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Ewa

Alstom va digitaliser le réseau ferroviaire allemand

Système d’enclenchement digital sur la ligne Simiria - Sighisoara en Roumanie © Alstom

Alstom et la Deutsche Bahn ont signé le 11 février un contrat-cadre de plus de 600 millions pour la digitalisation du réseau ferroviaire allemand.

Ce contrat-cadre porte sur l’installation d’au moins 1890 unités d’enclenchements digitaux (commandes d’aiguillage, signaux et protection de voie) et de la technologie de contrôle et de sécurité des circulations ferroviaires selon la norme internationale ETCS. Les systèmes d’enclenchement digital peuvent être installés sur les infrastructures ferroviaires les plus diverses et les plus complexes, les grandes lignes comme les lignes secondaires.

Le contrat-cadre prévoit des commandes entre 2025 et 2028 – la première commande est prévue au premier trimestre 2025 – et une mise en œuvre qui s’étalera jusqu’en 2032.

Alstom a déjà installé plus de 3 000 enclenchements digitaux dans une trentaine de pays.

Ewa

La Deutsche Bahn risque d’être démantelée en cas de victoire des conservateurs

Train régional Deutsche Bahn

La Deutsche Bahn pourrait être démantelée après les élections anticipées du 23 février. Le favori dans la course à la chancellerie, le conservateur Friedrich Merz (CDU), a annoncé en effet des cessions et une séparation de l’exploitation et du réseau.

« Les chemins de fer doivent être complètement repensés si l’on veut obtenir des améliorations [sur la ponctualité] », estime Ulrich Lange, son porte-parole pour les questions de transport à l’assemblée fédérale (Bundestag).

La DB doit céder ses « innombrables participations et filiales » et se recentrer sur son métier principal, le transport de personne et de marchandises, estime la CDU. La compagnie ferroviaire allemande a déjà engagé ce recentrage en cédant fin 2024 sa filiale logistique Schenker au Danois DSV.

Les conservateurs devront néanmoins trouver une majorité à la chambre basse. Si les sondages se confirment dans les urnes, Friedrich Merz sera obligé de former une coalition avec Parti social-démocrate (SPD) ou les écologistes, tous les deux opposés à ce démantèlement. Par ailleurs, il devra s’attendre à une résistance du plus grand des cheminots (EVG) qui dénoncé un projet qui défend « les intérêts du lobby néolibéral contre ceux des travailleurs ».

Le ministre des Transports lui-même, un libéral, estime qu’un démantèlement ne règlera pas le problème fondamental du rail allemand, à savoir l’énorme retard d’investissements dans le réseau. « On promet aux gens des solutions soi-disant simples pour résoudre des problèmes complexes », dit-il. La DB vient tout juste d’engager son programme de rénovations (40 corridors) pour améliorer la ponctualité des trains allemands qui n’a jamais été aussi mauvaise depuis plus de 20 ans.

Ewa

A Berlin, des trains à grande vitesse ICE sont obligés de circuler à vide la nuit… faute de voies de garage

Un ICE à Berlin

On les surnomme les « trains fantômes ». Selon une enquête du quotidien berlinois « Der Tagesspiegel », cinq à six ICE circulent chaque nuit à vide autour de Berlin faute de voies de garage suffisantes. Les conséquences sont des coûts supplémentaires pour la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB) mais aussi un manque de personnel en journée qui provoquerait des annulations de trains.

Selon les indiscrétions d’employés de la DB, les trains resteraient même parfois à l’arrêt pour prolonger le temps de trajet, ce que la DB dément. Selon un porte-parole, le processus des transferts d’ICE d’un point à un autre est « tout à fait normal dans l’exploitation ferroviaire ».

La BD confirme néanmoins la pénurie de voies de garages. La compagnie a prévu la construction, à partir de 2026, sur l’ancienne gare de marchandises de Schönholz, au nord de Berlin, de huit voies de garages de 400 mètres de long pour « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Mais elle ne seront disponibles qu’à partir de 2028.

Ewa

Les chemins de fer allemands ont déjà raté l’Euro

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Le championnat d’Europe de football se transforme en désastre pour la Deutsche Bahn (DB). Malgré les 10.000 places supplémentaires qui avaient été prévues les jours des matchs, la compagnie ferroviaire allemande a fait la démonstration d’une gestion de plus en plus désastreuse de son offre.

L’Europe toute entière découvre le mauvais état du réseau ferré mais aussi de la maintenance des matériels roulants alors que la DB aurait pu espérer profiter de cette belle occasion pour redorer son blason. Avec près de 40% des trains grandes lignes qui n’arrivent pas à l’heure, il était clair que les fans de football allaient avoir des déconvenues. « Quittez les bars avant l’heure. Donnez-vous du temps si vous n’avez pas envie d’arriver à la mi-temps. Prenez des trains plus tôt que prévu», avait prévenu avant le début du tournoi le club écossais FSA (Football Supporters Association).

Les Anglais ont rapporté des scènes de chaos sur les quais de la gare de Gelsenkirchen, le 16 juin, où les fans ont dû attendre plus de trois heures dans la gare avant de prendre un train. « Je ne vois pas pourquoi les train rouleraient mieux pendant l’Euro… Le réseau est vieux, surchargé et usé jusqu’à la corde », a expliqué Winfried Hermann, le ministre des transports du Bade-Wurtemberg, qui réclame un « fonds infrastructures spécial rail » pour les 20 ans à venir.

Avec des offres à 29,90 euros pour les fans, sans oublier le nouveau forfait national à 49 euros, le train attire toujours plus de monde sur un réseau déjà saturé. « Nous n’avons jamais eu autant de trafic voyageurs lors d’un grand tournoi international », s’est justifiée la DB en présentant ses excuses.

Le sommet du désastre a été atteint lorsque l’organisateur en chef de l’Euro, Philipp Lahm, est arrivé en retard pour le coup d’envoi du match Ukraine-Slovaquie le 21 juin à Düsseldorf à cause d’un train défectueux. « Je crois que nous avons raté la rénovation de nos infrastructures », a-t-il constaté.

La déclin de la DB est résultat d’une discipline budgétaire implacable depuis près de 30 ans. L’Allemagne a préféré faire des économies plutôt que d’investir. Résultat, le train de nuit Paris-Berlin, relancé en grande pompe en décembre 2023, sera suspendu provisoirement partir du 12 août. 

La situation devrait encore se dégrader dans les prochains mois avec le lancement du programme général de modernisation des infrastructures annoncé par Volker Wissing. Le ministre fédéral des transports avait décidé d’attendre la fin de l’Euro pour donner le premier coup de pioche.

Successivement, les grands axes seront fermées à la circulation pendant six mois. Le premier tronçon sera celui de Frankfort-Mannheim, l’un des axes les plus fréquentés d’Allemagne avec 700 bus prévus pour le service de remplacement. Suivra Berlin-Hambourg…

Christophe Bourdoiseau

Ewa

Les conducteurs de trains allemands obtiennent satisfaction après un long conflit social

db dr

C’est la fin d’un long conflit social : la Deutsche Bahn et le syndicat des conducteurs de train GDL ont annoncé le 25 mars avoir trouvé un accord après une série de grèves qui se sont étendues sur plusieurs mois (la dernière mi-mars) et ont coûté quelque 200 millions d’euros à la compagnie ferroviaire allemande.

Les conducteurs ont obtenu une réduction progressive de leur temps de travail, qui passera, d’ici à 2029, de 38 à 35 heures hebdomadaires sans perte de salaire. Ceux qui voudront travailler 40 heures par semaine seront payés en heures supplémentaires (+2,7 % en plus).

Ils bénéficieront aussi d’une prime inflation de 2850 euros ainsi qu’une augmentation de leur rémunération de 420 euros mensuels en 2025.

Ewa

La Deutsche Bahn affiche plus de 2,3 milliards de pertes

Train régional de la DB

Période difficile pour la Deutsche Bahn. La compagnie ferroviaire allemande a enregistré une perte nette de plus de 2,3 milliards d’euros en 2023. Ces mauvais résultats se doublent de piètres performances opérationnelles : seulement 64 % des trains longue distance sont arrivés à l’heure l’an dernier, en baisse de 1 % par rapport à 2022.

En cause notamment, le réseau qui se dégrade et qui nécessite désormais de lourds investissements. L’Etat, qui avait promis 45 milliards d’euros d’ici à 2027, a finalement revu à la baisse sa participation en la portant à 30 milliards. L’année dernière la DB a ainsi dû effectuer des « paiements anticipés » d’habitude financés par l’Etat, ce qui explique en partie les pertes.

Les activités voyageurs et cargo sont déficitaires et la compagnie a aussi été handicapée par un conflit social avec les conducteurs qui lui a valu des grèves à répétitions pour un coût évalué à 200 millions d’euros. Le bars de fer avec le syndicat GDL n’est toujours pas fini et les grèves se poursuivent depuis le début d’année.

La DB a toutefois bon espoir de trouver un accord prochainement et table aussi sur la vente de DB Schenker qui pourrait rapporter plusieurs milliards. Bien que la conclusion de cette vente ne soit pas attendue cette année, la compagnie prévoit tout de même un retour aux bénéfices en 2024 lorsque l’Etat aura procédé aux remboursements des avances pour travaux.

Ewa

La nouvelle méthode radicale des chemins de fer allemands pour rénover leur réseau

DB Allemagne intempéries

Réorganisation en profondeur pour l’opérateur historique allemand des chemins de fer. Depuis le 1er janvier, une entité baptisée DB InfraGO AG a été créée, regroupant DB Netz (le gestionnaire du réseau) et Station & Service (la gestion des gares). Le conseil de surveillance de l’entreprise ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB), avait en effet décidé à l’automne dernier, de créer une entité indépendante  chargée de « servir l’intérêt général » mais qui resterait intégrée au groupe.

InfraGO regroupe plus de 61 000 employés, dont plus de 53 000 personnes pour gérer les 33 400 kilomètres de lignes qui voient passer 50 000 trains par jour, et 8000 pour les 5400 gares. InfraGO sera chargé de mettre en oeuvre un ambitieux programme de rénovation du réseau : l’Etat allemand va injecter 45 milliards d’euros d’ici à 2027 pour rénover les infrastructures.

Les gestionnaires d’infrastructures auront les yeux rivés sur l’Allemagne

Depuis plusieurs années en effet, le réseau vieillit, le service se dégrade et la ponctualité s’effondre : en 2022, un tiers des trains grandes lignes (ICE et IC) avait  affiché un retard. Pour le remettre à niveau, l’Allemagne s’apprête à employer les grands moyens : la DB va fermer pendant plusieurs mois des lignes entières pour réaliser des travaux en les massifiant, en une seule fois, au lieu de programmer des bouts de chantiers sur plusieurs années. L’initiative devrait être regardée de près par tous les gestionnaires d’infrastructures ferroviaires en Europe.

Le coup d’envoi doit être donné sur une ligne majeure, reliant Francfort à Mannheim, qui devrait être fermée pour travaux pendant cinq mois, du 15 juillet au 14 décembre 2024. Une décision plus facile à prendre en Allemagne qu’en France, en raison du maillage du réseau outre-Rhin, qui permettra, moyennant quelques détours, de réaliser quand même le trajet entre Francfort et Mannheim. Les trains grandes lignes continueront par exemple à relier les deux villes. Ainsi, les TGV reliant Paris à Francfort devraient voir leur temps de parcours allongé de 30 minutes.

D’autres lignes devraient suivre comme Hambourg-Berlin en 2025 ou, plus tard, Hambourg-Hanovre.

Pour réussir cette reprise en main, la DB souhaite mettre au point un plan pluriannuel définissant des indicateurs de performance clés et des mesures, avec une mise à jour annuelle. Avec un objectif : doubler le volume de voyageurs transportés et faire croître la part du fret ferroviaire de 19 % à 25 %.

Marie-Hélène Poingt

 

 

Ewa

Flixtrain obtient gain de cause en justice contre la DB

Train FlixTrain en Alemagne
La compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn a perdu une nouvelle bataille judiciaire contre son principal concurrent sur les grandes lignes, Flixtrain. L’opérateur privé avait porté plainte à Hambourg contre les méthodes de vente en ligne de la DB, jugées préjudiciables. Il a obtenu gain de cause début décembre : le tribunal régional a condamné la compagnie d’Etat à lui verser des indemnités pour avoir installé en 2018 des « filtres trompeurs » sur le site internet « bahn.de » et l’application « DB Navigator ».

En privilégiant la « liaison la plus rapide », option sélectionnée à l’avance par la DB, les lignes Berlin-Stuttgart et Hambourg-Cologne de Flixtrain étaient automatiquement exclues de la liste des offres, en raison d’un trajet plus long. « La décision du tribunal régional de Hambourg est un bon signal pour les consommateurs », a réagi Sebastian Meyer, porte-parole de Flixtrain, sans cacher que cette bataille judiciaire n’était pas finie.

Filtre trompeur et illicite

La condamnation de la justice hambourgeoise n’est pas la première en Allemagne sur la billetterie en ligne de la DB. Le 4 octobre, le tribunal régional de Francfort lui avait déjà interdit d’utiliser ce filtre. « Il est trompeur et illicite », avaient estimé les juges. L’Office fédéral de lutte contre les cartels (Bundeskartellamt) est allé encore plus loin en exigeant en juin 2023 des modifications en profondeur de l’ensemble du système de distribution des billets mais aussi de la rémunération des plateformes de vente.

« La justice allemande n’a pas dénoncé que les filtres. Quand les offres des privés apparaissent, elles sont proposées sans les tarifs », indique Matthias Stoffregen, directeur de la Fédération des entreprises de transport ferroviaires privés (Mofair). L’Office des cartels a obligé la compagnie allemande à mettre à disposition sur son site « bahn.de » et son application « DB Navigator» toutes les données des opérateurs privés, c’est-à-dire les horaires des trains, retards, annulations, réservations, déviations, prix, etc.. « Ce jugement est encore plus important que celui de Hambourg », rappelle Matthias Stoffregen.

Position de force

« Les distributeurs partenaires (TUI, Trainline, Omio, etc.) déplorent également les mauvaises conditions du marché. La DB leur interdit d’offrir des rabais mais aussi d’utiliser des mots clés qui pourraient favoriser leurs référencements », ajoute-t-il.

De son côté, la DB a expliqué que la plainte de Hambourg n’était plus d’actualité. « Les faits sont anciens et n’ont plus aucune incidence sur l’information des voyageurs », a réagi un porte-parole. « Nous allons examiner le jugement et les motifs. Nous déciderons s’il est pertinent de faire appel », poursuit-il.

La mauvaise visibilité des offres entrave la liberté de concurrence, dénonce aussi Allrail, l’association qui défend à Bruxelles les entreprises privées de transport ferroviaire en Europe. « La libération du marché ferroviaire européen ne pourra se faire qu’avec une réglementation de la vente de billets », affirme l’association.
 
« La DB reste en effet en position de force sur le marché de la distribution avec un site omniprésent. C’est elle décide qui a le droit de vendre des billets sur son site. C’est une situation qui s’apparente à un quasi-monopole », critique Matthias Stoffregen. « La DB a toujours cherché à verrouiller le marché de la distribution de billets et à fixer elle-même des conditions aux concurrents indésirables. La complexité du marché a fait le reste », poursuit-il.
Le filtre « liaison la plus rapide » reste d’ailleurs toujours cochée par défaut sur le site de la DB. L’utilisateur peut maintenant le décocher.
Christophe Bourdoiseau

Ewa

La Deutsche Bahn crée une entité indépendante pour gérer les infrastructures et les gares

DB Allemagne intempéries

Une séparation claire entre les activités commerciales et la gestion du réseau mais pas de démantèlement… Le conseil de surveillance de la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB), s’est finalement rangée du côté des syndicats en entérinant la proposition de la direction de créer une entité indépendante, baptisée InfraGO, regroupant DB Netz (réseau) et Station & Service (gares), chargé de « servir l’intérêt général » et qui restera intégrée au groupe.

« On a évité le démantèlement de la DB. C’est un bon compromis », a commenté Martin Burkert, le patron du grand syndicat des cheminots (EVG). Le ministre des transports, Volker Wissing, les écologistes (au gouvernement), les transporteurs privés et la Cour fédérale des comptes s’étaient prononcés pour un démantèlement.
Si le patron de la DB, Berthold Huber, garde un pouvoir décisionnaire sur InfraGO, il devra néanmoins demander l’accord du conseil de surveillance – c’est à dire l’Etat – pour toute décision stratégique.

A partir du 1er janvier 2024, InfraGO prendra la forme d’une société anonyme sans objectif de rendement. Cette société d’infrastructures sera chargée principalement de rénover un réseau ferroviaire qui a perdu sa fiabilité en raison d’immenses retards d’investissements accumulés pendant les quatre mandats d’Angela Merkel.

L’Etat, actionnaire à 100% de la DB (une société de droit privé), a établi un cahier des charges avec des critères climatiques et commerciaux pour résoudre le principal problème du train en Allemagne : les retards. Un train Grandes Lignes sur trois n’arrive pas à l’heure (+ de 15 minutes de retard).

Selon les plans du gouvernement, InfraGO doit rénover 40 corridors ferroviaires d’ici à 2030 avec fermeture complète de lignes pendant six mois pour les travaux. Pour cela, l’Etat va donner des moyens à InfraGO : plus de 80 milliards d’euros d’ici 2027.
Christophe Bourdoiseau
 
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Ewa

« Aujourd’hui, la DB met en danger le système ferroviaire» selon le président de la Cour des comptes allemande

Intempéries Allemagne DB

Après la publication, en mars, d’un rapport très critique de la Cour des comptes allemande sur la situation de la Deutsche Bahn, VRT a interrogé son président, Kay Scheller. Selon lui,  il faut que la compagnie publique se recentre sur son coeur de métier, l’activité ferroviaire, et séparer l’exploitation des trains de la gestion du réseau.

LVDR : La DB a longtemps été un modèle en France pour sa capacité à se réformer. Est-ce encore justifié aujourd’hui ?
Kay Scheller : La réforme des chemins de fer en Allemagne remonte à près de 30 ans ! L’objectif était de libéraliser le marché. Aujourd’hui, les concurrents de la DB détiennent des parts de marché significatives dans le trafic régional et dans le transport de marchandises mais pas sur les grandes lignes. Cependant, le réseau ferroviaire reste opérationnellement entre les mains de la DB. Une réorientation fondamentale s’impose de toute urgence.
La DB se trouve depuis des années dans une crise opérationnelle, financière et structurelle qui s’aggrave d’année en année. L’infrastructure a été exploitée jusqu’à l’usure.
Le résultat est un réseau en très mauvais état. Par ailleurs, le report modal vers le rail, visé par la réforme, reste très marginal. Récemment, les problèmes se sont considérablement aggravés. Aujourd’hui, le groupe met en danger l’ensemble du système ferroviaire.
LVDR : Comment peut-on expliquer cette crise ?
K. S. : L’un des problèmes majeurs est la diversification et le manque de concentration sur l’activité principale. Malgré cela, la DB continue depuis des années à se développer loin de son cœur de métier : le chemin de fer en Allemagne.
Elle se développe encore aujourd’hui dans le monde et dans des secteurs qui sortent de ses missions de service public, tels que la logistique, les poids-lourds, les nouvelles plates-formes de mobilité ou les sociétés de transports ferroviaires hors d’Europe. Tout ce qui ne renforce pas le rail ne doit pas faire partie du groupe.
Le gouvernement fédéral a enfin reconnu ces déficits. Mais il n’a pas pris de mesures suffisantes pour résoudre cette crise permanente. En tant que propriétaire, le gouvernement est resté trop passif, sans émettre de critiques. Il lui manque toujours une stratégie, un concept global qui définirait clairement les objectifs : qu’attendons-nous des chemins de fer ? Quelle importance pour le train en Allemagne ? À quels coûts, jusqu’à quand et à quel rythme ?
LVDR : Pensez-vous qu’une séparation du réseau et de l’exploitation soit nécessaire ?
K. S. : Je pense que le modèle d’une structure intégrée, qui entretient le réseau et qui le développe avec des subventions, n’a pas fait ses preuves. L’État fédéral a besoin d’avoir une influence et une emprise directe sur le développement du réseau et de ses équipements. Ce n’est qu’ainsi qu’il  pourra défendre ses intérêts de propriétaire, de bailleur de fonds et mener une véritable politique des transports. Dans notre dernier rapport, nous préconisons la réorganisation stratégique du groupe avec des réformes de fond. Sans un changement de cap décisif, le système ferroviaire allemand finira sur une voie de garage.
Propos recueillis par Christophe Bourdoiseau