En attendant une hypothétique ligne 18, l'EPA Paris-Saclay a signé fin avril un partenariat avec Transdev pour expérimenter des solutions innovantes de mobilité sur un territoire où la voiture est reine. Alors que le recours à la voiture individuelle est majoritaire, ce territoire périurbain à la limite entre la première et la seconde couronne francilienne recherche en effet des solutions qui répondent aux besoins de déplacements en complément des transports en communs. Actuellement en effet, Paris-Saclay dispose d'un réseau de transports en commun lourds (RER B et C) et d'un réseau de bus (Mobicaps géré par Transdev) qui bien qu’assez dense ne répond pas à l’ensemble des besoins. Or l'Etablissement public d'aménagement (EPA), qui impulse et coordonne le développement du pôle scientifique et technologique du plateau de Saclay ainsi que son rayonnement international, affiche la volonté de concevoir un territoire à énergie positive.
Un partenariat perçu comme « naturel ». « Il s'agit d'un territoire exceptionnellement bouillonnant sur lequel notre groupe justifie d'une présence historique – nous y exploitons aussi le bus à haut niveau de service entre la gare de Massy et le plateau de Saclay, relate Loïc Blandin, directeur du Pôle régional Ile-de-France Sud chez Transdev. Nous ne sommes pas seulement opérateur, mais très actifs en R&D, de ce fait, nous avons un peu la même mission que l'EPA : préparer l'avenir du territoire qui accueillera 20 000 étudiants de chercheurs supplémentaires d'ici 2020. » Le partenariat a vocation à s'inscrire dans la durée et ne devrait pas être influencé par les décisions concernant la ligne 18 du Grand Paris Express, actuellement à l'enquête publique.
Les solutions de mobilité qui seront expérimentées ont pour but de mettre en place des services physiques ou numériques, favorisant la combinaison des modes de transport et leur intégration au sein d’une plate-forme numérique mutualisée. Ainsi la voiture devra trouver sa place avec « des usages réinventés grâce au numérique, par la connexion et le partage ». A ce jour, trois projets ont été identifiés. Le premier porte sur la collecte et le partage des données de mobilité, en lien avec le Stif et les acteurs locaux. Le but étant de faciliter le développement d’outils de type « compagnon de mobilité » dotés de fonctions avancées : info temps réel tous modes – y compris autopartage, vélopartage, covoiturage et stationnement – calculs d’itinéraires intermodaux, intégration de la billettique, etc. « L'outil est souhaité temps réel et prédictif, précise Loïc Blandin. En somme, ça peut être une forme d'Optimod, le produit développé à Lyon. Nous nous donnons une obligation de moyens, pas de résultats, mais espérons tout de même aboutir concrètement fin 2017. »
Le deuxième projet, dénommé Navster, découle du premier. C'est une initiative amorcée par Transdev qui souhaite la poursuivre par une expérimentation à Saclay. Navster vise à aider les entreprises du territoire à répondre correctement aux besoins de déplacements de leurs salariés, tout en contrôlant leurs dépenses de mobilité et en évaluant l'impact de leurs actions. « C'est une plate-forme de type place de marché “B2B2C” qui met en relation des opérateurs de services de mobilité avec des entreprises ayant des besoins de mobilité par l'intermédiaire d'outils numériques », précise le communiqué des deux partenaires. « L'idée est de mutualiser les moyens en véhicules privés, notamment d'entreprises, flottes de voitures ou de vélos, partagés ou non afin de mieux les utiliser et d'optimiser les coûts pour les entreprises », poursuit le directeur régional. Etudiants et résidents pourraient par exemple utiliser ces moyens de transport le week-end. Le travail de recensement doit s'achever à la fin de l'été, il faudra ensuite se mettre d'accord avec les acteurs partants pour l'expérience et la plate-forme pourrait fonctionner début 2017.
Le dernier projet, le Proto'bus, sera un tiers-lieux mobile, en l'occurence un bus articulé réaménagé, dédié à l’innovation et la mobilité. Il s’inscrit dans la continuité du Proto204 tiers-lieu voué à l’innovation de l’EPA Paris-Saclay. Des ateliers en mai et juin permettront d’inventer collectivement le nouvel espace, qui sera financé par Transdev. Pas d'autre projet pour l'instant, il n'est pas jugé opportun de se disperser. La première réalisation concrète devrait donc être un appel à projet pour la plate-forme Navster. « On n'est pas inquiets, il y a de la matière grise sur le territoire », plaisante Loïc Blandin. Qui rappelle que Saclay concentre environ 20 % de la R&D de France…
cecile.nangeroni@laviedurail.com
Il y a 3 années - Emilie Nasse
Il y a 4 années - Emilie Nasse
Il y a 4 années - Emilie Nasse