Les batailles de Jacques Gounon
Président de Getlink (ex-groupe Eurotunnel), après en avoir été PDG entre 2005 et 2020, Jacques Gounon est aussi président du comité pour la Transalpine depuis 2016
et président de Fer de France depuis 2020. La rencontre organisée par le Club VRT, le 10 décembre, a été l’occasion pour ce partisan convaincu du ferroviaire d’expliquer sa vision et ses préconisations.
Connu pour avoir remis à flot les finances d’Eurotunnel trois ans (en 2008) après avoir rejoint Eurotunnel, Jacques Gounon affiche d’autres résultats flatteurs. Il a notamment lancé une nouvelle politique commerciale, mis sur pied une compagnie de fret, Europorte, ou encore décidé de réaliser une interconnexion électrique ElecLink entre la France et la Grande-Bretagne.
Après avoir été pendant 15 ans PDG d’Eurotunnel, Jacques Gounon en est devenu en juillet 2020 président car, explique-t-il, il craignait de faire le mandat opérationnel de trop. « C’est un poste passionnant, mais très usant. Le danger, quand on a été en place trop longtemps, c’est de ne pas remettre en cause ce qu’on avait décidé il y a 10 ans. Face à de nouveaux enjeux, il était important d’avoir des yeux neufs. Mais le conseil d’administration a jugé que je pouvais encore rendre service en m’occupant notamment des relations avec les pouvoirs publics car j’ai un réseau non négligeable dans les milieux politiques des deux pays. »
Il a aussi accepté en 2020 de devenir président de Fer de France, un organisme interprofessionnel, créé en 2011 pour fédérer l’ensemble des acteurs de la filière ferroviaire. Il le décrit comme un lieu de promotion et d’échanges, qui réussit un lobbying efficace sans forcément prendre la lumière.
Lors de la dernière élection présidentielle, Fer de France avait tenté de convaincre les candidats de l’intérêt du ferroviaire. « Il y a encore trop de résistances, trop de responsables politiques qui pensent que le ferroviaire c’est long, lourd, cher et issu du XIXe siècle. Nous sommes un pays qui a été numéro 1 avec le TGV, qui a des compétences exceptionnelles en ingénierie, qui a été à l’origine du tunnel sous la Manche, le plus long tunnel sous-marin du monde, construit il y a 35 ans, dont on ne changerait rien si on devait le reconstruire. Nous avons un savoir-faire unique », rappelle-t-il.
Tout le monde a un avis sur le ferroviaire et beaucoup freinent son développement. « Les budgétaires trouvent que le ferroviaire est trop onéreux, d’autres bloquent des projets comme c’est le cas en ce moment dans le triangle de Gonesse pour une station du Grand Paris Express. Et l’aéroport de Roissy attend depuis 30 ans une liaison avec le centre de Paris. Est-ce qu’on préfère des embouteillages sur l’A1 ? », s’interroge-t-il. « Peu de gens soutiennent le ferroviaire, les Français n’en sont pas assez fiers », regrette-t-il.
Pour faire évoluer les mentalités et accélérer le développement, Fer de France cherche les talents de demain. « Nous avons mis en place des sessions pour former et faire se rencontrer des cadres à haut potentiel venus de différentes entreprises du secteur dans le but de créer des promotions qui se connaissent et continuent à promouvoir ensemble le ferroviaire en France. »
Un lobbying très actif
Le lobbying prend du temps mais il finit par payer. « Nous avons été entendus par le gouvernement actuel qui a mis de l’argent d
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Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal