Véhicules autonomes : éviter le pire et préparer le meilleur
Pour comprendre ce que les véhicules autonomes pourront apporter, le Club VRT a reçu Yann Leriche. directeur Transdev North America, il dirige aussi l’activité Véhicules autonomes du groupe ; et il est également l’auteur, avec Jean-Pierre Orfeuil d’un livre remarqué sur le bon usage de ces futurs véhicules. Rémi Bastien, président de l’institut Vedecom, Pierre Musseau, conseiller Urbanisme, Ville intelligente et durable à la Mairie de Paris, Catherine Goniot, DGA Espaces publics et Mobilité durable de la Métropole Rouen Normandie et David Mangin, Seura architectes, mandataire du groupement New Deal pour les voies rapides du Grand Paris, sont venus débattre avec Yann Leriche.
« Chez Transdev, on a vu arriver les véhicules autonomes, conscients qu’ils allaient changer nos métiers et qu’ils représentaient des risques et des opportunités », explique Yann Leriche. « Le métier d’opérateur consiste à assurer qualité de service et sécurité, ce que nous faisons avec nos conducteurs. Si on les remplace par des machines, que les véhicules fonctionnent avec un algorithme et qu’on ne sait pas comment le “conducteur machine“ fonctionne, il sera impossible d’assurer la qualité de service. Et, pour un groupe comme le nôtre, il y a un risque de se faire sortir de la chaîne de valeur. » C’est pourquoi Transdev s’intéresse à cette technologie. « On expérimente. On investit pour être en situation de maîtriser la qualité et la sécurité, pour comprendre la technologie et développer notre propre brique. » Mais le véhicule autonome (VA) pose aussi des questions sur l’aménagement du territoire, le financement, le modèle économique. Il interagit avec beaucoup de domaines et il y a beaucoup d’incertitudes sur ce qu’il apportera.
Ayant fait le constat qu’il n’existait pas de grille permettant d’être complet dans l’analyse des VA, Yann Leriche et Pierre Orfeuil ont rédigé Piloter le véhicule autonome au service des villes*, ouvrage proposant précisément une méthode d’analyse. « Le premier point, c’est que le VA est un objet technologique. Ce qu’il permet, ce qu’il coûte, dépendra des règles mises en place, et le deuxième point est donc la réglementation. Le troisième, ce sont les usages : en fonction de ce que permettra la technologie, de ce qu’on aura autorisé, on aura envie de l’utiliser, ou pas. Le quatrième, c’est le système de mobilité dans lequel il va trouver sa place : il faut se demander quel est son domaine de pertinence, comment il sera financé et interagira. Et le cinquième, ce sont les territoires qui auront un impact sur la façon dont les VA seront utilisés. Ces cinq points donnent l’acronyme TRUST. Ce qui tombe bien, car le succès du VA dépendra de la confiance qu’on lui accordera. Cette grille d’analyse est un manifeste pour pousser à agir. Le VA n’est qu’un outil, il faut se demander quelle ville on veut, quel sera son usage, pour développer la technologie », poursuit Yann Leriche qui évoque ensuite les ruptures qu’il peut apporter. « Le transport collectif souffre de la maladie des coûts, ou loi de Baumol, du nom de l’économiste américain qui opposait les industries qui font des gains de productivité aux services qui n’en font pas. En transport public, lorsqu’on opère un transport d’un point A à B, on a toujours besoin d’un bus, et d’un chauffeur. Il n’y a pas de gain de productivité, on a toujours les mêmes moyens, mais les coûts augmentent. Pour compenser ces hausses, et permettre au transport public de rester attractif, les subventions versées pour le financer sont passées de 5 % du coût dans les années 70, à deux tiers du prix du billet aujourd’hui. L’arrivée du VA permettra une rupture, car même si la technologie est coûteuse au départ, elle demande moins de personnel et aura des coûts constants. La deu
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Publié le 10/12/2024
Publié le 10/12/2024