Paris : Christophe Najdovski déroule sa vision pour les transports
Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris, chargé des Transports, des Déplacements, de la Voirie et de l’Espace public était l’invité du Club VR&T. L’occasion d’évoquer avec lui les sujets chauds du moment : Vélib’ et Autolib’.
C’est avec le dossier Autolib’ que Christophe Najdovski a commencé son intervention. Interrogé sur cette affaire, l’adjoint au maire a rappelé que cette délégation de service public, qui était un engagement de Bertrand Delanoë, avait été signée en 2011, pour 12 ans. Que le système avait été conçu à une époque où il n‘y avait pas de smartphone et que la digitalisation avait depuis bouleversé le monde de la mobilité. Autolib’ prévoyait d’arriver à un excédent à la fin de l’échéancier, en 2023. Mais le contrat comprenait aussi une clause « grand équilibre » qui stipulait qu’en cas de déficit de plus de 60 millions, les collectivités seraient mises à contribution.
Le service connaît un développement tous azimuts entre 2014 et 2015, s’étend jusqu’aux Yvelines, au Val-d’Oise avec un maillage de stations qui en s’étalant se relâche. Or pour être rentable, Autolib’, avait besoin d’importantes fréquences de locations et d’une durée de location de 50 minutes. Dans les faits, la durée de location n’était que de 30 minutes et les fréquences d’usage étaient moindres que prévues, notamment en banlieue. Le CA n’était donc pas au rendez-vous. Un audit d’Ernst et Young réalisé en 2017, met en évidence un problème de régulation, avec des stations pleines, où on ne pouvait pas remettre de véhicules, et d’autres vides où on ne pouvait pas en prendre, ce qui poussait à choisir d’autres modes de déplacement, à un moment où le service faisait face à l’arrivée de nouveaux services comme le VTC. Autolib’ n’a donc jamais trouvé son modèle économique.
A partir de 2016 le service atteint son plafond d’usage, même si le nombre d’abonnés continuait à augmenter, (à part un recul de 5 % en 2017), les abonnés prenaient moins fréquemment des voitures. De ce fait, le déficit du délégataire se creuse et il annonce 179 millions d’euros de pertes. Le syndicat réagit en commandant un audit pour proposer des améliorations. Un comité de conciliation est mis en place et rend ses conclusions en mars 2018. Il proposait de payer 88 millions d’euros à Bolloré et de faire sauter la clause grand équilibre. Le groupe Bolloré refuse et adresse le 25 mai dernier, un courrier aux communes du syndicat, les intimant à payer 233 millions d’euros dans les trois mois. Le syndicat refuse, ce qui déclenche la résiliation au 25 juin, en conservant le service jusqu’au 31 juillet.
Selon l’élu, le délégataire semblait plus préoccupé par son intérêt industriel que par l’intérêt collectif. Pour Bolloré, Autolib’ était un moyen d’éprouver ses batteries, mais la qualité de service n’était pas au rendez-vous, les voitures étaient sales et il n’y a pas eu de campagne pour relancer le service. « Lors des discussions avec Bolloré, nous n’avons pas eu le sentiment d’une volonté de relancer le service, mais plutôt d’encaisser l’argent. C’est pourquoi nous avons été contraints de provoquer la résiliation, regrette l’adjoint au maire. Il fallait dire stop. On nous réclamait 233 millions d’euros, mais quid ensuite ? Puisque le service continuait à se dégrader… »
Pour l’adjoint d’Anne Hidalgo il est temps de tirer les leçons. « Autolib’ a été frappé d’obsolescence accélérée et nous devons trouver une solution beaucoup plus souple pour le remplacer. C’est le sens de l’accord lancé avec des opérateurs. Nous avons voté la création d’une carte d’autopartage qui permet à des opérateurs de venir proposer des services sur Paris moyennant une redevance de 300 euros/an/véhicule, en électrique. »
Combien coûtera l’arrêt d’Autolib’ ?
Ce sera au juge administratif d’en décider, répond l’élu, mais notre estimation est sous les 100 millions, loin des 233 que Bolloré nous réclame. La ville de Paris prendra 55 % à sa charge, les 98 autres communes prendront le reste.
Que vont devenir les bornes ?
Les bornes sont des biens de retour et appartiennent aux communes. Le système informatique reste la propriété de Bolloré. On doit assurer la transition, les réutiliser et assurer une interopérabilité avec les autres bornes de BeLib’ : 90 bornes pourront être fusionnées avec les 3 344 bornes Autolib’ dans Paris pour offrir un réseau de recharge électrique. Le stationnement devrait être réservé aux véhicules électriques et limité à six heures. On est déjà dans l’après Autolib’. Renault a été le premier à répondre à notre offre de système souple de carte d’autopartage, PSA est sur les rangs. On est au début d‘un nouveau système dans lequel plusieurs opérateurs pourront proposer leurs services. L’espace public devient une
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