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Ewa

Thierry Nier, secrétaire général de la CGT Cheminots : « L’accord sur les fins de carrière représente la suite de la bataille contre la réforme des retraites » »

Thierry Nier, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots

Après une table ronde organisée le 10 avril par la direction de la SNCF sur la CPA (cessation progressive d’activité), Ville, Rail & Transports a demandé aux quatre organisations syndicales représentatives de réagir aux propositions de la direction. Après les interviews de Didier Mathis (Unsa-Ferroviaire), Thomas Cavel (CFDT Cheminots) et Erik Meyer (Sud Rail), nous publions aujourd’hui notre entretien avec Thierry Nier, le secrétaire général de la CGT Cheminots.

Ville, Rail & Transports. Pourquoi avoir annoncé si vite que vous alliez signer l’accord sur les fins de carrière?

Thierry Nier. Nous réclamions depuis longtemps un tel accord. Lors de la lutte contre la réforme des retraites, nous avions indiqué que si la loi passait, nous pourrions continuer la bataille sous différentes formes, notamment sur la question des fins de carrière. En septembre 2023, nous proposions d’anticiper la retraite en accordant 48 mois à tous (24 mois travaillés, 24 mois non travaillés) et 76 mois pour les ASCT.

Ce n’est pas de la guéguerre syndicale, mais personne n’en parlait à ce moment-là. C’est pourquoi nous avons pu prendre rapidement une décision en interne car nous avions déjà dit que si les dispositifs précédents étaient améliorés, nous pourrions apposer notre signature. Dès le lendemain de la table ronde, il était prévu que notre commission exécutive fédérale se réunisse. Après discussion, elle s’est prononcée à l’unanimité en faveur de l’accord. Et comme c’est elle qui doit approuver les accords, nous avons pu indiquer sans attendre que nous signerions.

VRT. Comment jugez-vous le climat social à la SNCF?

T. N. Le climat social est assez dégradé, pour ne pas dire très dégradé du fait du contexte global lié à la réforme de 2018, les multiples appels d’offres sur les TER, la situation du fret, les exigences pour toujours plus de productivité… Tout cela fait monter la pression.

Nous essayons de nous mobiliser, souvent de façon unitaire, sur les questions liées à l’emploi et au rythme de travail. Les pressions exercées peuvent parfois amener des dérives et des cheminots peuvent être conduits à se mettre en danger. Nous devons nous mobiliser pour que les métiers soient exercés dans le strict respect des réglementations.

Il y a aussi toute une frange de cheminots qui devaient arriver à la retraite et qui voient ce moment reculer. Face à cette situation, la direction ne pouvait plus fermer les yeux. Elle a souhaité -et c’est une bonne chose-, mieux écouter les revendications syndicales. Cela ne veut pas dire répondre à tout. Mais ce nouvel accord représente un premier pas.

VRT. Quelles seront vos prochaines revendications?

T. N. Les fins de carrières constituaient un de nos trois thèmes de mobilisation principaux avec l’emploi et les rémunérations. Nous portons l’exigence de rouvrir les négociations salariales. Même si l’inflation a ralenti, il y a encore des effets qui impactent les plus bas salaires. Nous sommes favorables à une hausse générale des salaires. Quand on additionne les primes de toutes natures, l’intéressement (auquel nous sommes opposés), on voit qu’il y a une enveloppe budgétaire conséquente possible.

VRT. Cinq mois après votre arrivée à la tête de la CGT Cheminots en remplacement de Laurent Brun, peut-on parler d’une méthode Nier pour porter les revendications?

T. N. Ce sont les cheminots et les agents syndiqués à la CGT qui pourront le dire! Ma méthode repose sur la transparence, même si c’était déjà le cas avec Laurent Brun. Nous devons être clairs dans nos objectifs et savoir ce que nous cherchons dans les négociations. Notre matrice à la CGT, c’est le rapport de force porté par des cheminots mobilisés et ayant en mains tous les éléments de la réflexion. C’est pourquoi il n’y aura pas de grands chamboulements mais une grande capacité d’écoute de ma part. Je souhaite que les cheminots voient que la fédération est à leurs côtés, au quotidien.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

Ewa

Nouveaux rebondissements pour le train des primeurs 

Avec le train des primeurs Perpignan-Rungis, on ne s’ennuie jamais. A l’arrêt en 2019, provisoirement sauvé en 2021 avec l’appui de Jean Castex, alors Premier ministre, son service était suspendu depuis le 7 mars 2023, début de la grève reconductible des cheminots contre la réforme des retraites.

Le 18 avril, Primever, le seul chargeur qui utilise ce service de fret ferroviaire à ce jour (des négociations seraient en cours avec un deuxième chargeur), avait estimé que les conditions étaient réunies pour réutiliser le train des primeurs. Fret SNCF a donc tenté de le relancer, mais la relève du conducteur n’ayant pas pu être assurée en gare de Montauban (le deuxième conducteur était en grève) la cargaison en provenance de Perpignan censée être débarquée au cœur de la nuit au MIN de Rungis est arrivée trop tard, Et a été refusée.

Primever a alors décidé de passer par la route, et Fret SNCF de suspendre à nouveau le train des primeurs. Pourquoi la SNCF n’a-t-elle pas anticipé l’absence de relève ? Parce que la loi du 21 août 2007 sur le service minimum ne s’applique pas aux cheminots du fret qui n’ont donc pas l’obligation de se déclarer en grève 48 heures à l’avance, contrairement à leurs collègues de l’activité voyageurs. « Le conducteur gréviste avait pourtant prévenu la direction qui n’a pas positionné un agent de réserve », affirme Mika Meusnier, délégué syndical CGT des cheminots de Perpignan ». « Normalement, les conducteurs de réserve ont vocation à couvrir les aléas de production, pas les grèves », répond la SNCF.

La centrale syndicale de Montreuil milite par ailleurs pour le retour de la polyvalence des conducteurs, fret et voyageurs, au sein du groupe SNCF.

A train symbolique, mesures exceptionnelles

Dans un tweet du 25 avril, l’opérateur ferroviaire indique toutefois avoir « travaillé avec Primever à des moyens exceptionnels » pour garantir la reprise du train des primeurs qui transporte près de 650 palettes de fruits et légumes par jour (l’équivalent de 35 camions), de novembre à mi-juillet. Autrement dit, « s’assurer que tous les postes d’aiguillage sont ouverts, et de la présence d’un conducteur de réserve« . Au risque de renchérir le coût du service ferroviaire et d’impacter la rentabilité de Fret SNCF qui facturerait 1000 euros par wagon, selon une source syndicale. « Cette situation n’a pas vocation à durer, mais nous voulions garantir au chargeur la reprise du train des primeurs« , précise-on chez Fret SNCF. A train symbolique et très médiatique, mesures exceptionnelles…

Sauf nouveau coup de théâtre, les 14 wagons réfrigérés du train des primeurs seront de nouveau sur les rails le 2 mai. Au rythme de cinq trains par semaine, de novembre à mi-juillet. Étonnement, en été, les pêches, abricots, salades et autres  artichauts du Roussillon n’empruntent pas le rail pour arriver au MIN de Rungis dans la nuit. « Une saison étonnamment morte pour une région productrice de fruits et légumes« , critique le délégué CGT. Ceux du train des primeurs sont principalement importés d’Espagne et du Maroc.

Nathalie Arensonas

Ewa

La CGT-Cheminots sur le « sentier de la guerre »

CGT Cheminots

La CGT-Cheminots reprend le combat. Le syndicat majoritaire à la SNCF appelle à une journée de mobilisation le 22 juin. Avec en ligne de mire, un système ferroviaire « dans l’impasse (structurelle et financière) qui conduit à son affaiblissement, à des reculs sociaux sans précédent, et donc à de nouveaux épisodes de conflictualité très dure ».

Laurent Brun, son secrétaire général, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse le 9 juin, estime en effet que « la Covid a permis de fermer le couvercle sur la cocotte-minute ». Mais, selon lui, « les restructurations dans l’entreprise n’ont pas cessé ». Et de poursuivre : « Si Jean-Pierre Farandou a compris qu’il devait cesser le discours provocateur de Guillaume Pepy, ses actes sont le contraire de ce qu’il dit. Comme quand il dit « Tous SNCF » mais qu’il prévoit des filiales dédiées avec des cheminots transférés à chaque fois qu’il faut répondre à un appel d’offres ».

Le syndicaliste dénonce l’ouverture à la concurrence qui « coûtera structurellement plus chère » que le système actuel « car beaucoup plus complexe à mettre en place ». Selon lui, « avant même de faire rouler les trains, les régions doivent subventionner les candidats ». Ce qui leur coûte des millions d’euros. De plus, les lots ouverts à la concurrence, de taille réduite, « ne permettent pas la massification ». Or, ajoute-t-il, « on nous explique habituellement que les fusions permettent de faire baisser les prix ». Enfin, il pointe les conditions de travail qui devraient se durcir. « Un exemple : 39 cheminots seront concernés par la liaison Nancy – Contrexéville que Grand Est veut ouvrir à la concurrence. Dès qu’il y aura un malade ou des congés accordés, cela va être très compliqué. Cette rigidité se répercutera sur les conditions de travail. » Côté voyageurs, la gestion des horaires et des correspondances va se dégrader, estime-t-il. « On est sur des logiques de PME, pas sur des logiques industrielles », regrette-t-il.

Il s’inquiète aussi d’une possible remise en cause des facilités de circulation. « L’Etat voudrait supprimer les facilités de circulation pour les retraités et les fiscaliser pour les actifs ». Or, « il y a des a priori sur ses avantages qui ne coûtent rien en réalité à l’entreprise. C’est un sujet très sensible dans l’entreprise et c’est un droit acquis qu’on n’est pas prêt à abandonner ».

Interrogé sur une éventuelle relance de la réforme sur les retraites, il a indiqué que son syndicat ne resterait pas sans rien faire. « On a fait deux mois et demi de grève contre cette réforme, si on la remet sur la table, on ne restera pas sans rien faire. »

Laurent Brun estime donc « probable qu’on soit obligé de repartir au conflit ». La CGT-Cheminots est même déjà, selon lui, « sur le sentier de la guerre ».

M.-H. P.

Ewa

La CGT-Cheminots prend le contre-pied de Sud-Rail sur la qualité de l’air dans les TGV

Interrogé ce matin, en marge d’une conférence de presse, sur la polémique suscitée par Sud-Rail à propos de la qualité de l’air dans les TGV, la CGT-Cheminots s’est nettement démarquée de cette organisation syndicale, qui réclame des masques FFP2 pour les contrôleurs et un meilleur système de filtration et de renouvellement de l’air. « On avait des craintes au début de la crise sanitaire. Mais, un an et demi après, nous considérons que si vraiment il y avait un risque dans les trains, il y aurait eu des clusters importants. Or, il n’y a pas un taux d’incidence de la maladie manifestement supérieur parmi les cheminots », a commenté Laurent Brun. « Donc, on considère que cette prise de position est un peu exagérée », a ajouté le secrétaire général de la fédération cheminots.

Rappelons qu’un rapport de l’inspection du travail mesurant le taux de CO2 lors d’un trajet en TGV entre Lyon et Montpellier a été publié suite à un droit d’alerte déclenché en avril par Sud Rail. Ce rapport montrait que le taux de C02 s’établissait en moyenne à 1 380 ppm, avec un pic à 4 000. Laurent Brun remarque « d’ailleurs que l’étude de l’inspection du travail ne portait pas sur l’ADN viral mais sur le taux de CO2, un peu plus important qu’ailleurs mais en dessous des normes autorisées ».

D’où sa conclusion : « Nous ne considérons pas que le train soit plus dangereux qu’un autre mode. Sinon, il faudrait s’interroger sur le covoiturage ou les trajets en car, souvent bien plus longs ».

Ewa

« La SNCF prévoit de vendre 49 % des parts de Geodis », affirme Laurent Brun

Dans une interview accordée à Ville, Rail & Transports, Laurent Brun, le secrétaire général de la fédération CGT des Cheminots, s’alarme de l’insuffisance de l’aide accordée par l’Etat à la SNCF. Seul Réseau va en profiter, souligne-t-il. Conséquence, la SNCF va vendre des actifs.

Selon lui, le groupe s’apprête à céder Akiem (le loueur de locomotives détenu à 50 % par TLP, groupe SNCF) et Ermewa (sa filiale de location de wagons). Dans un second temps, il vendra une grande partie de ses logements sociaux, affirme-t-il. Dans une troisième étape, « la SNCF vendra des parts de Geodis », poursuit-il. Entretien.

Ville, Rail & Transports. Comment jugez-vous la situation actuelle de la SNCF ?

Laurent Brun. La SNCF s’attend à 10 milliards d’euros de pertes commerciales en deux ans. Cela fracasse complètement l’entreprise. Je rappelle que la grande majorité des recettes de la SNCF, soit 60 %, proviennent du TGV. Et 70 % des péages perçus par Réseau viennent aussi du TGV.

Il faut donc bien comprendre que, quand le TGV éternue, c’est tout le système qui s’effondre. Cela confirme qu’il faut soutenir le TGV mais aussi le fret, les Intercités, les TER, en rééquilibrant le poids de chacun.

Ce problème est mis en évidence par le Covid. Mais il va l’être aussi et surtout par l’ouverture prochaine à la concurrence. On sait que 50 à 60 % des liaisons TGV ne sont pas rentables. La logique de l’ouverture à la concurrence, c’est de supprimer ces liaisons non rentables. C’est aussi ce que préconisait le rapport Spinetta. On est face à un sujet important. Nous disons qu’il faut maintenir les liaisons TGV car c’est un service public et il faut maintenir la péréquation entre les différentes activités pour qu’elles s’équilibrent entre elles.

VRT. L’aide apportée par l’Etat à la SNCF ne vous semble pas suffisante ?

L. B. L’Etat n’aide pas la SNCF, mais les autres entreprises du secteur : celles du BTP qui travaillent sur le réseau.

Résultat, le gouvernement oblige la SNCF à se cannibaliser. Le groupe est en train de vendre Akiem et Ermewa. Demain, la SNCF vendra probablement une grande partie de ses logements sociaux (au moins les plus rentables) et dans un troisième temps une partie de Geodis. Plus exactement, 49 % des parts de Geodis vont être vendues sur deux ans. L’entreprise cherche entre trois et cinq milliards de cash pour faire face à la pandémie car l’Etat ne nous aide pas.

Or, la SNCF souffre de la décision de l’Etat de limiter les déplacements du fait de la crise sanitaire. Cette décision publique nous prive de ressources. Le gouvernement devrait donc aider l’entreprise. Mais ce n’est pas le cas. Il aide le privé (l’aérien, l’automobile…) mais laisse les acteurs publics se débrouiller. Les premières entreprises que l’Etat devrait aider, ce sont les siennes.

Pour nous, c’est un des scandales de la pandémie. On est en train de se priver des moyens qui seront nécessaires au moment où il faudra redémarrer.

VRT. Quelle aide demandez-vous à l’Etat ?

L. B. Le gouvernement doit apporter une subvention d’au moins quatre milliards d’euros.

VRT. N’est-ce pas déjà l’aide prévue ?

L. B. Le gouvernement a annoncé 4,7 milliards d’euros de financement mais cette aide passe par une recapitalisation qui sera effectuée annuellement pendant 4 ans. Ce qui représente un peu plus d’1,1 milliard par an qui iront à SNCF Réseau, et donc à la sous-traitance pour les travaux sur le réseau. Mais pour le transporteur SNCF, rien n’est prévu.

VRT. Les conditions de sauvetage du fret ferroviaire ne sont pas réunies selon vous?

L. B. La question de savoir si c’est ce gouvernement qui enterrera définitivement le fret ferroviaire se pose. Car c’est ce qui se profile : la liquidation du fret ferroviaire. Nous arrivons aujourd’hui à la fin du dernier acte.

L’orientation du marché se fait clairement en faveur de la route. Aujourd’hui, la moitié des tonnes perdues sont récupérées par la route. Et l’autre moitié par des opérateurs ferroviaires concurrents, y compris par des filiales de la SNCF.

La SNCF va conserver quelques lignes très rentables, quelques marchés de niche et il y aura une concurrence sauvage sur ces marchés.

Nous, nous défendons la préservation de l’outil dans le cadre de notre proposition que nous avons récemment présentée et qui s’appelle « Ensemble pour le fret ». Nous disons qu’il faut s’interroger sérieusement sur la façon dont on peut développer le fret ferroviaire. Et non pas comme le fait l’association 4F qui propose de doubler le fret ferroviaire d’ici 2030. Doubler le fret ferroviaire en si peu de temps n’est pas réaliste !

Le transport ferroviaire pourra augmenter sa part de transport de produits sidérurgiques mais ne sera jamais monopolistique face à la route. Il faut être réaliste et chercher les marchés pour lesquels le ferroviaire a une vraie pertinence comme c’est le cas par exemple pour le transport de bois, de déchets, de produits de grande consommation… Il existe des segments sur lesquels le ferroviaire peut vraiment se développer.

VRT. Quelles sont les conséquences sociales pour l’entreprise ? Et quelles sont les grandes échéances à venir ?

L. B. Il y a déjà une mauvaise nouvelle relative aux négociations salariales : ce sera la sixième année de gel salarial. Une mauvaise nouvelle aussi avec les annonces à venir sur les effectifs. Avec la présentation du budget 2021 prévue d’ici une quinzaine de jours, on s’attend à une baisse de 1 300 emplois à SNCF Réseau. Du côté de SNCF Voyageurs, on s’attend à au moins le triple.

On n’avait pas vu une telle diminution des effectifs à Réseau depuis 5 ou 6 ans, depuis que l’Etat se réintéresse à l’état du réseau.

Le recours à la sous-traitance va s’accélérer mais ses capacités sont limitées. C’est vraiment dommage car les régions sont demandeuses de travaux pour améliorer leurs infrastructures ferroviaires et elles sont prêtes à payer avec l’aide de l’Etat. Mais Réseau en vient à refuser de réaliser les chantiers faute de moyens. A l’avenir, on pourra de moins en moins répondre à la demande. Nous avons des craintes sur la sécurité du réseau. C’est très inquiétant.

Du côté Voyageurs, on fait face à une énorme baisse d’activité, y compris pour les TER, dont l’offre est en train d’être rabotée par les régions. Nous nous interrogeons sur nos capacités de développement lorsque l’heure du redémarrage sonnera.

VRT. Comment se passe l’arrivée des nouveaux contractuels à la SNCF ?

L. B. Nous demandons, pour les contractuels, les mêmes règles que pour les cheminots au statut. La direction semble en pleine interrogation sur ces sujets. Mais il ne faut pas aller trop loin dans la casse sinon c’est compliqué de tout reconstruire !

L’ancien directeur des Ressources humaines voulait se baser sur la convention collective et son volet classifications et rémunérations pour construire un nouveau cadre social. Les organisations syndicales majoritaires l’ont fait voler en éclats. Pour nous, c’est dans l’entreprise que doivent maintenant se dérouler les discussions.

VRT. Comment jugez-vous la nouvelle ère Farandou ? L’ambiance s’est-elle apaisée ?

L. B.  Jean-Pierre Farandou connaît bien l’entreprise. Il parle “cheminot” première langue comme il aime le dire. Son discours plaît. Mais maintenant il faut passer du discours aux actes. Ses 300 jours d’état de grâce sont terminés.

Or, les actes sont contraires aux paroles. Nous expliquons que l’ambiance sociale changera le jour où les cheminots mesureront eux-mêmes dans leur quotidien les changements. Force est de constater que ce n’est pas le cas.

Aujourd’hui, avec la crise sanitaire, les cheminots serrent les dents pour répondre aux besoins. Mais une fois que cette période sera passée, on va aller vers de grosses conflictualités car les restructurations sont reparties comme jamais dans l’entreprise.

Nous avions pourtant obtenu en mars, après le conflit sur les retraites, des engagements sur la sous-traitance, avec la promesse de réinternaliser 500 emplois temps plein à Réseau. Mais cela n’a pas été tenu. Un seul engagement a été tenu, celui de la ré-internalisation de compétences en informatique.

Or, la sous-traitance nous fait perdre notre savoir-faire. Elle n’est pas efficace car elle génère de multiples malfaçons. On demande aux cheminots de former leurs remplaçants, puis de s’effacer…

VRT. Vous demandez aussi le report de l’ouverture à la concurrence…

L. B. Dans cette période de crise, est-ce une bonne idée de faire perdre encore plus d’activité à la compagnie nationale ? Je pense qu’il faut repousser de plusieurs années l’ouverture à la concurrence.

Nous sommes très inquiets du processus d’ouverture à la concurrence mis en place dans les TER. Les conseils régionaux le mettent en œuvre comme des totems idéologiques en vue des prochaines élections.

Selon nous, l’ouverture à la concurrence a changé de nature. En 2018, on avait adopté un modèle d’ouverture à l’allemande. Mais en 2019, avec la LOM et son article 172, on est passé au modèle anglais, ou plus précisément à un modèle à la Thatcher, avec la possibilité de transférer au privé non seulement l’exploitation des trains mais aussi la gestion de l’infrastructure.

D’où notre interrogation : pourquoi avoir séparé la SNCF en deux si on peut répondre à des appels d’offres réunissant l’infrastructure et l’exploitation ? Tout le blabla sur la nécessaire séparation entre infrastructure et exploitation relève donc de la flûte.

SNCF Réseau a déjà indiqué qu’il ne se présentera pas pour répondre à l’appel d’offres sur la liaison Nancy-Contrexéville qui va être ouverte à la concurrence par le conseil régional Grand Est. De son côté, SNCF Voyageurs explique qu’il se présentera peut-être en partenariat avec Vinci ou avec un autre partenaire privé…

Le privé aura donc le droit de se présenter comme il le souhaite mais pas la SNCF ! Tout ce qu’on nous avait expliqué sur le maintien du monopole de SNCF Réseau pour assurer la sécurité des infrastructures ne tient plus. C’est une escroquerie intellectuelle !

Le deuxième problème à mes yeux, c’est que la nature même de la concurrence a changé. On annonçait des durées de concessions de 15 ans au maximum. Avec le transfert de l’infrastructure, on apprend que les contrats pourront durer 22,5 ans. C’est ainsi que Grand Est veut ouvrir à la concurrence la liaison Nancy-Contrexéville avec un contrat de 22 ans. C’est une forme de privatisation du réseau.

J’ai écrit le 30 octobre à Jean-Pierre Farandou sur ces thèmes, et je vais aussi envoyer un courrier dans les prochains jours à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports.

Dans la lettre envoyée au PDG de la SNCF, je propose aussi que les laboratoires et les centres de santé du groupe puissent participer très largement aux tests du Covid. D’une part pour limiter et supprimer les foyers de contamination dans l’entreprise. D’autre part, par solidarité nationale, pour soulager la médecine générale et les urgences. Mais pour l’heure, la réponse est non.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

Ewa

La CGT veut mobiliser les salariés des entreprises ferroviaires privées

CGT2020

La CGT-Cheminots a prévu de réunir, début octobre, ses délégués issus des entreprises ferroviaires privées pour voir sur quels thèmes elle pourrait mobiliser ses troupes. « Actuellement, il y a 2500 cheminots dans ces entreprises privées, des effectifs qui devraient croître à l’avenir. Nous allons examiner tous les accords d’entreprise pour voir sur quels points nous pouvons nous mobiliser », explique à VRT Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, en rappelant que lors des dernières élections professionnelles son syndicat a « beaucoup progressé dans toutes ces entreprises à l’exception d’ECR ».

La CGT-Cheminots se prépare aussi à la grève nationale interprofessionnelle du 17 septembre qui doit commencer à la SNCF dès ce soir. Mais il devrait y avoir très peu de perturbations du côté des circulations de trains : la SNCF annonce un trafic quasi normal sur le réseau ferroviaire francilien et sur les Intercités, quelques « adaptations » pour les TER de Nouvelle Aquitaine et de Provence-Alpes Côte d’Azur (là où les positions de la CGT-Cheminots sont particulièrement fortes), normal partout ailleurs dans le pays.

M.-H. P. 

Ewa

La CGT-Cheminots dénonce la convention collective ferroviaire sur les classifications et rémunérations

Manifestation syndicat CGT

Après FO Ferroviaire, c’est au tour de la CGT-Cheminots de dénoncer le texte sur les classifications et les rémunérations de la convention collective ferroviaire. Le syndicat explique dans un communiqué « qu’après avoir comparé les propositions patronales à ce qui existe déjà à la SNCF et dans les entreprises ferroviaires privées (Europorte, ECR, CFL…), la CGT considère que ce texte est trop bas et doit être supprimé comme l’a été la CNN Fret en son temps ». Le syndicat, qui n’hésite pas à parler d’une « CNN de caniveau », demande maintenant la réouverture de négociations « sur un contenu complètement différent de celui que le patronat a proposé ».

Reste à connaître la position de Sud Rail qui détient désormais le pouvoir de bloquer définitivement ce texte s’il décide de s’y opposer. En effet, avec Sud Rail, le poids des syndicats opposants représente plus de 50 % des salariés et permet, de ce fait, de rejeter le texte.

 Si c’était le cas, cela constituerait un sérieux revers pour l’UTP. L’organisation patronale estime en effet avoir mis sur pied « un accord de haut niveau très structurant » mais qui n’est « que le premier étage de la fusée », le second étage étant constitué des accords d’entreprise que les différentes entreprises ferroviaires devront négocier en interne, avec des règles plus favorables si elles le souhaitent.

Les deux syndicats qui ont de leur côté déjà signé le texte, l’UNSA-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, défendent aussi une vision positive, voyant dans ce texte des avancées appréciables (le versement de primes d’ancienneté avec des grilles, des obligations de négociations salariales annuelles, ou encore un processus d’encadrement d’évolution des carrières).

On connaîtra officiellement la position de Sud Rail le 11 février, date butoir de la procédure.

M.-H. P.

 

Ewa

L’Unsa et la CFDT signent l’accord sur les rémunérations et les classifications dans le ferroviaire

On s’y attendait, c’est fait : la CFDT-Cheminots et l’Unsa-Ferroviaire ont annoncé mi-janvier qu’elles avaient signé l’accord sur les rémunérations et les classifications de la convention collective ferroviaire, envoyé le 7 janvier par l’UTP aux cinq organisations syndicales représentatives. L’accord est donc, pour le moment, ratifié puisqu’à elles deux, elles représentent plus de 30 % des salariés.

La validation définitive dépend maintenant de la position de la CGT-Cheminots et de Sud Rail : s’il est peu probable qu’elles paraphent le document, elles devront ensuite décider si elles le dénoncent ou pas, ayant ce pouvoir de le faire capoter puisqu’elles représentant à elle deux plus de 50 % des salariés. De son côté, FO Cheminots déjà fait savoir qu’elle s’opposerait à cet accord, mais ne totalisant qu’un peu plus de 9 % des voix, sa décision ne pèsera pas dans la balance.

La CFDT-Cheminots considère « qu’avec cet accord, on arrive à un résultat très satisfaisant » et estime qu’une dénonciation priverait des milliers de cheminots de hausses de salaires immédiates et de droits nouveaux. Pour Sébastien Mariani, l’accord prévoit en outre des négociations annuelles obligatoires, ce qui ne sera pas le cas si c’est le droit commun du travail qui s’applique. Même son de cloche du côté de l’UNSA-Ferroviaire qui voit cet accord comme « un filet de sécurité limitant le dumping social et de nature à garantir des parcours professionnels attractifs ».

La CFDT-Cheminots veut lancer une « mise en garde » sur les risques d’une dénonciation, en espérant être entendue.

Pour en savoir plus sur les dispositions de l’accord lire ici.

M.-H. P.

Ewa

La CGT-Cheminots appelle à son tour à une grève reconductible le 5 décembre

La fédération CGT des cheminots a annoncé le 8 novembre son appel à la grève reconductible à partir du 5 décembre pour refuser la réforme des retraites qui prévoit notamment la remise en cause des régimes spéciaux, dont celui mis en place à la SNCF.

Elle rejoint ainsi deux autres syndicats représentatifs de la SNCF, l’Unsa-Ferroviaire et Sud Rail, tandis que la CFDT n’a pas rejoint le mouvement pour le moment. Le premier syndicat de la SNCF exige « l’amélioration du régime général » actuel de retraite et l’extension « à toute la branche ferroviaire » du régime spécial des cheminots. Il estime aussi que la situation de la SNCF est « explosive du fait de choix stratégiques, de réorganisations et de réformes ».

Six syndicats de la RATP (CGT, Unsa, Sud, CFE-CGC, FO, Solidaires), ont aussi déposé des préavis de grève pour le 5 décembre, ainsi que des chauffeurs routiers ou encore des organisations de jeunesse qui appellent à un mouvement interprofessionnel.

Interrogé le 8 novembre, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle gare de Chambéry, le nouveau patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a estimé que ce mouvement social dépasse sa seule société, tout en se disant « à la manœuvre » pour « dialoguer » sur les sujets spécifiquement cheminots. Ainsi, a-t-il ajouté, « il y a des sujets locaux (et) nous y travaillons: sur la place des métiers, sur les conditions de travail, sur le rythme des organisations… ».