Recrutement : l?ingénierie répond présente à la mondialisation
L’ingénierie recrute notablement, surtout des profils expérimentés, prêts à s’expatrier. Là où s’ouvre un réseau de transport, les ingénieurs sont sur le pont « Le marché de l’ingénierie de transports représente entre 2 et 3 milliards d’euros et emploie environ 20 000?personnes, selon les estimations de Jean Félix, de Syntec Ingénierie.?Il précise : « Les sociétés d’ingénierie comme Egis, Setec, Ingerop, Arcadis, Systra signalent globalement en 2009?la persistance des difficultés qu’elles ont connues l’an dernier pour recruter les spécialistes de leur domaine. » « C’est clair qu’on est dans une activité en forte croissance », assure Marie-Hélène Holdner, responsable recrutement d’Egis Rail. Selon elle, « la crise met en relief, par contraste, notre secteur, qui se portait déjà bien. Et qui attire les vocations du fait de la réalisation de projets qui offrent un sens ». Egis Rail effectue 80 recrutements par an pour un effectif de 420 personnes. Cette filiale ferroviaire du groupe Egis a réalisé en 2008 un CA de 62,9 millions d’euros (+ 27 %), réparti entre la France (49,9 millions) et l’international (13 millions, + 45 %). La filiale d’Egis recherche des juniors qui ont des compétences techniques (génie civil, maintenance de matériels, mais aussi urbanisme, économie, management de projet). La rémunération d’un ingénieur débutant s’établit entre 29 000 et 35 000 euros par an (pour l’ensemble des filiales du groupe). Egis recherche aussi des profils plus expérimentés, pour lesquels une forte expérience technique et la maîtrise de l’anglais s’imposent. Si la plupart des recrutements se font en France, les grands projets en Inde ou en Chine offrent des opportunités d’expatriation. 10 % des collaborateurs d’Egis Rail sont aujourd’hui en poste à l’étranger. La présence à l’international est plus forte dans l’ensemble du groupe, qui a présenté pour la première fois un CA 2008 majoritairement réalisé à l’étranger.?Egis doit recruter en tout, cette année, 1 000 personnes : 600 à l’international, 400 en France. Chez Systra, leader de l’ingénierie de transports (240 millions de CA dont 50 en France et 190 à l’étranger), on confirme : « Partout dans le monde le paysage général est un développement des infrastructures, y compris en Afrique. On rénove les infrastructures collectives, et le transport est tout de suite impacté. Pourtant, ce recrutement en pleine crise ne facilite pas les choses », assure Anne-Geneviève Gariel, DRH de Systra, car, précise-t-elle, « les gens sont moins enclins à prendre des risques sur l’emploi dans un contexte de crise. De plus, des secteurs en crise, comme l’immobilier, concourent au financement des transports. » Quoi qu’il en soit, les besoins sont bien réels. Pour les satisfaire, « ce qui complexifie la question, c’est l’évolution de la SNCF et de la RATP, les deux principaux actionnaires : ce sont les viviers historiques de compétences, mais nous devons assurer le transfert de ces compétences vers Systra, ce que nous n’avons pas réellement fait jusqu’à présent, notamment dans des domaines très pointus comme la voie ou la signalisation. Certes, il y en a dans d’autres pays, et nous allons les chercher, par exemple pour la grande vitesse en Espagne ou en Belgique, pays dont la maîtrise ferroviaire est crédible dans l’esprit de nos clients. Dans les métros ou les trams, nous nous appuyons encore beaucoup sur la RATP. ». Aujourd’hui, Systra emploie une cinquantaine de détachés de la SNCF, 90 de la RATP sur un effectif de 700 personnes à Systra France, de 2 500 pour le groupe. Pour répondre à la mondialisation, Systra recrute avant tout de très bons ingénieurs généralistes (X-Ponts, Supelec, Ensam, Ensi, etc., formation souvent complétée par un MBA), capables de gérer les interfaces, manager les projets, détecter des talents sur place. « La formation des ingénieurs locaux se fait ensuite beaucoup par compagnonnage », selon Anne-Geneviève Gariel. Les résultats de cette politique sont particulièrement tangibles à Dubaï, où Systra a environ 400 collaborateurs. Aux Etats-Unis, ils sont 140. Au Royaume-Uni, le groupe est présent à travers sa filiale MVA, dont la filiale MVA Hongkong lui assure une implantation en Asie. Systra se développe aussi au Maghreb, zone en pleine demande de travaux ferroviaires et où les ingénieurs tunisiens sont particulièrement prisés. Les besoins en recrutement, de 110 personnes en 2008, 150 en 2009, devraient se monter à 100 en 2010 pour les contrats français. Sur les 700 salariés de Systra ayant un contrat français, environ 400 travaillent à l’étranger (en mission ou expatriés). Les ingénieurs débutants reçoivent un salaire pouvant aller de 28 000 à 32 000 euros annuels, auquel s’ajoutent les conditions d’expatriation, qui peuvent augmenter jusqu’à 20 % leur salaire de base.
François?DUMONT
Publié le 10/12/2024
Publié le 10/12/2024