Jusqu’à présent tout va bien ! Au premier jour du déconfinement, les voyageurs ne se sont pas précipités dans les transports publics. La RATP annonce une fréquentation de l’ordre de 15 % à 20 % sur son réseau (avec 75 % d’offre), la SNCF de 15 % dans ses TER et ses Transilien (avec 55 % d’offre en moyenne pour ses TER, 60 % pour Transilien), 10 % dans ses TGV (35 % de TGV). Mais ce n’est bien sûr que sur le long terme, avec la montée du nombre de voyageurs dans les semaines à venir, que l’on pourra vraiment tirer des conclusions.
Si les 11 et 12 mai la pédagogie devait être de mise à l’égard de ceux qui ne porteraient pas de masque dans les transports publics, la verbalisation devrait ensuite être la règle avec une amende pouvant atteindre 135 euros, a expliqué le 8 mai Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’Etat aux Transports en présentant les modalités de déconfinement dans les transports. L’entrée de centaines de gares, dont celle des grandes gares parisiennes, sera filtrée avec l’aide des forces de l’ordre, a-t-il ajouté.
Le message semble avoir été bien entendu puisque les grands opérateurs de transport public affirmaient dès le matin du 11 mai que le port du masque, et plus généralement les consignes diffusées, était très largement respecté.
Des rames chargées dans le nord de Paris
« Globalement, la reprise s’est bien passée mais il n’y avait pas beaucoup plus de monde que la semaine dernière. Il y a une toutefois une exception : les trains et des métros qui viennent du nord de Paris étaient bondés », commente Arnaud Bertrand, le président de l’association Plus de trains.
La RATP a en effet décidé de faire rouler ses trains à partir de 6 h 30 au lieu de les commencer à 5 h 30 comme elle le fait en période normale. « Ce n’est ni une amplitude ni une fréquence normale », regrette aussi Marc Pélissier, le président de la Fnaut Ile-de-France.
Mais la RATP explique faire actuellement le maximum en fonction de son personnel disponible. « La RATP nous explique qu’elle est obligée de démarrer à 6 h 30 par manque de personnel. Ses salariés sont absents soit pour maladie, soit pour gardes d’enfants, soit pour droit de retrait. Dommage que toutes les communes n’aient pas mis sur les listes des enfants à accueillir prioritairement dans les écoles ceux des salariés de la RATP et de la SNCF. De ce fait, la RATP tourne en deux services au lieu de trois services habituellement », poursuit Arnaud Bertrand. « Or, dans les quartiers populaires, il y a du monde dès les premiers trains. Il faudrait que la RATP ouvre plus tôt au moins les 4 ou 5 lignes les plus chargées ».
Pour faire baisser la tension, Valérie Pécresse, la présidente d’Ile-de-France Mobilités, a demandé aux opérateurs « deux RER B et un RER D de plus entre 6 heures et 6 h 30, passant dans le tunnel de la gare du Nord ».
Impossible d’assurer 100 % de service
Reste que si les écoles ne rouvrent pas en Ile-de-France et si les enfants des opérateurs de transport public n’y sont pas accueillis, il sera impossible de porter très rapidement les services à 100 % en Ile-de-France comme le demandent les pouvoirs publics, que ce soit côté RATP ou côté SNCF. La SNCF par exemple estime à 15 % la proportion de ses salariés gardant des enfants. ce qui limite d’autant ces capacités de transports.
En attendant, la RATP cherche à inciter les voyageurs qui le peuvent à privilégier des modes alternatifs : elle a noué un partenariat avec 17 opérateurs de VTC, trottinettes, vélos en libre service et réparateurs de vélos, à l’instar de ce qu’elle avait fait lors de la dernière grève, ce qui avait permis le transport de 500 000 voyageurs par jour. Catherine Guillouard espère « ajouter des opérateurs de covoiturage, puis de parkings », à partir du 18 mai.
De son côté, la SNCF indique chercher en permanence à ajuster l’offre à la demande. Elle a ainsi activé un PC voyageurs rassemblant en permanence plus de 60 collaborateurs représentant toutes les activités et permettant de centraliser les informations, de façon à adapter rapidement ses capacités de transport. Chaque soir à 17 heures, la SNCF s’engage aussi à communiquer sur les trains garantis, comme elle a pris l’habitude de le faire en période de grève. Et elle a installé sur son appli un indicateur d’affluence.
« Dans les gares, des « vigies » sont chargés de surveiller l’affluence dans les trains et d’avertir les gares suivantes pour que des agents guident les voyageurs vers les voitures les moins remplies. On adaptera en temps réel notre plan de transport », a expliqué le 9 mai Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs.
La reprise dans les transports se fait donc sous haute surveillance. « Si nous constatons qu’il y a trop de monde, nous n’hésiterons pas à fermer telle gare, telle station », affirme Christophe Fanichet, reprenant les propos des pouvoirs publics qui n’excluent pas cette éventualité.
M.-H. P.