Le succès des trains de nuits se confirme pour la compagnie nationale des chemins de fer autrichiens ÖBB qui vient de présenter le design intérieur des 13 trains commandé à Siemens. Les nouveaux « Nightjets » – un investissement de « plus de 200 millions d’euros » – doivent entrer en service en 2022 et réservent une part importante aux couchettes.
« Au cours des derniers mois, les besoins d’offres en voyage respectueux de l’environnement ont fortement augmenté dans de nombreux pays. Cette tendance a été sérieusement prise en compte par les responsables politiques. Les trains de nuit sont très demandés en Scandinavie, en Allemagne mais aussi au Benelux », explique Bernhard Rieder, le porte-parole de la compagnie autrichienne. « Des liaisons avec la France sont à l’étude. Mais il n’y a pas encore de projet concret », ajoute-t-il.
Un taux d’occupation de 60 %
La ÖBB réalise désormais 18 % de son chiffre d’affaires voyageurs avec des trains de nuit dans toute l’Europe (26 liaisons, voir carte). Le directeur des grandes lignes de la ÖBB, Kurt Bauer, a annoncé un taux d’occupation de 60 %, soit 1,4 million de passagers – pratiquement l’objectif fixé – mais aussi un bénéfice d’exploitation. « On ne va pas s’enrichir avec ces lignes. Mais cette activité est devenue importante pour notre positionnement », a insisté Andreas Matthä, le président du groupe de transport autrichien. Il s’agit selon lui de proposer une alternative confortable et moderne au transport aérien.
Le contexte politique très favorable a décidé les Autrichiens à s’engager dans une stratégie de croissance en Europe. En 2020, ÖBB va ouvrir des nouvelles lignes depuis Vienne, vers Bruxelles (via Francfort) et Amsterdam, et depuis Zurich vers Hambourg et Berlin. Le patron d’ÖBB est en discussion avec la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB), pour étudier des liaisons avec Berlin. « Nous réfléchissons à renforcer nos coopérations », a confirmé Andreas Matthä au quotidien économique allemand Handelsblatt.
Un train de nuit entre Berlin et Bruxelles très demandé
Cette offensive commerciale devrait obtenir un écho très positif de la part du gouvernement allemand qui a annoncé une offensive dans le rail pour remplir leurs engagements climatiques. Ironie du sort : c’est la compagnie ferroviaire allemande qui avait suspendu en 2016 ses liaisons de nuit, chroniquement déficitaires. La DB enregistrait chaque année une perte de 30 millions pour 90 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Plusieurs députés européens allemands, de tous les bords politiques (à part l’extrême droite), ont réclamé à Angela Merkel la création rapide d’une liaison de nuit entre Berlin et Bruxelles. « Ce serait un signe fort », estiment-ils, alors que l’Allemagne doit assurer la présidence du Conseil de l’Union européenne au deuxième semestre 2020.
Christophe Bourdoiseau, à Berlin