Les Velaro ne sont pas prêts. Ce sont donc des Euroduplex qui assurent la liaison quotidienne Marseille – Francfort. Le fruit d’une collaboration entre la SNCF et la DB au sein d’Alleo. On attend 150 000 voyageurs par an Francfort est désormais relié à Marseille à grande vitesse. Même si le temps de trajet, qui reste supérieur à 7 heures, n’en fait pas la star des relations ferroviaires, elle représente une belle course d’endurance, d’environ 1 000 km. La relation ferroviaire entre les deux villes est raccourcie d’environ 90 minutes. Au passage, les trains à grande vitesse desservent les villes d’Aix-en-Provence, Avignon, Lyon, Mâcon, Chalon-sur-Saône, Besançon, Belfort-Montbéliard, Mulhouse, Strasbourg, Baden-Baden, Karlsruhe et Mannheim.
La relation, qui a commencé le 23 mars, va en un premier temps être assurée seulement par des Euroduplex d’Alstom, dont la SNCF a commandé 55 exemplaires. Car les rames Velaro 407 de Siemens, fort attendues, ne sont pour leur part pas homologuées. Lors de la mise en service de la LGV Est, on avait eu droit à une double homologation, le même jour, des rames POS en Allemagne et des rames ICE 3 en France. Et les responsables d’Alstom craignaient qu’on reste dans cette logique de réciprocité fort politique… qui, cette fois, se serait manifestée négativement : les rames Velaro n’étant pas homologuées pour la France, on risquait une non-homologation des rames Alstom en Allemagne. Il n’en a rien été et Jérôme Wallut, le patron France d’Alstom, se félicite que l’EBA, l’Eisenbahn Bundesamt, ait « parfaitement joué son rôle, et, se fondant sur de purs critères techniques, ait donné le feu vert aux Euroduplex ». En fait, selon des informations moins diplomatiques dont nous disposons, il semble bien que les Allemands aient traîné les pieds avant d’autoriser les nouvelles rames à deux niveaux d’Alstom à desservir Francfort.
Mais tout est bien qui finit bien pour les industriels français, et la nouvelle relation a pu commencer. Alstom se réjouit de voir ses rames homologuées, non seulement pour la desserte de Francfort, mais pour toute l’Allemagne. Des rames qui sont homologuées pour la Suisse aussi.
Quant à Rüdiger Grube, le patron de la DB, il ne cache pas son agacement devant les retards de son fournisseur historique. On est en tout cas loin du fier « Wir kommen » (« Nous arrivons ») qu’on pouvait lire, lors de la dernière édition d’Innotrans, en 2010, sur un Velaro dont l’afficheur indiquait pour destination : Marseille. Rüdiger Grube est d’autant plus impatient qu’il a grand besoin de ces rames, beaucoup plus que pour la desserte Marseille – Francfort, pour remplacer les ICE sur la LGV Est et, surtout, pour aller d’Allemagne jusqu’à Londres…
Sur l’axe Francfort – Marseille, empruntant la LGV Rhin-Rhône, la SNCF et la DB se sont entendues comme elles le font déjà sur la LGV Est. C’est donc dans le cadre d’Alleo (50 % SNCF, 50% DB) qu’est exploitée la nouvelle relation. L’alliance, nouée jusqu’en 2015, s’est imposée, sans doute parce que ça ne vaut pas la peine de s’écharper sur une relation qui devrait compter quelque 150 000 clients par an, et pour laquelle 12 000 réservations ont été enregistrées au premier jour de l’exploitation. En un premier temps, c’est donc une seule relation par sens qui sera proposée entre Francfort et Marseille : départ Francfort 14h, arrivée Marseille 21h46 : départ Marseille 8h14, arrivée Francfort 15h58. Pour doper la fréquentation, les partenaires consentent des petits prix : 39 euros comme prix d’appel sur les trajets Méditerranée – Allemagne (69 euros en première classe), 29 euros pour des trajets plus courts comme Mulhouse – Karlsruhe ou Strasbourg – Francfort (49 euros en première classe). De plus, les partenaires comptent sur la qualité de l’accueil, s’appuient sur des équipes trilingues à bord (allemand, français, anglais), proposent au client de première classe un repas à la place au-delà d’une heure de trajet, compris dans le prix du billet.
Si Francfort – Marseille vise simplement 150 000 clients annuels, sur l’ensemble des relations utilisant la LGV Rhin-Rhône, l’objectif est d’atteindre 11 millions de voyageurs par an. Pour Barbara Dalibard, directrice de Voyages SNCF, on est actuellement dans les clous, avec 2 millions de voyages effectués et 2,5 millions de voyages vendus. Prometteur, le taux de satisfaction des clients de l’axe est supérieur de 10 points à celui des autres TGV, en ce qui concerne le rapport qualité/prix. Quant à l’alliance Alleo, elle totalise plus de 6 millions de passagers internationaux entre les deux pays depuis le lancement de la relation en juin 2007. Un cumul avantageux, mais qui, ramené au trafic annuel, donne moins de 1,5 million de voyages par an. Pas négligeable, mais évidemment pas colossal.
F. D.
Il y a 5 mois - Junjie Ling