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Ewa

Elections en Allemagne. Les grandes ambitions ferroviaires des écologistes

L’Allemagne s’apprête à sortir de l’ère Merkel, après 16 ans de règne, et tous les sondages prédisent un changement de politique après les élections du 26 septembre. Une chose paraît quasiment acquise : les écologistes feront partie du prochain gouvernement quel que soit le prochain chancelier ou chancelière. Ils annoncent déjà une « grande offensive du rail » afin que l’Allemagne puisse tenir les objectifs climatiques des accords de Paris.

Ils tiennent surtout à remplacer l’actuel ministre conservateur des Transports, Andreas Scheuer, qui n’a engagé aucune des réformes promises. « Le ministre n’a rien fait », déplore Matthias Gastel, porte-parole des écologistes à l’assemblée fédérale (Bundestag) sur les questions de transport. « Nous voulons donner une nouvelle orientation à la Deutsche Bahn (DB) », ajoute-t-il.

Pour cela, les « Grünen » sont déterminés à retirer la gestion du réseau à la DB. « L’infrastructure doit servir l’intérêt général. Le réseau doit être géré par un établissement de droit public sans objectif de rentabilité », dit Matthias Gastel. « Imaginez que Mercedes-Benz soit propriétaire des autoroutes où que Lufthansa détienne plusieurs aéroports ? Cela ne peut pas marcher. » Les écologistes veulent créer un « fonds d’infrastructures » qui permettrait de financer les investissements. Ce fonds sera alimenté par le péage poids lourds, le budget fédéral et les redevances d’utilisation du réseau ferré.

Sur ce point, les écologistes sont paradoxalement plus proches des conservateurs (CDU) et du parti libéral (FDP) que de la gauche sociale-démocrate (SPD), défavorable à une séparation du réseau, mais qui constitue leur allié de prédilection.

En revanche, l’option d’une privatisation de la DB, prévue lors de la réforme de 1994, n’est plus à l’ordre du jour. La DB doit rester une société de droit privé avec l’Etat comme actionnaire unique. Les bénéfices devront servir à l’investissement dans le matériel roulant.

L’enjeu est d’intensifier la concurrence sur les grandes lignes comme c’est déjà le cas sur les lignes régionales. « Nous voulons que le degré de libéralisation sur le régional soit le même sur les grandes lignes sans quoi les autres opérateurs continueront d’être désavantagés », dit Matthias Gastel. La DB détient actuellement plus de 90 % de part de marché sur les grandes lignes. Les rares concurrents de la DB, comme Flixtrain, se plaignent d’obstacles bureaucratiques insurmontables. Pour simplifier les procédures, les Verts comptent réformer la loi de régulation des transports ferroviaires (Eisenbahnregulierungsgesetz). « Notre objectif n’est pas de démanteler le rail comme l’a fait la Grande-Bretagne », précise Matthias Gastel.

« Nous voulons au contraire réactiver 3 000 kilomètres de lignes fermées et moderniser le réseau dont 60 % n’est toujours pas électrifié », dit-il. La DB a supprimé 5 400 kilomètres de lignes ferroviaires depuis 1994, ce qui représente 16 % de l’ensemble de son réseau (33 000 km). Enfin, la relance des trains de nuit est également au programme des écologistes allemands.

L’objectif est de faire progresser la part du rail dans le transport de personne de 10 % à 20 % d’ici 2030 et de 18 à 30 % pour les marchandises.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

Succession de grèves à la Deutsche Bahn

Les conducteurs de la Deutsche Bahn sont de nouveau appelés à faire grève à partir de demain, d’abord dans le transport de fret, puis dans celui de voyageurs. Ce mouvement, qui intervient après deux grèves déjà menées en août, sera plus long et devrait perturber le retour de vacances de ce week-end et s’étendre jusqu’à mardi matin de la semaine prochaine.

Le syndicat GDL, à l’origine du conflit, réclame une hausse de salaire de 1,4% et un bonus de 600 euros cette année, suivis d’une augmentation de 1,8% en 2022. La compagnie ferroviaire allemande propose de son côté 3,2% de hausse des salaires versée en deux tranches, soit courant 2022 et 2023. Elle s’est aussi dite prête à verser une prime « coronavirus » mais n’a pas donné de chiffre précis. Face au point mort des négociations, la direction de la DB reproche à ce syndicat minoritaire de s’être engagé dans une lutte d’influence et de chercher à obtenir de meilleures conditions de travail que le grand syndicat des cheminots (EVG), interlocuteur privilégié de la DB.

Ewa

Un conflit salarial agite la Deutsche Bahn

Gare de Berlin

Après une première grève lancée par le syndicat de conducteurs GDL il y a une douzaine de jours, un nouveau mouvement social perturbe depuis ce matin la circulation des trains de la Deutsche Bahn (DB), entraînant la suppression de 75% des liaisons longue-distance. La mobilisation, qui cherche à peser sur les négociations salariales en cours, a commencé à 17H00 locales samedi dans le transport de marchandises. Elle a été étendue lundi pour 48 heures à l’ensemble du réseau.

GDL demande une hausse de salaire de 1,4% et un bonus de 600 euros cette année, suivis d’une augmentation de 1,8% en 2022. Le syndicat dénonce également une baisse de 50 euros par mois des pensions de retraite complémentaire. La DB a proposé une hausse de 1,5% en 2022 et 1,7% en 2023, demandant un délai supplémentaire « pour affronter les dommages » liés à l’épidémie de Covid-19. La direction a indiqué dimanche être prête à négocier un bonus pour cette année, mais sans en préciser le montant – une avancée insuffisante pour GDL, qui a maintenu sa grève.

Les perturbations, qui pourraient se répéter dans les prochains mois, selon GDL, interviennent alors que DB prévoit des pertes considérables pour cette année.

Ewa

La DB plus ponctuelle mais moins ambitieuse

Conséquence positive de la crise sanitaire, la Deutsche Bahn n’a jamais été aussi ponctuelle depuis 15 ans avec plus de 81 % des trains grandes lignes qui arrivent à l’heure.

Une amélioration qui s’explique principalement par un taux d’occupation des grandes lignes (ICE et Intercity) qui s’est effondré en 2020 après une année 2019 record. Plus de 85 % des trains grandes lignes sont opérationnels, un service minimum important imposé par le gouvernement Merkel, avec un taux d’occupation de 20 %. Selon des chiffres parus dans la presse, la compagnie ferroviaire allemande a transporté plus de 72 millions de voyageurs entre janvier et octobre 2020, soit 53 millions de moins qu’en 2019 sur cette période (-42 %).

Pour 2020, la DB a prévu une perte d’au moins 3,3 milliards d’euros (contre 1,8 milliard de bénéfices qu’en 2019). Le coût de la crise sanitaire a été évalué par l’Etat (actionnaire à 100 % de la DB) à 13 milliards d’euros et ne pourra être financée autrement que par de nouveaux emprunts, notamment pour maintenir les programmes d’investissements dans de nouveaux matériels et l’électrification des lignes secondaires (61 à 70 % du réseau en 2025). Le bilan 2020 doit être présenté le 25 mars.

Les perspectives sont sombres pour la DB qui comptait financer ses investissements grâce aux bénéfices du transport voyageurs. Avec le développement du télétravail et des vidéo-conférences, la DB devrait abandonner l’objectif de doubler le nombre de ses passagers d’ici 2030 à 260 millions par an.

Quant aux dettes, la DB avait tablé sur 27 milliards d’euros en 2020. Selon le quotidien économique Handelsblatt, elles devraient atteindre au moins 32 milliards. D’ici la fin d’année, les experts craignent même un endettement de 35 milliards, un niveau qui dépasserait la limite autorisée par la loi. L’assemblée fédérale (Bundestag) a dû amender le texte pour remonter cette limite de 30 à 35 milliards.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

La Deutsche Bahn investit dans les taxis volants

Malgré les déficits qui s’accumulent, la compagnie ferroviaire nationale allemande veut continuer à investir dans le développement des transports par drone. Selon les informations à la fin de l’année dernière du quotidien berlinois « Der Tagesspiegel », la Deutsche Bahn aurait déjà investi 46 millions d’euros dans une douzaine de start-up spécialisées dans ce secteur d’avenir parmi lesquelles le britannique Skyports (https://skyports.net), une société qui conçoit des taxis volants électriques. La DB est convaincue que ce mode de transport pourra compléter un jour l’offre de la compagnie dans les grandes gares. Une étude avec Skyports est en cours pour étudier les possibilités de décollage et d’atterrissage sur les infrastructures ferroviaires. La DB utilise déjà des drones Multicopter pour contrôler l’état des ponts ou de la végétation sur le bord des voies.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

La DB aurait besoin de 8 à 10 milliards d’euros pour sortir de la crise

Jour après jour, la Deutsche Bahn (DB) s’enfonce dans le rouge. Richard Lutz, le président de la compagnie ferroviaire allemande, a prévenu Andreas Scheuer, son ministre de tutelle aux Transports, que si l’Etat – propriétaire à 100 % – veut continuer à faire circuler les trains malgré l’absence de voyageurs, il faudra qu’il en supporte les coûts.

Le gouvernement allemand a en effet imposé à la DB de maintenir un service minimum suffisamment important pendant la crise pour assurer la circulation des personnes. Actuellement, 75 % des trains circulent en Allemagne… pratiquement à vide (10 à 15 % du trafic habituel).

« Cette politique des trains vides engendre des déficits monstrueux », critique l’opposition libérale (FDP). Le besoin de liquidités est en effet équivalent à la compagnie aérienne privée Lufthansa qui a presque toute sa flotte clouée au sol.

Selon les informations du magazine « Der Spiegel », la DB a besoin de 8 à 10 milliards d’euros d’ici 2024 – autant que Lufthansa – pour s’en sortir financièrement tout en conservant le programme de modernisation du réseau, incontournable pour rattraper un retard d’investissements important dans les infrastructures.

L’aide pourrait se faire sous la forme d’une augmentation de capital. La discipline budgétaire à l’allemande, appliquée également à la DB, devrait être alors abandonnée. Tandis que la dette était encore sous les 20 milliards avant la crise (limite autorisée), elle devrait passer à 25 milliards en prenant en compte les mesures d’économie qui accompagneront les aides. Les syndicats craignent que les 100 000 embauches prévues ces prochaines années ne soient désormais remises en cause.

Christophe Bourdoiseau, à Berlin

Ewa

Une catastrophe ferroviaire évitée de peu en Allemagne

En passant très tôt, le 20 mars, sur un grand pont ferroviaire près de Wiesbaden (Land de Hesse), le conducteur allemand d’un train à grande vitesse ICE sur la ligne Francfort – Cologne a ressenti des vibrations anormales. La Deutsche Bahn (DB) a immédiatement interrompu la circulation. Raison invoquée : un « acte de vandalisme ».

On a évité une catastrophe : les attaches qui solidarisent les fils de rails aux traverses avaient été démontées sur 80 mètres de voie. Le magazine Der Spiegel, qui a révélé l’affaire, rapporte que l’écartement des rails accusait déjà cinq centimètres de plus que la normale. Selon les experts, si la ligne n’avait pas été interrompue à temps, le prochain train aurait pu chuter de 50 mètres dans le vide.

Un Allemand de 51 ans mis en examen

La police a réussi à mettre rapidement la main sur l’auteur de ce sabotage. Il s’agit d’un Allemand de 51 ans qui venait de sortir de prison après une condamnation pour une affaire de racket. Mis en examen pour « tentative d’assassinat », il n’a pas toujours pas expliqué les raisons de son geste. L’enquête n’exclut pas des complicités.

Dans une lettre de revendication, adressée à chancelière Angela Merkel et à d’autres politiciens, il avait indiqué l’endroit exact du sabotage. Un indice qui a permis aux enquêteurs de retrouver rapidement sa trace et surtout sa voiture, dans laquelle se trouvaient des outils spéciaux pour le démontage des attaches de traverses.

La DB a pu réparer la voie sans dommage.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

La DB va baisser ses tarifs grâce à la réduction de la TVA

Munich gare

Le plan climat du gouvernement Merkel va permettre à la compagnie ferroviaire allemande d’annoncer une baisse du prix des billets dès janvier grâce à la réduction de la TVA de 19 à 7 %. Richard Lutz, le président de la Deutsche Bahn (DB), a promis de répercuter cette baisse « à 100% » sur les billets, mais seulement pour les trajets supérieurs à 50 kilomètres.

Cette baisse devrait être d’environ 10 % sur le prix client. Alors que le gouvernement prévoit d’augmenter les taxes sur la voiture, la DB pourrait fixer son tarif d’appel à 13,40 euros sur les grandes lignes, ce qui lui permettra de renforcer sa compétitivité face à Flixbus et Flixtrain.

Avec cette baisse des tarifs, la DB espère gagner 5 millions de voyageurs supplémentaires par an.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

L’Allemagne va étudier la réouverture de lignes ferroviaires abandonnées

La rentabilité n’est plus le principal objectif de la Deutsche Bahn. L’actionnaire principal, l’Etat, a décrété que l’objectif principal de la compagnie ferroviaire allemande n’était plus « la maximisation du profit mais la maximisation du transport ferroviaire ».

La décision d’un moratoire sur la fermeture de lignes déficitaires s’inscrit dans ce nouveau plan stratégique « Pour un rail fort » (Starke Schiene). Une « Task Force » a été créée pour étudier quelles lignes abandonnées étaient susceptibles d’être réactivées. Le plan « détaillé » sera présenté au cours de l’année 2020.

« Nous avons besoin en Allemagne de chaque kilomètre de ligne pour répondre à l’augmentation de la circulation de voyageurs mais aussi de marchandises et pour renforcer le réseau ferroviaire », a confirmé Ronald Pofalla, directeur des infrastructures à la DB.

Le groupe de travail se basera sur la liste de 3 000 kilomètres de lignes susceptibles d’être réactivées, établie par l’organisation « Allianz pro Schiene » qui regroupe ONG environnementales, associations de consommateurs, syndicats et entreprises régionales du rail.

Cette décision confirme la volonté du gouvernement de faire du rail l’un des fers de lance de la lutte contre le réchauffement climatique. La compagnie allemande a l’intention de doubler le nombre de passagers d’ici 2030, à 260 millions par an, et augmenter ses capacités de 30 %. L’objectif de faire rouler tous ses trains avec de l’énergie renouvelable a été avancé à 2038 contre 2050 auparavant.

Depuis la réforme de 1994, la DB a supprimé 5 400 kilomètres de lignes ferroviaires, ce qui représente 16 % de l’ensemble de son réseau de 33 000 km.

Christophe Bourdoiseau, à Berlin

Ewa

La Deutsche Bahn stoppe la vente d’Arriva

Le départ anticipé du directeur financier, entériné le 18 novembre par le conseil de surveillance, a mis un terme au bras de fer sur le dossier Arriva au sein du directoire de la Deutsche Bahn (DB). Alexander Doll avait été nommé il y a un an et demi pour procéder à la vente de cette filiale qui regroupe des activités de transport de personnes dans 14 pays d’Europe (trains et bus).

Cette cession devait rapporter quatre milliards d’euros à la compagnie ferroviaire allemande, selon les calculs d’Alexander Doll. Les recettes devaient servir à réduire l’endettement de la DB (20 milliards d’euros) et surtout à financer l’achat de nouveaux trains et de bus en Allemagne afin de contribuer au plan climat du gouvernement Merkel.

Mais la barre avait été placée beaucoup trop haut. Le prix de cession ne prenait pas en compte une dette d’un milliard d’euros, pas plus que les engagements sur les retraites de plus de 400 millions ou encore les incertitudes liées au Brexit (le siège d’Arriva est en Grande-Bretagne). La DB s’est rapidement rendu compte que les candidats à la reprise n’étaient pas du tout disposés à payer le prix fort.

Le patron de la DB, Richard Lutz, a reproché à Alexander Doll de ne pas avoir correctement informé la direction, ce que l’intéressé dément. Les représentants du personnel, qui le soutenaient, ont réclamé des explications sur un conflit qui est rapidement devenu politique. Le ministre des transports lui-même, Andreas Scheuer, avait réclamé il y a quelques semaines le renvoi pur et simple du directeur financier. « La direction et le propriétaire (l’Etat, NDLR) devraient faire preuve de plus de transparence sur ce dossier avant de prendre des décisions sur le personnel », a regretté Torsten Westphal, le nouveau président du syndicat majoritaire des cheminots (EVG).

Christophe Bourdoiseau