C’est l’heure de l’accélération de la transformation du groupe, a indiqué Henri Poupart-Lafarge, lors de la présentation des résultats d’Alstom ce matin. L’acquisition il y a 15 mois de Bombardier Transport, qui a fait doubler la taille du groupe, s’est passée dans de bonnes conditions, affirme le dirigeant : « Ce qui était important pour nous, c’était de conserver la confiance de nos clients. Plus de 90 % de nos clients sont satisfaits de la manière dont nous gérons Bombardier. Nous fonctionnons désormais comme un groupe« . D’où le passage à la deuxième étape : « Nous irons vers des produits plus intégrés, ce qui nous permettra de réaliser les synergies attendues, voire même à terme d’augmenter ces synergies« .
En attendant, l’intégration de Bombardier, moins rentable, s’est traduit par une baisse de la marge opérationnelle de 5 %. Des charges exceptionnelles ont concerné des restructurations des activités héritées de Bombardier Transport en Allemagne et en Suisse. Elles sont aussi liées à la fin de l’activité des bus électriques Aptis.
Des dépréciations liées à Transmashholding
La situation s’est également compliquée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a obligé Alstom à déprécier à hauteur de 441 millions d’euros sa participation dans le constructeur Transmashholding (correspondant à la valeur comptable de sa participation à hauteur de 20 %). D’où une perte nette de 581 millions d’euros enregistrée par Alstom sur l’exercice courant du 1er avril 2021 au 31 mars 2022, contre un résultat positif de 247 millions un an auparavant. Mais les résultats financiers et opérationnels sont en ligne avec la trajectoire fixée, affirme le PDG d’Alstom, qui affiche son optimisme : « L’intégration de Bombardier Transport a augmenté nos capacités d’innovation. Nous avons réglé la quasi-totalité des litiges et avons baissé l’exposition d »Alstom à ces litiges« .
De plus, poursuit-il, « la vague d’investissements est très importante sur le marché. Les opportunités commerciales se chiffrent à plus de 180 milliards dans les trois prochaines années« . Selon le patron d’Alstom, « tous les pays sont concernés, l’Amérique du Nord et l’Europe, dont les marchés sont plus mûrs, mais c’est aussi le cas des pays émergents« , en particulier en Amérique Latine ou au Moyen Orient.
Un carnet de commandes record
Le constructeur français, qui emploie plus de 74 000 personnes dans le monde et représente depuis l’acquisition de Bombardier 38 % de parts de marché du matériel roulant (si l’on exclut la Chine), a engrangé 19,3 milliards d’euros de commandes durant cet exercice clos le 31 mars. Soit une hausse de 33 % (pro format) comparé à l’exercice précédent. Le chiffre d’affaires a atteint 15,5 milliards d’euros. Au total, le carnet de commande représente 81 milliards d’euros (+ 9 %), un niveau record selon le dirigeant. Le groupe a notamment remporté des contrats importants pour des trains régionaux au Danemark, en Allemagne, en Irlande, en Norvège ou en Roumanie.
« Malgré les difficultés à court terme liées à la situation macro-économique et géo-politique en 2022-2023, le groupe reste pleinement engagé à réaliser ses objectifs à l »horizon 2025« , résume Henri Poupart-Lafarge, reconnaissant que « l’inflation va peser dans une certaine mesure » cette année et que « les pénuries de composants électroniques pourraient créer des tensions sur les livraisons« . D’où l’engagement « d’actions fortes » pour réduire les risques et les coûts.
MH P