L’ouverture à la concurrence des bus en grande et moyenne couronne parisienne produit des résultats catastrophiques sur le plan financier pour les opérateurs : plusieurs dizaines de millions de pertes d’après un bilan dressé le 28 mai lors d’une audition organisée par Ile-de-France Mobilités. Tous les transporteurs sont concernés : Transdev, Keolis, RATP Cap Ile-de-France et Lacroix-Savac qui se sont affrontés pour remporter les 36 contrats mis en concurrence depuis 2020 par IDFM. 21 contrats sont exploités depuis plus d’un an.
Depuis plusieurs mois, l’organisation professionnelle Optile, qui rassemble ces entreprises, tire la sonnette d’alarme, pointant un système « très punitif qui préoccupe les opérateurs depuis deux ans ». Les pertes s’expliquent par trois raisons, selon Optile : les surcoûts dus à l’inflation et à l’énergie, la fréquentation toujours en baisse de 15 % comparée à la période avant-Covid et le montant des pénalités infligées par IDFM pour manquement aux objectifs. Or, ces causes étaient difficilement prévisibles lorsque les objectifs ont été fixés.
Selon des participants à la réunion du 28 mai, Valérie Pécresse, la présidente d’IDFM, s’est félicité d’une meilleure ponctualité des bus et a annoncé 30 M€ d’avenants « si la rentrée scolaire se passe bien« . Un montant modeste vu l’ampleur du déficit et alors que le taux de marge du secteur atteint 2,5 à 3 %. Pour certains contrats, les taux de pertes avoisineraient les 20 % du chiffre d’affaires.
Côté usagers, on s’inquiète de possibles répercussions sur la qualité de service si les pertes continuent à se creuser alors que les bus Optile concernent 1100 lignes en grande banlieue parisienne. Interrogé par VRT, Youenn Dupuis, le président d’Optile, estime que la proposition de Valérie Pécresse montre « un esprit d’ouverture allant dans le bon sens« . Reste toutefois, ajoute-t-il, à mener maintenant des négociations afin d’aboutir à un « dispositif économique incitatif mais aussi soutenable« .
Marie-Hélène Poingt