Le bus électrique a de moins en moins la cote auprès d’Ile-de-France Mobilités. Selon nos informations, l’autorité organisatrice des transports franciliens vient en effet de demander à la RATP d’abaisser la part de bus électriques dans son programme de renouvellement de la flotte. Rappelons que dans son plan Bus 2025 présenté il y a un peu plus de cinq ans, la RATP prévoyait une méga-commande de 4 500 bus, dont 80 % devaient être électriques et 20 % devaient rouler au biogaz.
Au fil du temps, la répartition entre les deux motorisations a évolué, réduisant la proportion des bus aux deux tiers du total, le reste devant être constitué de bus fonctionnant au gaz.
Une nouvelle réduction de la part des bus électrique vient donc d’être demandée par IDFM qui souhaite désormais une flotte constituée pour moitié de bus électriques et pour l’autre moitié de bus au gaz. En cause : les contraintes liées à l’autonomie et à la recharge mais surtout l’investissement très élevé nécessaire à l’exploitation des bus électriques, que ce soit le coût d’achat du matériel lui-même, celui des batteries ou de l’infrastructure à mettre en place (les dépôts).
Cette situation profite donc aux bus à gaz « qui sont plus faciles à déployer et à entretenir et qui sont plus fiables », explique à VRT Laurent Probst, le directeur général d’IDFM. Toutefois, ajoute-t-il, comme on ne peut exploiter des bus au gaz partout, ceux-ci rouleront surtout en banlieue, tout particulièrement en grande couronne. « Pour que les bus au gaz soient propres, il faut qu’ils roulent au biogaz. Comme la région investit beaucoup dans la production de biogaz, quand les bus au gaz arriveront de façon massive sur le territoire, nous serons capables de les alimenter », précise encore le directeur général d’IDFM.
Reste pour la RATP à revoir son programme d’adaptation de ses dépôts de bus : 13 dépôts devront être convertis à l’électrique au lieu de 17 et 12 au GNV au lieu de 8. Un chantier industriel majeur pour le groupe.
Marie-Hélène Poingt
La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a inauguré le 24 février sa ligne H exploitée en BHNS sur une flotte de 12 bus électriques Aptis (Alstom). La ligne H emprunte la ceinture des boulevards strasbourgeois sur trois kilomètres, soit 10 stations entre la gare Centrale et le Parlement européen, sans transiter par le centre-ville. Le parcours emprunte à contresens la place de Bordeaux, l’un des axes majeurs du trafic automobile entrant et sortant de Strasbourg, qui se voit amputé d’une voie de circulation.
Il bénéficie sur 30 % de son trajet d’un site propre ou de voies réservées partagées avec deux autres lignes de bus, et profite ainsi de la priorité aux intersections sur les 18 carrefours traversés. La CTS promet « un gain de temps d’au moins cinq minutes » par rapport à un parcours similaire effectué en tramway, pénalisé par une correspondance à la station République. « Cette ligne de BHNS est le premier élément de tentative de désaturation de notre réseau de tramway en centre-ville, et particulièrement du croisement de la station Homme-de-Fer où transitent la plupart des rames du tramway strasbourgeois », détaille Jean-Philippe Lally, directeur général de la CTS.
Un budget de 11 millions d’euros
L’offre commerciale prévoit une fréquence de 8 à 10 minutes et promet un temps de trajet théorique de 15 minutes. La réalisation de la ligne H a mobilisé un budget de 11 millions d’euros, « entièrement financés par l’augmentation des recettes du versement transport qui a résulté du dynamisme économique de Strasbourg », selon Robert Herrmann, président de l’Eurométropole, autorité organisatrice dans l’agglomération. L’investissement se répartit entre le matériel roulant (7,2 millions d’euros), les infrastructures de recharge (1,5 million d’euros), les équipements (1,7 million d’euros) et les travaux de voirie (1 million d’euros).
Aptis est fabriqué en série chez Alstom sur les sites alsaciens de Hangenbieten (ex-Lohr Industrie) et Reichshoffen, où une seconde ligne d’assemblage sera opérationnelle en mai 2020. Après les 12 véhicules strasbourgeois, 70 exemplaires doivent encore être livrés en 2020 à Grenoble, Toulon, La Rochelle et à la RATP. Alstom revendique déjà 200 options possibles liées à ces premiers contrats.
Olivier Mirguet
BYD a annoncé le 6 décembre avoir remporté une commande de 259 bus électriques, soit « la plus importante commande d’autobus électriques jamais enregistrée en Europe dans le cadre d’un accord avec Keolis Nederland BV, la filiale néerlandaise de Keolis ». La majeure partie de la commande est constituée de 206 bus de 12 mètres, les plus vendus de BYD, auxquels s’ajoutent des midibus de 8,7 mètres, ainsi que des bus de 13 mètres de long, qui seront mis en service à partir de fin 2020 sur les lignes de la région néerlandaise d’IJssel-Vecht, y compris dans les communes de Zwolle, Apeldoorn et Lelystad, précise le constructeur chinois dans un communiqué.
Ce contrat fait suite à plusieurs marchés remportés récemment par BYD en Europe, comme par exemple le contrat annoncé à Busworld 2019 et signé avec l’opérateur norvégien Vy Buss qui prévoit la fourniture de 55 autobus 100 % électrique dont 22 Classe 2 de 13 m (première commande pour ce véhicule offrant 45 places assises). A ce jour, BYD rappelle avoir « pris des commandes et livré dans près de 60 villes et plus de 10 pays, pour un total supérieur à 1 200 bus électriques ».
Une nouvelle équipe européenne aux Pays-Bas
Ce renforcement de présence en Europe est avant tout dû à la stratégie payante du constructeur chinois qui a installé une toute nouvelle équipe dédiée aux marchés européens d’une vingtaine d’ingénieurs et de techniciens R&D aux Pays-Bas, chargés de concevoir des matériels adaptés aux normes du vieux continent. Un renversement de tendance alors qu’il y a encore un an le pilotage se faisait uniquement avec des spécialistes chinois. En plus de l’aspect technique, BYD a désormais le souci de séduire ses clients par un design et une qualité de finition (notamment pour l’habillage et les aménagements intérieurs ou encore l’ergonomie de conduite), qui n’étaient pas du tout jusqu’alors les points forts du constructeur chinois.
Le succès ne se limite pas à l’Europe : tout récemment BYD a aussi remporté un important contrat en Colombie avec la commande de 379 bus électriques pour les Transmilenio, ces bus à haut niveau de service, de Bogota. Ces bus seront mis en service en septembre 2020 dans la capitale colombienne.
Marie Hélène Poingt, avec Philippe Hérissé