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Ewa

La Deutsche Bahn veut doubler le nombre de passagers sur ses grandes lignes

La compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB), a annoncé le 19 juin un nouveau plan stratégique nommé « Un rail fort » (Starke Schiene) dont l’objectif principal est de doubler, d’ici à 2030, le nombre de passagers sur ses grandes lignes à 260 millions par an.

Pour cela, la DB veut embaucher 100 000 personnes, augmenter ses capacités de 30 % en investissement dans du matériel roulant, fixer les fréquences à 30 minutes entre les 30 plus grandes villes du pays et transformer ses gares en centre multimodal (correspondances avec les bus, mis à disposition de vélos, carsharing, e-Scooter, etc.).

La part de marché du fret doit passer de 18 à 25 %

La DB souhaite également croître de 70 % dans le transport de marchandises (DB Cargo) avec l’achat de 300 nouvelles locomotives. La part de marché dans le fret doit passer de 18 à 25 %. Le président a démenti les rumeurs d’une cession de ses activités fret hors-rail. « DB Schencker continuera de faire partie intégrante du groupe », a rappelé le président Richard Lutz.

Ce plan est la conséquence d’une reprise en main de l’actionnaire unique de la DB, l’Etat allemand, qui a souhaité un recentrage sur le cœur d’activité et a réclamé une réforme en profondeur au directoire pour résoudre le problème récurrent du manque de ponctualité des trains de la DB.

Le gouvernement souhaite par ailleurs que le rail contribue à ses objectifs environnementaux. D’ici 2038, la DB devra faire rouler ses trains avec 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2038 et non plus en 2050. Le gouvernement Merkel IV avait inscrit dans son contrat de coalition que l’objectif de la DB « n’était pas la maximisation du profit mais la maximisation du transport ferroviaire ».

La vente de la filiale britannique Arriva (près de 20 % des effectifs de la compagnie) devrait contribuer en partie au financement du plan.

Christophe Bourdoiseau

Ewa

L’alliance franco-allemande Alleo sur la voie de la reconquête

Alleo, qui fête cette année ses dix ans, est en train de rattraper le retard subi en 2016. L’offre à grande vitesse franco-allemande proposée en coopération par la SNCF et la Deutsche Bahn a en effet fortement subi l’année dernière…

le contrecoup des attentats perpétrés en France et de l’accident de la rame d’essai du TGV Est survenu fin 2015. « Alors que nous affichions un trafic en hausse de 5 à 10 % par an au tout début de la coopération, puis de +3 à +5 % à partir de 2012, le trafic a chuté en 2016 en atteignant 1,6 million de passagers contre 1,8 million l’année précédente », relate Emmanuel Mroz, le directeur d’Alleo côté France. « En 2017, notre objectif est de rattraper ce retard et même de gagner encore du trafic. Nous sommes sur la bonne voie », ajoute-t-il.

Les évolutions de dessertes proposées depuis 2016 devraient y aider. Tout particulièrement l’ouverture de la deuxième phase du TGV Est en juillet dernier, qui a permis de gagner 30 minutes entre Paris et Stuttgart et une dizaine de minutes entre Paris et Francfort. A cette occasion, l’offre a été augmentée et portée à 5 allers-retours chaque jour entre Paris et Stuttgart (en 3 heures 08 pour le meilleur temps de parcours) et à 6 allers-retours quotidiens entre Paris et Francfort (3 heures 38, meilleur temps de parcours). De plus, un train relie chaque jour Francfort à Marseille.

Un billet combiné a également été mis en place permettant de prendre facilement et avec un seul titre de transport une correspondance entre les trains Alleo et sept destinations importantes (Hambourg, Berlin, Heidelberg et Kassel côté allemand, Bordeaux, Montpellier et Marne-la-Vallée, côté français). « Nous avons dû fournir un travail important pour trouver les meilleures correspondances et des tarifs avantageux qui ne correspondent pas à l’addition du prix des deux billets. Cela répondait à une vraie demande », commente Emmanuel Mroz.

Pour conquérir de nouveaux voyageurs, Alleo mise aussi sur le service. Le Wi-Fi sera proposé à bord des trains gratuitement à partir de juillet. Et une réflexion est lancée sur l’extension des périodes de réservation : aujourd’hui, il est possible de le faire jusqu’à 4 mois avant, pourquoi pas plus ? s’interroge Alleo.

Enfin les responsables franco-allemands vont prochainement plancher sur la suite de l’accord de coopération Alleo prévu pour durer jusqu’en 2020. Il y a du potentiel estime-t-on, puisque si sur la ligne Paris – Stuttgart, le train accapare 65 à 70 % des parts de marché face à l’avion, il n’en détient que 30 à 35 % sur l’axe Paris – Francfort. En attendant, 10 000 billets vont être vendus en France au prix promotionnel de 29 euros en seconde classe (39 euros en 1re) du 1er au 10 juin pour des voyages à effectuer du 19 juin au 30 septembre sur les lignes Alleo. Et 10 000 billets seront vendus aux mêmes conditions côté allemand pour marquer les dix ans de l’accord.

M.-H. P.

Ewa

Deutsche Bahn tire un trait sur les bus longue distance

Qui pourra encore empêcher l’irrésistible course au monopole de Flixbus sur le marché des autocars longue distance en Allemagne ? Une chose est sûre : ce rôle ne reviendra pas à la Deutsche Bahn. Le groupe vient en effet d’annoncer son intention de se désengager… d’un marché sur lequel elle ne sera jamais vraiment parvenu à prendre pied, en dépit de deux marques : IC Bus et Berlin Linien Bus. Dès cet été, Deutsche Bahn annonçait vouloir « faire de la consolidation en cours du marché des bus longue distance le cadre d’une réflexion autour de [son] activité dans ce secteur ». Avant de trancher : la plupart des 40 liaisons assurés par BerlinLinienBus devraient disparaître à la fin de l’année. Certaines devraient être reprises par l’autre marque du groupe, IC Bus, mais cette dernière se concentrera sur ses lignes transfrontalières les plus profitables (comme Berlin-Copenhague ou Hambourg-Amsterdam).

L’agence de presse allemande dpa rapporte que, sur un chiffre d’affaires annuel de 12 millions d’euros, BerlinLinienBus représentait une perte nette de 28 millions d’euros.
Inacceptable pour Rudiger Grube, qui se plaignait récemment que la recette moyenne par personne et par kilomètre d’un bus longue distance s’élevait à 3,7 centimes d’euros, quand il en faudrait sept pour être profitable.

De quoi laisser les coudées franches à Flixbus, qui, pendant ce temps, continue de grignoter les parts de marché. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir la libéralisation du marché lancée en 2013 et que le ministre fédéral des Transports Alexander Dobrindt, décrivait un an plus tard comme « une nouvelle dimension de la mobilité », aboutir aujourd’hui à un monopole de fait. Flixbus contrôle aujourd’hui 80 % du marché allemand, un chiffre qui devrait grimper à 90 % avec la sortie de Deutsche Bahn du paysage. Si elle affiche encore des résultats négatifs, la start-up bénéficie du soutien d’investisseurs importants, dont General Atlantic, ou le fonds de capital risque Holtzbrinck Ventures.  Sa grande souplesse – elle ne possède ni flotte de véhicules ni chauffeurs, mais sous-traite son activité à des PME – lui a permis d’opter pour une stratégie d’expansion tous azimuts en absorbant ses concurrents et en ajoutant des liaisons à son portefeuille. Dans un contexte de guerre tarifaire, elle a éliminé petit à petit ses concurrents en les acquérant : Mein Fernbus, en janvier 2015, puis en juin dernier Megabus, et enfin Postbus au mois d’août. Une politique low-cost qui pourrait finir par avoir un coût social : la semaine dernière, la chaîne NDR révélait que les salariés de Megabus avaient reçu leurs premières lettres de licenciements : 210 emplois seraient concernés.   

Gilles Bouvaist, à Berlin

 

Ewa

La crise est consommée entre le syndicat des conducteurs de locomotive et la Deutsche Bahn

La plus longue grève de l’histoire du rail allemand, qui s'est achevée le 10 mai, s’est déroulée sur fond de dialogue de sourd autour de la question de la représentativité syndicale…  

La grève qui s’est achevée ce dimanche 10 mai laissera des traces : s’il s’agit du huitième mouvement social en dix mois de négociations salariales, celle-ci restera comme la plus longue de l’histoire du rail allemand. La direction de Deutsche Bahn (DB) a estimé que la grève avait représenté une perte pour l’entreprise de 10 millions d’euros par jour.

Lancée le 5 mai pour les trains de voyageurs, immobilisant en moyenne deux trains sur trois, celle-ci a pris fin progressivement. Dès son lancement, le responsable des ressources humaines de Deutsche Bahn, Ulrich Weber, chargé des négociations, avait déploré « une gifle pour nos clients et nos employés », reprochant au syndicat d’avoir « perdu tout sens de la mesure » dans une « épreuve de force superflue ». Claus Weselsky, le patron du syndicat, a lui dénoncé « l’incapacité à négocier » de Deutsche Bahn. Les tentatives de conciliation, et notamment l’idée de nommer un médiateur avancée par DB, ont été sèchement rejetées par le syndicat – Claus Weselsky évoquant « un gag de relations publiques ».

 

La direction de Deutsche Bahn proposait une augmentation à compter du 1er juillet des salaires de 4,7 %, en deux temps, ainsi que le versement d’une prime de 1000 euros, tandis que GdL souhaitait une augmentation de 5 % et une heure de travail hebdomadaire en moins. Au cœur du bras de fer, le point d’achoppement n’a pas bougé : le droit de signer des accords collectifs s’appliquant non pas seulement à ses adhérents conducteurs de train, mais également au personnel roulant. Une catégorie d’employés que représente majoritairement le Syndicat du rail et des transports (EVG). Hors de question pour la direction de DB, qui veut à tout prix empêcher la mise en place de règles différentes au sein des mêmes catégories de personnel. C’est d’ailleurs la question de l’application des accords signés pour les conducteurs de train à ceux affectés aux gares de triage qui a déclenché la grève… Le tout alors qu’entrera en vigueur cet été une loi rétablissant l’unité syndicale dans les accords collectifs d’entreprise. Si elle ne sera pas rétroactive, celle-ci limitera fortement le champ d’action du GdL.

Pour l’instant, aucune autre grève n’est prévue, le syndicat estimant, selon Weselsky, que « les clients avaient mérité une pause ».

 

Gilles Bouvaist, à Berlin

Ewa

« Les usagers français devraient avoir un service bien meilleur qu’il n’est aujourd’hui »

David Martin milite depuis de longs mois pour l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire français. Le PDG d’Arriva, filiale de la Deutsche Bahn, regrette que le projet de loi réformant le système ferroviaire ne le permette pas, ce qui est en contradiction selon lui avec le règlement européen sur les obligations de services publics. Le patron d’Arriva, opérateur ferroviaire déjà présent dans plusieurs pays européens, estime être en mesure de fournir un meilleur service pour un coût plus bas alors que les finances publiques sont très contraintes. Pour cela, il faut, estime-t-il, que les décideurs politiques fassent preuve de courage.  

 

Ville, Rail & Transports. Quels messages souhaitez-vous faire passer aux parlementaires français qui sont en train d’examiner le projet de réforme ferroviaire ?

David Martin. Nous sommes une entreprise de transport de voyageurs qui exploite des services de bus, de trains, de tramways, d’autocars et de bateaux-bus dans 15 pays d’Europe. Nous avons déjà montré au cours des dernières années que nous étions en mesure de fournir un meilleur service au même coût ou à un prix inférieur. En France, selon nous, la réforme ferroviaire doit offrir, tout particulièrement aux régions, la possibilité de tester, face à la SNCF, l’offre des opérateurs concurrents.

Cela permettra aux autorités organisatrices de transports de déterminer dans quels cas l’on obtient la meilleure qualité, la plus grande ponctualité ou fiabilité lors de l’exploitation de trains en délégation de service public ; bref, tout ce qui assure un meilleur retour d’investissement pour le contribuable. De nombreuses études sur les expériences en cours, dont certaines réalisées par la Commission européenne, montrent qu’il est possible d’économiser de 25 à 30 % sur les coûts pour le même service, ou bien d’obtenir, à coût égal, plus de services de qualité bien supérieure.

Cette possibilité d’ouverture à la concurrence est conforme au règlement européen sur les Obligations de service public (OSP). Elle aurait dû être intégrée dans la réforme. Mais ce que je comprends – à moins que je ne me trompe – c’est que cela ne sera probablement pas possible avant 2022. C’est regrettable ! Vous avez beaucoup à gagner à ouvrir le marché.

Certes, c’est une question politique en France. Mais notre expérience dans divers pays – Pays-Bas, République tchèque, Danemark, Portugal, Royaume-Uni – montre que l’ouverture du marché de transport de voyageurs déclenche un cercle vertueux : l’Etat, les collectivités territoriales font des économies, les améliorations en qualité de service attirent davantage de clients, ce qui accroît les revenus générés par les passagers, et améliore l’économie du système.

 

VR&T. Qu’est-ce qui pourrait être amélioré selon vous dans le projet de réforme ? Que pensez-vous de ces trois établissements publics : Epic de tête, SNCF Mobilité, SNCF Réseau ?

D. M. Tous les modèles peuvent fonctionner. Mais il faut s’assurer que le régulateur (l’Araf) disposera vraiment des moyens pour contrôler le marché, garantir la transparence et la non-discrimination. Il faut également que le gestionnaire d’infrastructure ait un niveau élevé d’indépendance. Nous avons besoin de comprendre comment va fonctionner la gouvernance du système, c’est-à-dire la séparation entre les deux entités SNCF Mobilités d’un côté et SNCF Réseau de l’autre. Afin de garantir l’indépendance du gestionnaire d’infrastructure d’un point de vue organisationnel et décisionnel il est essentiel de départager clairement les responsabilités entre les différentes entités, la holding et les deux autres établissements publics. Enfin, nous regrettons que l’ouverture du marché ne fasse pas partie de la réforme ferroviaire.

 

VR&T. Y a-t-il un modèle en Europe qui devrait servir selon vous d’exemple à suivre ?

D. M. Tous les modèles atteignent un certain niveau de performance. L’objectif au fond, c’est d’apporter le meilleur service au meilleur coût. Au Danemark, nous sommes le seul opérateur privé. C’est là où le niveau de satisfaction de nos clients est nettement le plus élevé et où les performances en termes de productivité des trains sont de loin les meilleures. Résultat : nous avons pu réaliser des économies de l’ordre de 40 % à 50 %. Et ce n’est pas seulement en réduisant les dépenses que nous réduisons les coûts, c’est aussi grâce à la progression de la fréquentation des trains. Ayant ainsi rendu le système plus attractif, nous sommes conduits à acheter plus de trains. Ainsi, aux Pays-Bas, nous avons récemment dû commander cinq rames supplémentaires. Je tiens à préciser d’autre part que, contrairement à ce que l’on essaye de faire croire parfois en France, nous ne faisons pas de « dumping social » pour baisser les coûts. Nos salaires sont équivalents, voire supérieurs, à ceux des autres opérateurs. Simplement, nous sommes plus efficaces dans notre organisation.

 

VR&T. En quoi votre organisation est-elle plus performante ?

D. M. Le plus gros investissement, c’est l’achat du matériel. Dans beaucoup de pays, quand nous arrivons, nous voyons de nombreux trains immobilisés dans les ateliers, qui ne transportent pas de voyageurs. Nous devons avoir la meilleure utilisation du matériel roulant. La façon de planifier la rotation des trains est fondamentale. En même temps, pour rendre les transports publics attractifs, vous devez permettre aux passagers de mémoriser facilement les horaires. Par exemple toutes les 30 minutes.

Nous devons optimiser l’utilisation des trains. Cela a un coût marginal. Mais il faut également que l’organisation du travail des conducteurs permette cette meilleure utilisation des matériels. Et qu’ils travaillent réellement le temps qui leur est payé. Nous n’avons aucun problème à payer – bien – les salariés pour leur travail. En revanche, ce qui est problématique, c’est lorsque sur 6 heures de travail, il y a seulement 2 ou 3 heures de travail effectif, le reste étant de l’attente. En France, le temps de conduite doit être inférieur de 50 % à ce qu’il est ailleurs. Mais il ne s’agit ni de revendication syndicale ni de mauvaise volonté des personnels. C’est la conséquence d’une organisation qu’il faut améliorer.

 

VR&T. Quel accueil a été réservé en France à votre proposition, faite en octobre dernier, de lancer des expériences pilotes d’exploitation du TER par d’autres opérateurs que la SNCF ?

D. M. Globalement, la réaction a été positive. Nous avons ouvert le débat. La transparence de notre offre répond positivement à la demande de nombreuses régions. Malheureusement, quand certaines d’entre elles décident aujourd’hui de prolonger leur contrat avec la SNCF, elles laissent passer cette occasion.

Dans notre dialogue avec les régions, nous n’avons aucunement l’intention de leur dicter leur conduite, mais nous tentons de partager avec elles notre expérience afin de les aider à mettre en place, le système qui convienne le mieux à la France. Nous avons eu des discussions, avec à peu près la moitié des régions et même des discussions approfondies avec six d’entre elles. Il y a un an, le débat portait sur le « dumping social » et la sécurité. Il s’est depuis élargi et porte sur les questions de qualité, de coûts, de ponctualité, d’absence de transparence du système actuel.

Il est possible que les régions utilisent ces discussions pour obtenir de meilleurs coûts et de meilleurs services de la part la SNCF. Elles en tireront sans doute un bénéfice. Mais le véritable bénéfice serait pour elles de faire confiance à d’autres opérateurs.

 

VR&T. Quel calendrier souhaitez-vous ?

D. M. Il est préférable de se préparer sans délai à cette ouverture. Il faut jusqu’à trois ou quatre ans pour préparer l’offre. Et une fois la décision prise, il faudra environ deux ans pour mettre en place un projet pilote. D’où la nécessité de se décider vite pour que régions, opérateurs et constructeurs soient prêts. Pour que les opérateurs aient le temps de préparer leurs offres, pour que l’on puisse par exemple commander des trains. Même si cela ne commence qu’en 2022, il faut se préparer très vite. Le temps file ! ! La réforme a manqué l’occasion de préciser toutes ces étapes à franchir pour passer de la situation actuelle à l’ouverture du marché.

 

VR&T. Que pensez-vous de la volonté de certaines régions en France d’acheter elles-mêmes le matériel roulant ?

D. M. La question de la propriété du matériel est partout la plus importante. Les modalités sont différentes d’un pays à l’autre. En Suède, les régions achètent les trains et nous les donnent à exploiter, au Danemark, nous possédons les trains, aux Pays-Bas, nous les possédons aussi, mais pas au Portugal… L’Allemagne est un cas intéressant. C’est l’un des marchés les plus ouverts, et ce marché a évolué. Au départ, ce sont les opérateurs qui achetaient les trains. Désormais, ce sont de plus en plus les Länder qui le font et qui les confient ensuite aux opérateurs, qu’il s’agisse de la DB ou des indépendants.

En France, la SNCF est propriétaire, mais ce sont les régions qui investissent pour des montants élevés dans une période où la pression sur les finances publiques est très forte. Les régions françaises ont ainsi investi six milliards au cours des dix années passées dans le matériel roulant. Le fait que les régions financent le matériel a du sens. Simplement, elles devraient en avoir le contrôle. Alors pourquoi ne pas lest acheter elles-mêmes ?

Par ailleurs, les autorités organisatrices de transports devraient élargir le nombre de fournisseurs. Alstom, bien sûr, et Bombardier. Mais en Europe, le marché évolue : en plus de Siemens, l’Allemagne recourt à Pesa ou à Stadler, dont la part augmente rapidement. On voit apparaître Caf hors d’Espagne, Hitachi s’implante au Royaume-Uni… Le marché évolue. Il est temps de changer.

 

VR&T. Quelle part du réseau vous intéresse en France ?

D. M. La France est le deuxième marché européen pour les transports publics. Bien sûr que ce marché nous intéresse ! Mais nous regardons les opportunités où qu’elles soient car Arriva opère dans une quinzaine de pays d’Europe. En France, nous pensons que l’exploitation des TER ou des trains d’équilibre du territoire, n’est pas satisfaisante. Les usagers français ont droit à un service bien meilleur qu’il n’est aujourd’hui.

Ce sera également bon pour l’opérateur historique, qui sera poussé à plus d’efficacité. Aux Pays-Bas, la régularité de l’opérateur historique NS était de l’ordre de 80 % il y a quelques années. Elle est aujourd’hui de 90 %. Pourquoi ? Parce qu’Arriva a pris une part importante du marché. Il en va de même au Danemark. Au Royaume-Uni, nous obtenons un niveau de satisfaction impressionnant de 93 %.

 

VR&T. Comment pensez-vous constituer vos équipes ?

D. M. Pour nous implanter en France, nous serons français. Nous ne faisons pas appel à des Britanniques hors du Royaume-Uni. Nous ferons appel à une équipe de management française. C’est ce que nous avons l’habitude de faire : employer des personnes du pays pour leur expertise, pour nous aider à mieux comprendre les attentes nationales. Arriva emploie 60 000 personnes dans le monde. Nous n’avons aucune difficulté à nous implanter, précisément parce que nous recourons au management local.

Ceci implique de porter une forte attention à la dimension sociale. Nous avons besoin de gens motivés, qu’ils soient conducteurs, agents d’entretien, ou ingénieurs. Ce sera mon plus grand souci.

 

VR&T. Comment ferez-vous pour répondre aux préoccupations des régions qui devraient devenir des autorités organisatrices de la mobilité avec la réforme territoriale ?

D. M. C’est l’une de nos préoccupations majeures : proposer des offres intermodales. Nous intégrons toutes les solutions de mobilité pour répondre aux demandes des autorités organisatrices. C’est déjà le cas par exemple au Danemark ou aux Pays-Bas, où Arriva est installé de longue date.

 

VR&T. Lors de la première lecture du quatrième paquet ferroviaire, le Parlement européen a voté une clause de réciprocité, reçue en France comme « clause anti-Keolis ». Qu’en pensez-vous ?

D. M. Le débat va continuer au Parlement. Keolis a déjà engagé de nombreux investissements à l’étranger, en Europe par exemple. La SNCF est présente en Italie. La France ne doit pas faire du ferroviaire un sanctuaire. On voit bien que les marchés bougent, que les projets sont nombreux. Nous n’avons pas d’objection à unir dans certains cas nos forces avec la SNCF. Nous l’avons déjà fait dans le passé. Notre unique objectif est de voir s’ouvrir le marché français et non de bloquer le développement des opérateurs français ailleurs. Pourquoi priver la France de notre expérience ?

Propos recueillis par François Dumont et Marie-Hélène Poingt

Ewa

La Deutsche Bahn affectée par la météo et le contexte économique en 2013

La compagnie ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn a fait état le 27 mars de performances financières dégradées pour l'année 2013, en raison entre autres des dégâts causés par plusieurs événements climatiques et ce en dépit d'un nouveau record de passagers. Le patron de Deutsche Bahn, Rüdiger Grube, estime que le bilan 2013 diffère des exercices précédents, marqués par la cherté de l'essence qui avait poussé nombre de voyageurs à délaisser la voiture pour le train alors que tous les indicateurs financiers étaient à la hausse.
L'exercice 2013 s'est soldé, lui, par un bénéfice net divisé par plus de deux, à 649 millions d'euros, contre 1,5 milliard l'année précédente. Le chiffre d'affaires est resté quasiment stable à 39,1 milliards d'euros, tandis que le résultat opérationnel Ebit ajusté a reculé de 17,4 % à 2,2 milliards d'euros.
« La météo a été pour nous une vraie douche froide en 2013 », a souligné le patron de la Deutsche Bahn. Les violentes inondations dans une partie du pays au début de l'été et plusieurs épisodes de tempêtes ont coûté 200 millions d'euros à la compagnie. Elle évalue aussi à 110 millions d'euros le coût de la mauvaise conjoncture économique européenne et mondiale, à laquelle son activité de logistique et de fret est particulièrement sensible. Le transport de marchandises a fléchi de 1,5 % à 104,3 milliards de tonnes-kilomètre.
En revanche, au chapitre des bonnes nouvelles, la DB a attiré un nombre record de passagers : 2,02 milliards de personnes (+42 millions de voyageurs par rapport à 2012).
La compagnie ferroviaire estime profiter de nouvelles tendances générales sur la mobilité des personnes, qui montrent des ventes de voitures laborieuses et une désaffection pour les vols domestiques. Cette année, Deutsche Bahn espère renouer avec une hausse de son chiffre d'affaires, à environ 41 milliards d'euros, aidée entre autres par une amélioration de la conjoncture économique.

Ewa

Quatrième paquet ferroviaire : la bataille du rail sur les bancs du Parlement européen

Les eurodéputés allemands font blocage pour éviter l’adoption de la réforme européenne de la gouvernance du rail.  

« Un complot allemand » pour enterrer la réforme européenne du rail ? C’est en tout cas ce que pense l’eurodéputé UMP, Dominique Riquet, après le report d’un vote sur le « Quatrième paquet ferroviaire » en commission transport du Parlement européen le 26 novembre dernier.

En théorie, les eurodéputés reculent pour mieux sauter : ils devraient se prononcer mi-décembre sur 4 000 amendements et voter en plénière en février. La fenêtre de tir avant les élections européennes en mai est étroite.

Or, dans cette course contre la montre, les Allemands empêchent volontairement l’adoption de compromis pour empêcher un vote sur le volet politique du « Paquet rail », estime Dominique Riquet. Leur objectif serait l’adoption du volet technique de la réforme qui n’est pas conflictuel, et le report sine die des deux questions controversées : l’ouverture à la concurrence du trafic régional passager et la scission entre les activités de transport et de réseaux.

Des ébauches de compromis sur ces deux volets de la réforme sont sur la table : pour libéraliser le trafic passager quelque part en 2019 comme le souhaite la Commission européenne et 2029 comme le propose le rapporteur. Ou encore pour permettre l’attribution directe de marché sous la surveillance d’un régulateur « fort » comme le suggèrent les libéraux.

La séparation entre les gestionnaires d’infrastructures et les opérateurs ne serait plus aussi tranchée, ce qui rendrait la création du groupe SNCF « eurocompatible ». Les tractations actuelles portent surtout sur le contrôle des flux financiers entre filiales, un point sur lequel la Deutsche Bahn est clairement visée.

Le problème est qu’il n’y a pas de majorité claire parmi les eurodéputés. Les rapporteurs ne sont pas suivis par leur groupe : les Allemands de tout bord sont contre, les Espagnols et Italiens pour. Les Français sont divisés. Les UMP sont globalement pour le « paquet ». Les socialistes temporisent en attendant la loi française du rail. Bref, la bataille se joue député par député. Ce qui redonne du temps aux opérateurs historiques pour faire avancer leurs positions.

Nathalie Steiwer

Ewa

Bruit ferroviaire : Français et Allemands divisés sur la semelle

Alors que l’Allemagne lance en décembre des mesures antibruit, la DB se bat pour obtenir le cofinancement européen du « retrofitage » des wagons de fret. Les Français ne suivent pas. La Deutsche Bahn se bat à Bruxelles pour obtenir que l’Europe cofinance l’installation de freins moins bruyants sur les wagons de fret. Elle est poussée d’un côté par l’entrée en vigueur de mesures financières antibruit en Allemagne à partir du 9 décembre, de l’autre par l’interdiction des wagons bruyants en Suisse annoncée pour 2020. Pour la DB, ce « retrofitage » est également vital pour convaincre les riverains de la vallée du Rhin d’accepter le doublement des voies fret contre lequel ils sont très remontés. La partie est loin d’être gagnée parce qu’une partie des eurodéputés, notamment français, s’oppose au cofinancement européen. Le 27 novembre prochain, la Commission transport du Parlement européen doit adopter sa position sur la création du futur « Mécanisme d’interconnexion » destiné aux grandes infrastructures européennes. Dans ce mécanisme, la Commission européenne prévoyait un cofinancement européen couvrant 20 % du « retrofitage » des freins… Or, « je suis contre parce que ce mécanisme est fait pour financer les infrastructures et non des dispositifs embarqués », annonce l’eurodéputé français et corapporteur du Parlement, Dominique Riquet.
Une ligne suivie également par la SNCF. Dans un contexte de restrictions budgétaires, il faut « concentrer les fonds européens là où ils apportent une vraie valeur ajoutée : les réseaux », commente Jean-Michel Dancoisne, représentant permanent SNCF auprès des institutions européennes.
Les députés allemands et autrichiens soutiennent au contraire la DB comme un seul homme… Au terme des débats, il y aura certainement un compromis, relativise Dominique Riquet. Pourtant, « il subsiste beaucoup d’incertitudes techniques sur les nouvelles technologies de frein proposées, avec des impacts financiers qui vont de 1 à 10 », remarque-t-il.
Deux technologies sont proposées : les semelles K ont déjà été approuvées par l’Union internationale des chemins de fer (UIC) et réduisent davantage le bruit, mais sont plus chères. Les semelles LL sont moins chères mais n’ont pas encore été homologuées. « Les tests menés actuellement par l’UIC donnent toutes les raisons d’être optimistes », assure Joachim Fried, fondé de pouvoir de la DB pour l’Europe et la régulation. « Les doutes ne sont pas encore levés sur la viabilité économique de ces semelles », remarque au contraire Jean-Michel Dancoisne. Les Français craignent notamment que les semelles LL accentuent l’usure des roues et obligent à des reprofilages plus fréquents. Dans ces conditions, difficile d’avoir une estimation exacte des financements nécessaires à long terme. « En tablant sur un coût moyen prévisionnel de 7 000 euros par wagon, estime l’UIC, les coûts globaux à l’échelle européenne s’élèveraient à 2,8 – 3,5 milliards d’euros. »(1) Environ 350 000 vieux wagons sont concernés, selon des estimations allemandes. Un accord entre la DB et le ministère allemand des transports prévoit l’introduction de subventions publiques pour le retrofitage dès le 9 décembre 2012. De son côté, DB Netz doit mettre en place une tarification préférentielle pour les wagons équipés, après l’homologation des semelles LL « à l’été 2013 »… espère-t-elle.
Problème : le ministère allemand des transports a déjà dû ramener la subvention de 300 à 150 millions d’euros sur 8 ans, sous la pression des services européens de la concurrence et cette aide d’Etat n’a pas encore été approuvée formellement à Bruxelles. « L’UE a signalé qu’elle pourrait approuver la subvention sous cette forme, d’autant qu’elle vise tous les propriétaires de wagons et pas seulement les Allemands », assure le service de presse du ministère des Transports. Côté Commission, on remarque que les discussions continuent et qu’une solution pourrait être trouvée dans les prochaines semaines.

Nathalie Steiwer

(1) Bruit Ferroviaire en Europe. Le rapport 2010 sur l’état d’avancement de la problématique.
 

Ewa

Appels d’offres, la DB écrase les prix

L’opérateur historique a remporté 75 % des appels d’offres auxquels il a pris part, contre 28 % en 2008. La Bahn profite de la frilosité des banques, qui ferment le robinet du crédit aux plus petites compagnies. Depuis l’ouverture à la concurrence du marché régional de passagers, la DB n’a cessé de perdre du terrain face à ses concurrents, qui contrôlent désormais 20 % de l’activité. Mais l’année 2012 pourrait marquer un tournant pour l’opérateur historique, qui revient sur le devant de la scène.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Bahn a remporté cette année 75 % des appels d’offres auxquels elle a répondu, contre un taux de succès de 28 % seulement en 2008. La DB profite à plein de la frilosité des banques, qui ferment le robinet du crédit aux plus petites compagnies. Alors que les appels d’offres prévoient quasi systématiquement la mise en circulation de nouveaux trains, la DB est bien souvent la seule en position de s’imposer. Et cela devrait continuer : d’ici 2015, la moitié des franchises régionales seront remises en jeu, soit un volume de 320 millions de trains-kilomètres et un investissement global en matériel estimé à plus de 8 milliards d’euros. Certains appels d’offres nécessitent à eux seuls un effort de 100 à 200 millions pour l’achat de nouveaux trains. « Pour les compagnies non allemandes, c’est impossible », soupire Veolia Allemagne dans le journal Handelsblatt.
Preuve du regain de forme de la DB, les chefs de Keolis et Netinera (filiale de Trenitalia) en Allemagne viennent d’être remerciés pour résultats insuffisants. Au-delà de ce « coup de pouce » conjoncturel, la DB récolte aussi les fruits des efforts entrepris pour regagner en compétitivité. Ces dernières années, DB Regio (filiale régionale) a réduit de 20 % ses coûts d’exploitation.
    

Antoine Heulard

Ewa

Allemagne : DB Energie épinglé par Bruxelles

D’après la Commission européenne, la Deutsche Bahn abuserait de sa position dominante pour acquérir son énergie électrique moins cher que ses concurrents. Mais il y a polémique. La Commission européenne a ouvert le 13 juin une procédure d’infraction contre la Deutsche Bahn. Ses services de la concurrence soupçonnent la DB d’abuser de sa position dominante sur le marché pour se fournir en électricité à meilleur marché que ses concurrents. La filiale de la DB, DB Energie GmBH, « est aujourd’hui le seul fournisseur de courant de traction sur le marché allemand », a rappelé devant la presse le porte-parole du commissaire européen chargé de la concurrence, Joaquin Almunia. Or DB Energie octroie une ristourne qui peut aller jusqu’à 25 % à ses plus grands consommateurs. Dans les faits : la DB !

En mars 2011, la Commission européenne avait effectué une saisie dans les locaux de la DB à Berlin, Francfort et Mayence. Elle passe maintenant à la vitesse supérieure en ouvrant une procédure formelle. Ses conclusions peuvent arriver dans des semaines ou des mois… La DB se veut sereine. « Dans tous les
secteurs de l’énergie, les clients bénéficient de conditions différentes selon le volume et la durée de leur consommation. La Cour de cassation de Francfort a d’ailleurs conclu en 2006 que ce système n’est pas contraire aux règles de concurrence »,
rappelle Joachim Fried, administrateur et directeur pour les affaires européennes et la concurrence de la Deutsche Bahn. A la suite de la décision de l’Agence allemande des réseaux de faire passer l’acheminement de l’électricité sous le régime du droit de l’énergie et non plus le droit des chemins de fer, DB Energie a dû par ailleurs modifier sa grille tarifaire pour l’acheminement du courant (VR&T, 2 mai, p. 42). En théorie, « nos concurrents peuvent acheter leur électricité à d’autres fournisseurs. Il leur faut toutefois disposer d’un transformateur adéquat », note Joachim Fried. Ironie du calendrier, la Commission européenne vient de valider le système français de « tarifs transitoires d’ajustement du marché » (Tartam), qui a permis à la SNCF de bénéficier de tarifs réduits sur l’énergie entre 2007 et 2011. Un système aboli sous la pression de Bruxelles par l’adoption de la loi « Nome » sur l’électricité, en juillet dernier…

 

Nathalie STEIWER