Talgo ne serait pas affecté par la faillite de Lehman Brothers
Avec la moitié de son capital entre les mains de Lehman Brothers, Talgo est en première ligne. Après la faillite de cette banque américaine, une solution hispano-espagnole s’est amorcée Grâce à une opération de rachat par ses propres dirigeants, l’une des filiales ibériques de Lehman Brothers devrait se maintenir comme l’un des actionnaires minoritaires de Patentes Talgo SA. Ainsi, le fabricant des fameux trains pendulaires et rames à grande vitesse ne serait pas affecté par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers SA, rendue publique le 15 septembre dernier. Fleuron de l’industrie ferroviaire espagnole, Talgo est une entreprise familiale, encore aujourd’hui aux mains des Oriol et de leurs alliés. Avec son expansion sur les marchés étrangers et le développement de la grande vitesse en Espagne, la société a eu besoin de partenaires. A la fin des années 90, Talgo a clos plusieurs exercices à peine à l’équilibre ou sur de lourdes pertes. La situation s’était déjà améliorée après des restructurations, la vente d’actifs aux USA et le partenariat conclu avec Bombardier. Mais il fallait de l’argent frais : en décembre 2005, arrive dans son capital la banque d’affaires américaine Lehman Brothers. Sa filiale hispanique LB Private Equity y entre avec une associée, MCH. Elles prennent 49 % du capital, la famille Oriol restant donc majoritaire. A noter que MCH est un fonds de capital-risque où l’on retrouve la banque française Natixis (Caisse des dépôts et Caisses d’épargne), elle-même pas au mieux de sa forme ces jours-ci… Avec seulement 40 employés, Lehman Brothers Espagne était une affaire à grosse rentabilité. Présidée par Luis de Guindos, elle menait des activités de conseil, par exemple pour la fusion en cours entre les compagnies aériennes Vueling et Clickair ; elle bouclait aussi des rapprochements entre entreprises ou mettait la main à la poche afin de garantir un avenir à la société immobilière galicienne Martinsa Fadesa. Selon une évaluation de la CNMV (le gendarme de la Bourse de Madrid), la chute de Lehman Brothers affecte directement, outre-Pyrénées, 129 fonds d’investissement et 330 Sicav pour un montant minimal de 300 millions d’euros. Une estimation haute porte l’impact de l’événement en Espagne à un volume d’un milliard d’euros en actions, dettes contractées et autres opérations financières. Cette dégringolade d’un banquier réputé pas vraiment souple mais amateur de risque allait-elle mettre en péril Talgo ? La filiale LB Private Equity est juridiquement indépendante de la maison-mère. Elle est solide financièrement et présente dans des entreprises saines, bien valorisées par les marchés, tel le constructeur de moteurs aéronautiques ITP, à Bilbao, où elle côtoie Rolls Royce. Devant la défaillance de Lehman Brothers, Talgo observe le silence, mais MCH a fait savoir dès le 17 septembre que sa participation dans le fabricant de trains « n’était pas affectée » par les circonstances. Les milieux financiers madrilènes croient en une solution interne : les dirigeants des fonds de capital-risque investis dans Talgo vont racheter Lehman Brothers Private Equity à travers une opération de « managment buy-out », au nord des Pyrénées, on dira un LBO. De toute façon, dans la Péninsule comme ailleurs, les Goldman Sachs, Merrill Lynch et autres Morgan Stanley se sont mis dès la première heure à l’affût des activités et participations de leur ex-rival…
Michel GARICOÏX
Publié le 06/02/2025 - Philippe-Enrico Attal
Publié le 06/02/2025 - Gaëlle Ginibrière, Nathalie Arensonas
Publié le 05/02/2025 - Sylvie Andreau, Nathalie Arensonas