Ile-de-France : les défis de Guillaume Pepy
Moderniser un réseau vieillissant et saturé tout en assurant des transports de qualité aux trois millions de Franciliens qui l’utilisent quotidiennement, tel est le défi lancé à la SNCF. Comment l’entreprise compte-t-elle relever ce challenge ? C’est la question que le Club Ville Rail & Transports a posé à son président, Guillaume Pepy. Les transports jouent un rôle important dans l’attractivité des régions. En Ile-de-France, trois millions de voyageurs utilisent les Transiliens chaque jour, dans des conditions parfois difficiles. Et si les Parisiens ont tous la chance d’avoir un mode de transport en commun à moins d’un kilomètre de chez eux, au-delà du périphérique ce n’est plus le cas que pour un habitant sur deux. La SNCF est-elle prête à relever le défi consistant à proposer des transports de qualité pour l’ensemble des Franciliens ? C’est la question que François Dumont, directeur de la rédaction de Ville Rail & Transports a posé au président du directoire de la SNCF, invité comme grand témoin du Club Ville Rail & Transports. Avant de répondre, Guillaume Pepy a dressé un état des lieux sans concession de la situation. « En France, 70 % du trafic ferroviaire se fait sur 10 % du territoire situés en Ile-de-France, alors que c’est sur cette partie que le réseau est le plus obsolète. » L’alimentation électrique de la ligne C, par exemple, a pour moitié plus de 100 ans. « Nous devons faire face aux besoins des usagers et à la nécessité de renouvellement du matériel sur un réseau en décalage entre son état et les attentes. » La SNCF conduit d’énormes travaux de régénération. Prévoyant d’y consacrer 800 millions en 2017. « Mais ces travaux entraîneront des perturbations, car il faut supprimer des trains, ralentir… Il y a une quadrature du cercle dont il faut sortir par l’industrialisation des méthodes, plaide M. Pepy. Notre défi est de moderniser le réseau de façon différente, en pénalisant le moins possible les usagers. » Mais il prévient : « La bagarre de la qualité se gagnera dans la durée. D’ici 2023, tout le matériel sera neuf ou rénové et cela changera la vie des gens. » Cela coûtera dix milliards, mais permettra un saut de confort, à infrastructures identiques. Ce changement nécessitera la remise à plat des grilles horaires. Et pour cela, le président de la SNCF prévient : « pour le RER C, par exemple, nous souhaitons que nos interlocuteurs nous aident à inventer un nouveau schéma de transport. Il faut un système ferroviaire qui se réinvente. On ne fera pas mieux avec la méthode d’aujourd’hui », assure Guillaume Pepy qui se veut confiant : « Quand on regarde ce qu’on est capable de réinventer, on peut être relativement optimiste. »
Jean-Paul Vermes, président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Ile-de-France, région qui regroupe 650 000 entreprises, insiste sur l’importance de transports efficaces. « Si la région capitale veut devenir un pôle majeur en Europe et dans le monde, il faut qu’elle bénéficie de transports de bonne qualité, permettant aux collaborateurs d’aller travailler dans de bonnes conditions en un minimum de temps. C’est pourquoi nous nous félicitons des efforts réalisés pour améliorer la situation et de la création du Grand Paris Express, d’Eole ou du tram express Nord. » Mais le président de la CCI rappelle aussi son attachement à la création de CDG Express, « nécessaire à l’attractivité touristique de la région », tout en soulignant que les entreprises sont de grands contributeurs aux financements des transports en commun, via le versement transport. « Il y a urgence à améliorer les transports franciliens, c’est essentiel pour les entreprises et si la région veut accueillir les JO et l’Exposition universelle, ces infrastructures doivent être prêtes à temps », prévient-il.
Si le président de la SNCF comprend l’impatience des usagers, il rappelle que dans la plupart des métropoles « la création de nouvelles infrastructures demande au moins 15 ans : cinq de débats, cinq d’études et cinq de travaux. Le projet Eole, prévu pour 2024, aura mis presque 17 ans à aboutir, alors qu’il bénéficiait d’un gyrophare considérable ». Améliorer le service s’avère pourtant plus urgent depuis le passage à la carte Navigo à prix unique qui a entraîné une augmentation de 7 % du trafic. Hausse qui aurait probablement été supérieure s’il n’y avait pas eu les grèves et qui serait une bonne chose… si la situation n’était pas déjà difficile. Un théorème interne à la SNCF affirme en effet qu’un pour cent de trafic supplémentaire entraîne une perte de 0,2 % de la régularité des trains. « Cela ajoute aux difficultés, reconnaît M. Pepy. Il faut mettre de plus en plus de voyageurs dans les trains, alors que cela coince déjà. » Pour répondre à l’augmentation de fréquentation, il milite pour qu’on consacre plus d’énergie à ce qui existe, en l’améliorant. « On en a sous le pied. On n’a pas assez réfléchi et investi. Il faut se retrousser les manches. La SNCF va travailler sur les systèmes d’exploitation en mettant de l’intelligence sur la commande du réseau et la régulation, ce qui permettra de faire passer un train toutes les 108 secondes là où on en fait passer actuellement un toutes les 120-180 secondes. »
« Il est nécessaire d’avoir des bons réseaux de transport publics pour assurer le développement économique, poursuit Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut). Cela permet d’assurer le bon fonctionnement de l’emploi, de réduire le chômage et d’être présent dans la compétition mondiale des métropoles. » Et il y encore une marge de progression en Ile-de-France, dans la mesure où on est encore loin des 100 % d’usagers ayant un transport en commun à moins d’un kilomètre de chez eux. Marc Pélissier de la Fnaut Ile-de-France enchaîne : « La situation des transports dans notre région est difficile. » Heureusement, il existe des points d’amélioration à court terme. Marc Pélissier se réjouit ainsi de la mise en place d’un programme de renouvellement du matériel, mais s’inquiète : « 
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Publié le 10/12/2024