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L?Internet mobile bute encore sur le cloisonnement des transports

Publié le 28/07/2010 à 01h45

L?accès au Web avec un support nomade offre pour les transports un potentiel immense, mais se heurte à la dispersion de l?information La révolution de l’Internet mobile est en marche. Avec l’arrivée sur le marché des terminaux intelligents, smartphones, Mobile Internet Device (MID) et autres mini-ordinateurs, les Français sont de plus en plus nombreux à surfer en se déplaçant. En 2009, le taux de pénétration de l’Internet mobile en France était de 11 %. Il devrait atteindre 41 % en 2014, selon le cabinet Forrester Research. Et les usages mobiles de la Toile vont bientôt dépasser les usages fixes. Louis Naugès, président de Revevol, cabinet de conseil en stratégie Web 2.0, estimait même lors d’une conférence de France Télévisions qui se tenait fin mai, que « 80 % de la consommation d’Internet pourraient être mobiles à l’horizon 2015 ». Cette révolution fait changer de paradigme le déplacement. Avant, simple parenthèse entre le domicile et le travail, celui-ci devient quelque chose en soi. « La mobilité numérique apparaît dans les transports, indiquait lors du même événement Philippe Payen, directeur de la stratégie de Veolia Transport. Aujourd’hui, le bus que je prends tous les matins est un simple moyen de locomotion. Demain, mon parcours sera accompagné par le numérique. En arrivant à la station, je pourrai savoir via mon téléphone dans combien de temps le prochain bus arrive ou s’il y a un incident, valider mon titre à bord, savoir qu’à destination il y a un boulanger qui fait le gâteau du siècle… »

Téléphone support de paiement
Combiné à la géolocalisation, l’accès immédiat au réseau, et donc à l’information, permet de revoir en direct son itinéraire. Fini, la fastidieuse préparation de feuille de route avant le départ. Mais plus encore l’Internet mobile offre de nombreux nouveaux usages et fonctionnalités : outre la géolocalisation, le mobile sans contact par exemple, permet de transformer son téléphone en outil de paiement et de support de titres de transport. Ce serait l’une des applications la plus amenée à se développer dans un premier temps. Mais la mobilité numérique offre une multitude de services de transport à inventer. Pourquoi pas un téléphone capteur de données (air, bruit, trafic) au service de la mobilité intelligente et durable ? Dans l’éventail des services déjà existant, on peut citer l’aide à la navigation pour les personnes handicapées. L’application GPS Mobile Geo, développée par Code Factory et Sendero Group permet aux personnes aveugles de connaître leur position géographique à tout moment, donne la distance jusqu’au point de destination, annonce les intersections, les noms des rues, les points d’intérêts…

Tisser un réseau de données
Sur les smartphones, les applications poussent comme des champignons. L’Appstore d’Apple comptait plus de 140 000 « applis » fin 2009. Aujourd’hui, chaque entreprise, chaque organisme possèdent son site Internet. Demain, tous auront leurs applications mobiles. Selon une enquête menée par l’Union des annonceurs et OpinionWay en avril 2004, 37 % des annonceurs ont déjà une application mobile et 67 % envisagent d’en avoir une ou une nouvelle dans un avenir proche. Le secteur des transports n’est pas en reste. « Un Parisien possesseur de smartphone peut télécharger les applis Vélib’, RATP, SNCF direct », indiquait Bruno Marzloff. Problème : « Comment communiquent-elles entre elles ? », s’interrogeait le sociologue. C’est à l’usager de passer de l’une à l’autre. Et chaque fois qu’il change de ville, de trouver les applications des différents opérateurs correspondants. « Il faut absolument que les différents réseaux communiquent entre eux », affirmait quant à elle Florence Barale, conseillère municipale de Nice, où le paiement par téléphone NFC a été lancé fin mai. « Dans les mois qui viennent, il y a un travail de dentellière à faire pour tisser un réseau de données », renchérit Jean-Michel Gadrat, président du Forum des services mobiles sans contact, association créée en 2008 à l’initiative du ministère de l’Industrie. Tâche ardue car pendant des années les opérateurs de transport ont joué le cloisonnement. Néanmoins, les murs tombent peu à peu, chacun ayant intérêt à encourager les usagers à passer d’un mode à l’autre.
 
Libérer les données
Pour Bruno Marzloff, « la vraie révolution à venir est la libération des données ». A l’étranger, des expériences d’opendata, l’ouverture des données au public, se sont révélées très constructives. En octobre 2009, la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA), aux Etats-Unis, décide d’ouvrir en accès libre le flux de données en temps réel de cinq de ses lignes de bus. Dans les cinq semaines, des tiers avaient créé des applications permettant de savoir exactement où est le bus que l’on attend, au coin de la rue ou à 2 minutes. Pour encourager les développeurs à construire l’application la plus utile, la MBTA a même lancé un concours. Face au succès de l’opération, l’ensemble des données en temps réel des 185 lignes de bus devraient être ouvertes au public d’ici la fin de l’été. San Francisco, Londres, Vancouver, ont pris la même initiative. En France, Rennes a ouvert les données de son réseau Star, opéré par Keolis, en février dernier. Elle est la première métropole française à le faire. Par le biais d’un site dédié et d’une interface de programmation mise en œuvre par In Cité Solution, les développeurs peuvent utiliser les données du réseau, son infrastructure, la disponibilité des équipements (ascenseurs, escalators, stations de vélos) pour imaginer les applications.
 

Louise ALLAVOINE
 

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