Naissance d?un grand syndicat de cheminots en Allemagne
Face à la crise et aux rumeurs persistantes de plan social à la Deutsche Bahn, les deux principales organisations de salariés vont fusionner L’union fait la force : alors que la Deutsche Bahn est malmenée par la crise, les deux syndicats de cheminots, Transnet et DGBA, annoncent qu’ils vont fusionner. D’ici 12 à 18 mois, c’est une organisation forte de 260 000 membres qui verra le jour. « L’époque où les syndicats se rendaient la vie difficile et faisaient la chasse aux adhérents est terminée », explique Klaus-Dieter Hommel le chef de DGBA. Ce rapprochement illustre aussi l’inquiétude des cheminots, qui s’attendent à une année 2010 de tous les dangers. Selon les derniers chiffres publiés par la presse, le bénéfice de la compagnie allemande a fondu d’un tiers en moins d’un an. La récession lui aurait déjà coûté un milliard d’euros. Principales responsables de cet effondrement : les activités de fret. En 2009, les volumes ont chuté d’un quart. Autrefois vache à lait du groupe, le transport de marchandises plombe aujourd’hui ses comptes. Afin de redresser la barre, la DB pourrait annoncer des suppressions d’emplois : 14 000 salariés seraient menacés, dont 4 000 dans le fret. « Le prochain exercice sera crucial », commente Rüdiger Grube, le patron des chemins de fer allemands, qui se défend de vouloir tailler dans les effectifs. Pourtant, en coulisse, un plan d’ajustement serait déjà dans les cartons. « La question des suppressions de postes n’est plus taboue », glisse une proche collaboratrice de la direction. Jusqu’à fin 2010, un accord d’entreprise interdit tout licenciement. Le texte doit être renégocié dans les prochains mois. En s’unissant, les syndicats espèrent peser plus lourd à la table des négociations. La crise ne doit pas servir de « prétexte » à des dégraissages, prévient Transnet. Mais l’union des salariés pourrait se heurter aux résistances de la fédération des fonctionnaires, furieuse de voir DGBA quitter son giron. En représailles, elle menace de fonder un nouveau syndicat pour les cheminots qui ne souhaitent pas rejoindre la grande alliance. Ces bisbilles risquent de morceler encore davantage le paysage syndical : ces dernières années, la petite organisation GDL a gagné en audience en défendant des intérêts ciblés pour les seuls conducteurs de trains. « Toutes ces polémiques n’ont rien à voir avec la volonté de mieux défendre les adhérents », déplore Transnet.
Antoine HEULARD
Publié le 10/12/2024