Devenir des champions de l’e-industrie
Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau était l’invité du Club Ville Rail & Transports pour parler de son livre Les nouveaux industriels. Nourri par son expérience dans le BTP et les services, en France et à l’International, que ce soit la gestion et la distribution de l’eau, l’aéroportuaire ou le transport urbain, il expose sa vision sur la façon dont l’industrie doit se développer. Un point de vue qu’il applique à SNCF Réseau.
« J’ai écrit ce livre après avoir constaté qu’aujourd’hui on parle davantage de virtuel et de plateformes que d’industrie. Les Gafa captent l’attention et la capitalisation boursière. En réalité ces plateformes ne sont possibles que parce que des industries et des infrastructures réelles extrêmement puissantes existent », soutient Patrick Jeantet. Contrairement aux idées reçues, estime-t-il, nous ne sommes pas dans une ère de désindustrialisation, mais dans une ère hyper industrielle : « Cela ne se voit pas sur les indicateurs, car le PIB industriel a baissé, mais cela est dû aux gains de productivité réalisés qui ont permis de faire baisser les prix. » Selon sa thèse, développée dans son livre, les entreprises qui gagneront demain seront à la fois capables d’avoir des actifs industriels et de faire la convergence avec l’actif digital. L’e-industrie reposera sur l’alliance du virtuel et du réel. « Les Gafa ne s’y trompent pas. Google travaille à la conception de la Google Car, Elon Musk a lancé Space X et Tesla et une usine de batteries entièrement automatisée, qui permettra de les produire aux Etats Unis pour 10 % moins cher que le marché mondial. La convergence du virtuel et du réel est essentielle pour les entreprises de demain. Celles qui ne feront que du virtuel perdront pied », prédit-il.
Trois défis à surmonter
Pour réussir leur mue, les industries sont face à trois défis. Il faut, d’abord, continuer à développer ses produits phares tout en développant ceux de demain. « En ce qui concerne le ferroviaire, cela implique de s’intéresser au projet Hyperloop ou à la lévitation magnétique. La technologie a tellement évolué qu’elle pourrait être celle de demain. Les entreprises doivent être ambidextres, pour continuer à développer leurs produits historiques, tout en s’organisant pour investir sur des systèmes en rupture qui pourront remplacer ces produits historiques. Si la lévitation magnétique coûte moitié moins cher que le TGV, ce dernier pourrait disparaître à son profit. » C’est pourquoi il plaide pour que soient montées dans les entreprises, parallèles aux anciennes structures, des entités séparées capables de produire des innovations de rupture.
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Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal