants. Nous estimons qu’une fourchette de prix comprise entre 10 à 15 euros par mois sera suffisamment incitative pour des locations qui varieront de la journée à l’année. Pour les VAE, ce sera un peu plus cher », estime Patrick Le Page. Dans le même temps, un appel d’offres va être lancé pour choisir l’opérateur. « Le cahier des charges comprendra une composante insertion sociale importante et un accueil humanisé sera privilégié au libre service », souligne Juliette Prévot. Pour l’année 2009, la CAR a prévu d’installer une dizaine de « vélostations », sécurisées par badges, de 20 places extensibles à 60. Et de doubler la mise en 2010, avec une offre de services associée (maintenance, école de conduite, cours de mécanique ou de sécurité…). La gare SNCF devrait bénéficier d’un traitement spécifique dont les études sont en cours. La première « vélostation » devrait être prête début 2009 pour la réception des vélos. Elle se situera à l’Espace Métrobus, où se croisent les principales lignes de transports en commun de l’agglomération, l’un des deux sites de l’expérimentation. « Depuis la mi-juin, on m’appelle déjà pour des réservations de locations en janvier », s’enthousiasme Rached Bchini. Autre enseignement du questionnaire, les principaux freins apparus quant au recours au vélo étaient de deux ordres : le relief d’une ville cernée de nombreuses collines et les aléas climatiques. Les associations y ajoutent volontiers le manque d’infrastructures spécifiques et leur dangerosité. Sur ce point et avant d’être élu président de la CAR, Laurent Fabius, alors vice-président en charge de l’Environnement, avait promis 70 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires avant 2013. Aucune piste nouvelle n’a été mise en service en 2008. Mais plusieurs chargés de mission à la CAR planchent sur le dossier.
Hélène GIRAUD
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