Le Etats-Unis, premier marché du monde pour Keolis
21 Mar 2014
Mis à jour le 23 mai 2017
Avec Boston, Keolis va doubler son chiffre d’affaires dans un pays où l’opérateur français évalue le marché à quelque 100 milliards de dollars par an, tous modes confondus. Pays de la voiture et des transports routiers, les Etats Unis se convertissent peu à peu aux transports en commun. Certes, la très grande majorité des déplacements sont effectués par la route, une tradition héritée des années 50, et de la construction d’un réseau de highways qui quadrille le pays, jusqu’au cœur des villes. Ainsi, 76,4 % des déplacements dans les aires urbaines se font en voiture contre 5 % en transports publics, selon une étude de l’Apta, l’association des autorités de transports américaine, l’équivalent du Gart.
Mais cette moyenne nationale cache de grandes disparités. Si à Phoenix, la part des déplacements en transports en commun est effectivement de 5 %, elle monte à 20 % dans l’agglomération de Washington et jusqu’à 30 % à New York. Ces grandes villes, de respectivement plus de 9,3 millions et de 23,3 millions d'habitants, n’échappent évidemment pas aux problèmes de circulation.
Les autorités ont pris conscience du problème depuis une dizaine d’années. Elles ont dépensé 25 milliards de dollars dans les transports publics en 2011, contre 16,6 en 2002. Et ce malgré la crise.
La population progresse aussi, portée par l’immigration. Il y a 40 millions de non-Américains sur le territoire national, notamment dans les Etats du sud. C’est justement dans cette partie des Etats-Unis, que se trouvent les villes potentiellement intéressées par les transports publics. A l’image de Phoenix, dans l’Arizona, dont la population est passée, en 20 ans, de 2,5 millions d’habitants à 4,5 millions. Au total, 82 % des 313,9 millions d’Américains habitent en zone urbaine. Aux Etats-Unis, on compte 22 villes de plus de deux millions d’âmes, 52 de plus d’un million, et 273 de plus de 100 000 habitants. On comprend vite le potentiel.
De là à parler d’Eldorado dans le Nouveau Monde, il n’y a qu’un pas que ne franchit pas pour autant Eric Asselin, directeur de la région Amérique du Nord du groupe Keolis. Mais il assure que « c’est le premier marché du monde ». Un marché que l’opérateur français estime à quelque 100 milliards de dollars par an, tous modes confondus. Et qui se répartit en cinq segments.
Le plus important correspond aux bus scolaires, avec 27 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros) de chiffre d'affaires. Très morcelé et local, Keolis n’y est pas présent.
Vient ensuite l'activité de Transit (23 milliards de dollars), qui couvre aussi bien le simple bus que le trolley-bus, en passant par le marché très porteur du tramway. Le tramway circule déjà dans 18 villes, dont Denver, Los Angeles, Baltimore, Dallas, Houston, Minneapolis, Atlanta, Washington, Seattle, ou Norfolk. Il intéresse Cincinnati et Tucson et potentiellement 70 villes comme Oklahoma City, Fort Lauderdale, Detroit, ou Kansas City. Il devrait aussi se développer davantage encore à Salt Lake City.
S’y ajoute le marché des shuttles (entre 20 et 25 milliards), ces navettes souvent opérées avec des minibus qui servent principalement de liaisons entre les centres-villes et les aéroports – et le milliard de passagers qui les fréquentent –, mais qu’on trouve aussi dans les parcs nationaux, ou les campus universitaires américains. Restent les segments des parkings (20 milliards) et des trains de banlieue (4 milliards).
Avec ce contrat gagné à Boston, « Keolis va passer de 300 à 600 millions de chiffre d’affaires aux Etats-Unis », précise Jean-Pierre Farandou, président du groupe Keolis. En effet, aucun autre contrat de Keolis aux Etats-Unis ne dépasse le volume d’affaires du Massachusetts.
Keolis est également présent à Los Angeles et Fresno. Il a en plus remporté cet été le marché des bus de Las Vegas (voir VR&T n° 559), représentant une activité d’environ 44 millions de dollars par an. En Floride, la filiale de la SNCF est présente à travers des sociétés de taxi et des navettes (33,3 millions de dollars). Enfin, en Virginie, Keolis a remporté fin 2009 le contrat du réseau Virginia Railway Express (VRE), opéré depuis juillet 2010 (24,5 millions de dollars).
« La France reste le pays majeur pour nous », confiait il y a quelques semaines Jean-Pierre Farandou, – c’est 53 % du CA de Keolis – « mais l’érosion des marges est une tendance qui se confirme depuis 2 ou 3 ans maintenant ». Elles ont baissé de 1 % sur trois ans. D'où l'importance des marchés étrangers. Keolis s'est fixé un objectif ambitieux : réaliser un chiffre d'affaires global de 7 milliards d’euros en 2017 contre 5 milliards en 2012. Soit 40 % d’augmentation.
Y. G.