Elisabeth Borne a été entendue le jeudi 20 juillet par la commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat (voir l’article sur les Assises de la mobilité). Extraits de ses interventions, en réponse aux questions des sénateurs.
Je suis déconcertée quand je vois la fréquentation des TER. « Je dois vous dire que je suis déconcertée quand je vois la fréquentation des TER, quand je vois qu’à l’échelle de la grande région Nouvelle-Aquitaine il y a 50 000 voyageurs par jour dans les TER. Je discutais avec le président Alain Rousset, qui me disait qu’il faudrait 600 millions d’euros pour remettre en état le réseau ferré, notamment sur les lignes fréquentées par les TER, qui se sont dégradées faute d’entretien. 600 millions d’euros, 50 000 voyageurs, il y a là un sérieux sujet. »
Pas de fret sans sillons de qualité. « Cela fait tellement longtemps que j’entends parler de relancer le fret ferroviaire que je me dis : si c’était simple, quelqu’un l’aurait, déjà fait ! Il est fondamental en tout cas qu’on donne des sillons de qualité, sinon on n’y arrivera pas. Quand on est un chargeur, aujourd’hui, il faut que la marchandise arrive à l’endroit voulu le moment voulu. »
En finir avec le tout ou rien. « Je ne trouve pas normal qu’on place les gens devant des alternatives : soit vous gardez votre ligne ferroviaire dans l’état dans lequel elle est, et elle ne marche pas bien dans bien des cas, soit il vous faut une ligne à grande vitesse. »
Remettre les ingénieurs dans le monde moderne. « On me dit : la gare est saturée. Je voudrais bien savoir pourquoi les gares sont saturées plus rapidement en France que dans les autres pays. Il faut qu’on s’interroge sur la façon dont on exploite et dont on retourne les trains […] Je viens d’une entreprise dans laquelle on exploite un RER transportant toutes les deux minutes 2 500 voyageurs, sur le tronçon central de la ligne A. Je suis désolée, tant qu’on ne transporte pas 2 500 voyageurs à deux minutes du train précédent, je ne vois pas pourquoi on me dirait que la ligne est saturée. Je pense qu’il va falloir qu’on remette sérieusement nos ingénieurs dans le monde moderne, où il faut commencer par travailler sur les procédures d’exploitation, d’abord améliorer l’existant avant d’aller réclamer des milliards pour créer une nouvelle ligne. »
Rapport SNCF sur la robustesse : je vais m’assurer… « Je me réjouis de cette demande de vérité et de transparence. C’est intéressant d’avoir sur la table des propositions dont les deux présidents [Guillaume Pepy et Patrick Jeantet, NDLR] nous disent qu’ils vont les prendre en bloc. Je les vois demain [Elisabeth Borne les a reçus le vendredi 21 juillet, NDLR], pour m’assurer qu’on va bien les prendre en bloc et délivrer des résultats. Ce qui est formidable, si on s’attaque à ces sujets peut-être un peu technique, peut-être un peu moins glorieux que de promettre des grandes infrastructures, c’est qu’on peut même espérer avoir des améliorations rapides. C’est à cela que je vais m’attacher. »