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Ewa

Quand la Bahn noyautait les médias

Après l’espionnage de ses salariés, la compagnie allemande est éclaboussée par un nouveau scandale Chaque jour apporte son lot de révélations sur les pratiques douteuses de la DB. Dernier scandale en date : la compagnie est soupçonnée d’avoir cherché à manipuler l’opinion publique à coup d’actions de « marketing pirate » : forums Internet, courriers des lecteurs, articles d’opinion dans la presse. La compagnie a dépensé 1,3 million d’euros en 2007 pour infiltrer en toute discrétion les médias et faire avancer ses idées.
Certains experts reconnus et jusque-là considérés comme « indépendants » auraient été payés par la Bahn pour publier des tribunes favorables à l’opérateur dans les pages « Débats » de plusieurs grands journaux. Il s’agissait en particulier de défendre la privatisation partielle, contestée par une partie de l’opinion. A chaque fois, les auteurs taisaient la relation commerciale qu’ils entretenaient avec la DB.
Même stratagème sur Internet, où de faux bloggueurs, sous contrat avec la Bahn, étaient chargés de poster des commentaires élogieux sur la compagnie. Sur le site du Spiegel, l’un des médias d’information en ligne les plus visités d’Allemagne, le quart des commentaires concernant la DB auraient été dictés par l’opérateur.
La DB s’était par ailleurs attaché les services d’un « think-tank » berlinois très en vue. Ce cabinet officiellement autonome relayait des sondages prétendument indépendants, mais en réalité pilotés par la compagnie et dont on imagine aujourd’hui qu’ils étaient biaisés. Un subterfuge utilisé par exemple pour affaiblir le syndicat des conducteurs de train GDL, engagé dans un mouvement de grève très dur fin 2007. « 55 % des Allemands jugent injustifiés les débrayages », écrit alors le cabinet d’experts, sans préciser que ce résultat provient d’une enquête commandée par la DB. A l’époque, l’« information » avait été reprise sans précaution par la plupart des médias.
« Ce think-tank jouissait d’une grande crédibilité, alors que ces assertions lui étaient directement soufflées par la Deutsche Bahn », critique l’association Lobby Control, qui a révélé l’affaire, écornant un peu plus l’image de la DB, déjà ébranlée par le scandale d’espionnage de ses salariés.
Le nouveau patron du groupe, Rüdiger Grube, a dénoncé ces pratiques et licencié le directeur du marketing, responsable de l’opération. La compagnie pourrait néanmoins être poursuivie pour concurrence déloyale.
 

Antoine HEULARD

Ewa

Les têtes tombent à la Deutsche Bahn

Moins de deux semaines après son arrivée aux commandes de la DB, Rüdiger Grube se déleste de plusieurs dirigeants proches de son prédécesseur Il avait promis de s’attaquer rapidement au scandale d’espionnage des salariés qui ébranle la Bahn depuis plusieurs mois. Rüdiger Grube a tenu parole. Moins de deux semaines après sa prise de fonction, le patron des chemins de fer allemand vient de procéder à un grand ménage dans l’équipe dirigeante du groupe. Plusieurs managers de haut rang sont poussés vers la sortie : Margret Suckale, la directrice du personnel, Norbert Bensel, le patron des activités fret et logistique ou encore Otto Wiesheu, en charge des affaires politiques et économiques, quitteront le groupe fin mai.
L’audit mené par le cabinet KPMG suite à l’affaire de surveillance des employés a pourtant blanchi ces dirigeants, un temps soupçonnés d’avoir validé des décisions douteuses au nom de la lutte contre la corruption.
Mais le nouvel homme fort de la DB a très clairement voulu marquer une rupture avec son prédécesseur Hartmut Mehdorn, dont les cadres débarqués étaient les plus proches lieutenants. Rüdiger Grube évoque d’ailleurs sans détour une mesure « hygiénique », alors que la compagnie a « besoin d’un nouveau départ ».
Autre victime de cette politique de table rase : Norbert Hansen, l’ancien responsable syndical qui avait rejoint le conseil d’administration l’an dernier, suscitant alors un vaste malaise parmi les employés. La cellule « compliance », responsable des questions d’éthique est également décapitée, avec le départ de l’ex-procureur Wolfgang Schaupensteiner, le « Monsieur Propre » de la compagnie, chargé de traquer d’éventuels actes de corruption.
De fait, Rüdiger Grube espère regagner la confiance de ses salariés, auxquels il a par ailleurs présenté des excuses. Pour autant, ces décisions interpellent, alors que la Bahn est rattrapée par la crise économique, en particulier dans le fret.
L’éviction de Norbert Bensel  suscite en effet une réelle surprise. Son nom apparaît certes dans le scandale : il y a cinq ans, le manager occupait le poste de directeur du personnel et aurait pu être au courant des pratiques d’espionnage. Mais beaucoup d’observateurs estimaient que son excellent travail à la tête de DB Schenker le mettait à l’abri du jeu des chaises musicales. « Le capitaine prend un risque énorme en laissant à terre ceux qui savent piloter le navire », conclut l’éditorialiste du Frankfurter Allgemeine Zeitung.
 

Antoine HEULARD

Ewa

La DB fait le point sur l’ouverture à la concurrence

Qu’est-ce que l’ouverture du trafic ferroviaire international de passagers à la concurrence va changer pour la Deutsche Bahn ? L’ouverture du trafic ferroviaire international de passagers à la concurrence c’est imminent : plus que quelques mois avant le 1er janvier 2010. Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les compagnies comme la Deutsche Bahn ou la SNCF ? Faut-il s’attendre à une révolution, à une compétition tous azimuts sur les liaisons transfrontières, ou au statu quo ? Toutes ces questions, la DB les a soumises à un institut berlinois de recherche (European school of management and technology) dont les spécialistes viennent de rendre un rapport de 140 pages. Ils ont étudié de près l’exemple allemand et étendent leur conclusion aux pays européens.
Premier constat : le 1er janvier 2010, pas de grands changements en perspective. Pour une raison toute simple, « seule une minorité de trajets longue distance sont rentables », expliquent les auteurs du rapport. Ils ont étudié nombre de parcours longue distance, aucun de ceux qui ont un caractère international ne gagne de l’argent, seules les routes domestiques rapportent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la grande vitesse n’est pas le segment prometteur, le coût d’entrée sur le marché étant trop élevé. Un constat qui sonne comme un avertissement à ceux qui comme Air France et Veolia veulent lancer des TGV privés pour concurrencer Eurostar et Thalys. « Des entrées réussies et rentables sur le marché international ne se verront sans doute que sur les lignes intercités, les lignes traditionnelles avec de nombreux arrêts », peut-on lire dans le texte. Les passagers qui se contenteront d’effectuer un tronçon national permettront de rentabiliser la ligne. Globalement, l’étude estime néanmoins que dans les prochaines années, on peut tabler sur une augmentation de passagers de 5 % sur les trajets internationaux, une diminution des coûts variables de 10 % et des coûts fixes de 20 % grâce à l’augmentation de la concurrence.
Mais en réalité, celle-ci se situe et se situera davantage dans l’intermodal. Le principal adversaire des compagnies ferroviaires dans les trajets internationaux, ce sont les compagnies à bas coût. Lorsque sur une route donnée, l’avion vient jouer les concurrents, le train perd en moyenne 7 % de ses passagers et 8 % de ses passagers kilomètres, la seconde classe étant davantage affectée que la première. Seconde conséquence, une pression sur le prix des billets de trains. Sans surprise, selon une autre étude réalisée pour la DB par le cabinet McKinsey, la durée du trajet est un facteur important. Pour les voyages courts, comme Paris – Bruxelles, la part de marché du rail dépasse les 75 %. Dès que le temps de trajet dépasse trois heures, cette part de marché diminue rapidement, pour passer sous les 50 % pour un Paris – Amsterdam (quatre heures actuellement).
Dans ces circonstances, les compagnies ferroviaires n’ont-elles pas plutôt intérêt à s’allier plutôt qu’à se battre pour contrecarrer l’aérien ? C’est la piste étudiée à la demande de la DB, une piste non dénuée d’arrière-pensée, parce qu’elle vise avant tout à évaluer l’intérêt de Railteam, l’alliance créée en juillet 2007 par sept compagnies européennes dans le domaine de la grande vitesse. L’alliance pourrait faire tiquer la Commission de Bruxelles, car elle réunit des acteurs qui devraient théoriquement être en compétition pour les faveurs de la clientèle. En montrant que la concurrence n’est pas vraiment entre les opérateurs ferroviaires mais plutôt entre le train et l’avion, l’étude semble justifier l’existence de Railteam, d’autant que les auteurs notent que dans l’aérien ce type d’alliance a permis de réduire les coûts et d’améliorer les services aux passagers.
 

Isabelle ORY

Ewa

La Bahn se résout à changer les essieux de ses ICE

Des doutes planent sur la fiabilité des trains à grande vitesse de la DB, contraignant la compagnie à des contrôles plus fréquents de son matériel Les essieux des ICE souffrent-ils d’un défaut de fabrication ? La question hante la DB depuis plus de sept mois et le déraillement de l’un de ses trains à grande vitesse de type ICE 3, suite à la rupture inexpliquée d’un essieu.
Survenu l’été dernier alors que le convoi roulait au pas, l’accident n’a fait aucune victime. Mais la compagnie prend l’affaire très au sérieux. D’autant que quelques mois plus tard une fissure est découverte sur l’essieu d’un autre engin lors d’un contrôle de routine. Cette fois-ci, c’est un ICE de type T (pendulaire) qui est concerné. Depuis ces événements, la Bahn réclame aux constructeurs des garanties sur la sécurité de son parc. Sans réel succès. Résultat, elle semble aujourd’hui décidée à prendre le taureau par les cornes. « De mon point de vue, il est établi que les essieux d’une partie de notre parc doivent être changés, affirme Hartmut Mehdorn à l’édition dominicale du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Nous demandons aux industriels, à commencer par Siemens, d’élaborer un programme de remplacement [des essieux], et ce le plus rapidement possible. Dans l’intérêt de nos clients, nous ne devons pas perdre de temps. » Combien de trains seront concernés ? Le patron des chemins de fer allemands ne donne pas de détail. Mais, selon toute vraisemblance, les nouveaux essieux construits dans un acier plus robuste sont destinés aux ICE 3 et T, les deux modèles sur lesquels des problèmes sont apparus, soit un potentiel de 130 trains. Pas de détail non plus sur le coût de cette vaste opération qui pourrait s’étaler sur deux ans. En janvier, Hartmut Mehdorn avait déjà évoqué le possible recours à une telle mesure, qu’il chiffrait à l’époque à « plusieurs centaines de millions d’euros ».  
Autre question épineuse : qui va régler la facture ? Des tractations ont lieu actuellement entre l’opérateur et les constructeurs : Siemens, mais aussi Alstom et Bombardier, qui ont fourni des pièces, sont sous pression. A plusieurs reprises ces derniers mois, la Bahn a menacé de leur réclamer des dommages et intérêts. Et on imagine mal la compagnie lâcher du lest aujourd’hui. Car ces mésaventures lui ont donné du fil à retordre. Depuis l’automne dernier, l’autorité ferroviaire fédérale (EBA) impose à la DB des contrôles plus fréquents de son matériel roulant. Les ICE 3 et T sont rappelés dans les ateliers respectivement tous les 60 000 et 30 000 km, quand les constructeurs conseillaient une vérification après 300 000 km. « Cette solution n’est pas acceptable, nous ne pouvons pas fonctionner durablement comme cela », se lamente une porte-parole du groupe. Le plan de circulation de la Bahn est en effet passablement perturbé par ces nouvelles contraintes. Sur certains trajets, des trains Inter City moins rapides doivent régulièrement prendre le relais des ICE manquant à l’appel. La DB, qui doit jongler avec la disponibilité de son matériel, n’espère pas un retour à la normale avant la mi-juin, avec trois mois de retard sur le calendrier initial. En attendant d’installer de nouveaux essieux sur ses engins à grande vitesse, l’opérateur s’est résigné à investir dans huit nouveaux centres techniques pour augmenter la cadence des opérations de contrôle.
 

Antoine?HEULARD

Ewa

La Deutsche Bahn pessimiste face à la crise

Pour la première fois depuis le début des années 2000, les « prévisions à moyen terme » de la Bahn sont franchement sombres La Deutsche Bahn n’en finit plus de payer les conséquences de la crise. La compagnie, qui, l’automne dernier, a déjà dû renoncer à son rêve d’entrée en Bourse, s’attend aujourd’hui à vivre une longue période de vaches maigres.
D’après le magazine allemand Capital, qui cite un document interne, la DB aurait drastiquement réajusté ses ambitions : après cinq années exceptionnelles marquées par des records de croissance, l’opérateur anticipe désormais un brutal coup d’arrêt. DB Mobility Logistics (la filiale regroupant les activités de transport et de logistique) aurait ainsi revu en baisse de 13 milliards d’euros son objectif initial de chiffre d’affaires. L’an dernier, la compagnie ambitionnait une progression de 30 % de ses recettes d’ici 2012, à 41 milliards d’euros. « Ces prévisions ne sont plus d’actualité », reconnaît un porte-parole du groupe. « Nous attendons la fin du premier trimestre 2009 pour évaluer les répercussions de la crise », poursuit-il. Mais au siège, le pessimisme semble bien de rigueur. Le fret est ainsi durement pénalisé par la baisse de la production industrielle dans les secteurs de la chimie ou de l’automobile. En décembre, le nombre de trains de marchandises a ainsi chuté de « 30 à 40 % » par rapport à l’année précédente. Pour contenir les surcapacités, l’opérateur a remisé 8 000 wagons, soit 8 % de son parc. La mesure devait être temporaire, en attendant un regain d’activité en janvier. Mais voilà : le rebond se fait attendre. Du coup, la filiale de fret ferroviaire Railion a dû mettre davantage de wagons à quai : 35 000 aujourd’hui, après un pic à 45 000 aux premiers jours de l’année. Désormais, Railion envisage de mettre une partie de ses 28 874 cheminots au chômage technique. Enfin, un programme d’économie serait à l’étude. Il prévoirait notamment des suppressions de postes administratifs, afin d’alléger les coûts fixes. Autre douche froide, hautement symbolique : la Bahn s’est résignée à abandonner, du moins pour l’instant, la liaison Chine – Europe qu’elle prépare pourtant avec minutie depuis plus d’un an. L’exploitation commerciale devait commencer en février à raison d’un aller-retour par semaine. Mais avec la baisse généralisée de la demande, le projet est reporté à une date qui reste encore à déterminer. Ces coups durs expliquent-ils à eux seuls les prévisions alarmistes de la DB ? Car elle vient d’entamer un difficile round de négociations salariales. « Elle peut être tentée de noircir le tableau pour contrer les syndicats qui réclament des augmentations allant jusqu’à 10 % », décrypte Maria Leenen, directrice du cabinet d’expertises ferroviaires SCI Verkehr. « La compagnie est certes touchée par la crise, mais elle est capable d’affronter une chute d’activité dans le fret car elle a gagné beaucoup d’argent sur ce créneau qu’elle domine par ailleurs en Europe. »
En revanche, la crise financière pourrait indirectement mettre à mal le trafic passagers régional. D’ici trois ans, l’Allemagne doit réévaluer les subventions accordées aux opérateurs œuvrant sur les réseaux régionaux. « Or les plans de soutien à la conjoncture votés actuellement plombent les comptes publics, et l’enveloppe risque d’être revue à la baisse », note Maria Leenen. L’activité se révélera alors nettement moins rentable. De quoi donner des sueurs froides à la Bahn, qui réalise un tiers de ses bénéfices sur ce segment.
 

Antoine HEULARD

Ewa

DB-SNCF : tous les fronts d’une bataille

Entre la DB et la SNCF, rien ne va plus. Les deux groupes géants du ferroviaire s’affrontent sur tous les marchés. Et tous les moyens sont bons Selon les Français, il leur a fallu l’achat d’EWS et de sa filiale Euro Cargo Rail en mai 2007 par la DB pour se réveiller. Ils se seraient alors rendu compte que la DB serait un adversaire résolu sur le marché français. Selon les Allemands, le marché français est, à l’exception du fret, aujourd’hui encore entièrement fermé. Alors que leur marché ferroviaire, fret, voyageurs régional, et interrégional, est ouvert depuis longtemps. Ils accusent les Français de profiter de ce déséquilibre, en étant des acteurs particulièrement agressifs sur les marchés externes : Veolia, EuRailCo (Transdev/RATP) et Keolis (SNCF) sont actifs en Allemagne dans le transport régional ou interrégional de voyageurs. Cette argumentation trouve depuis longtemps un écho en France et le député européen (PS) Gilles Savary, bon connaisseur du ferroviaire, a souvent alerté sur les dangers de cette absence de réciprocité. Quoi qu’il en soit, la rivalité franco-allemande a pris ces derniers temps un tour plus violent. Elle l’est d’autant plus qu’elle oppose – la DB n’étant pas toujours en Bourse – deux groupes 100 % publics, dépendant de deux Etats qui ne s’entendent plus comme aux premiers temps de la construction européenne, et qui ont pour alliés naturels deux des trois plus grands constructeurs mondiaux : d’un côté Alstom, de l’autre Siemens. Il semble loin le temps où Hartmut Mehdorn, déjà président de la DB, proposait un « Yalta ferroviaire » à Louis Gallois : à toi la grande vitesse européenne, à moi le fret. Déjà sur les marchés tiers, et depuis longtemps, tous les coups bas sont permis. En Chine, un observateur du dossier reconnaissait : « Officiellement, entre Européens, Français et Allemands, on s’embrasse sur la bouche. En réalité, c’est la guerre. » Et aujourd’hui, plus question de grand partage, de gentleman agreement, d’accords de façade. Partout (fret, trafic régional, grande vitesse), le conflit est ouvert.

Jeudi 9 octobre : NTV choisit la SNCF.
Le futur concurrent des FS pour la grande vitesse, Nuovo Trasporto Viaggiatori (NTV), qui a déjà fait le choix de l’AGV, fait entrer la SNCF dans son capital à hauteur de 20 %. La SNCF l’emporte contre la DB et sera le seul partenaire industriel de référence.

Novembre : Mehdorn et Moretti se plaignent à la Commission européenne.
Les FS et la DB reprochent dans une lettre au commissaire européen aux Transports, Antonio Tajani, la « concurrence déloyale » de la SNCF en matière de transport de voyageurs sur leurs marchés respectifs. Les deux compagnies ferroviaires font valoir que leurs deux pays ont ouvert leur marché à la concurrence, ce qui profite à la SNCF alors que le marché français est fermé. Qui plus est, la SNCF participera à partir de 2011 à la libéralisation du rail en Italie. « C’est notre première action (contre la SNCF), mais faute de réponse nous pourrions en envisager d’autres », menacent les présidents Mehdorn et Moretti. De réponse, il n’y aura pas. « Nous avons bien reçu cette lettre », indique-t-on à la DG Tren, « mais le marché européen du transport de passagers n’est pas encore libéralisé. Nous ne pouvons que constater cette manifestation de mauvaise humeur des Italiens et des Allemands, mais avant 2010 nous ne pouvons pas lancer de procédure d’infraction sur ce sujet. » Pour Guillaume Pepy il s’agit d’une « réaction de mauvais perdants » : les FS voient venir en NTV un concurrent. La DB, elle, espérait devenir partenaire du nouvel opérateur.

Jeudi 20 novembre : perquisition à la SNCF.
Bienvenue dans un monde de concurrence… En un premier temps, la SNCF, face à la perquisition de son siège, comme de la direction du fret et d’autres sites, à la demande de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), fait passer un message apaisant : une telle enquête, c’est normal, tous les grands groupes doivent s’y préparer. On dit alors officieusement qu’on a « toutes les raisons de penser » qu’il s’agit d’une autosaisine. Une façon de ne pas jeter de l’huile sur le feu en pointant les concurrents. Changement d’attitude : le 12 décembre, Guillaume Pepy, devant la presse, avance une autre hypothèse. Cela pourrait venir « peut-être de la DB, peut-être de Veolia ».

Mardi 2 décembre : la SNCF remporte IBM Logistics.
Le contrat représente un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Soit une augmentation d’environ 15 % du chiffre d’affaires de la branche Transport et Logistique de la SNCF. Ce contrat américain, qui n’a rien de ferroviaire, est essentiel pour un groupe qui entend devenir un acteur mondial de l’ensemble de la chaîne du transport de marchandises… comme la DB a su le devenir. Un contrat remporté contre les plus grands groupes mondiaux du secteur. Notamment contre la DB.

Jeudi 11 décembre : le tribunal de Bordeaux donne raison à la DB.
Une plainte de Veolia, une autre du groupe DB ? A Bordeaux, c’est ainsi que les choses se sont passées. La plainte en référé de Deutsche Bahn Mobility Logistiks est jugée la première. Le tribunal administratif de Bordeaux donne raison au groupe allemand. L’attribution des transports publics à Keolis (SNCF) pour 2009-2013 au détriment de Veolia est annulée. Veolia retire sa plainte, devenue sans objet. Motif de la décision de justice : la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) n’a pas donné à l’appel à candidatures la publicité voulue, en ne le publiant pas au Journal officiel de l’Union européenne. La CUB s’est pourvue en cassation. En attendant, Veolia garde le contrat détenu depuis 2001.

Vendredi 12 décembre : selon le Times, Mehdorn veut prendre une part d’Eurostar UK.
Selon le Times, la DB pourrait bien s’intéresser au capital d’Eurostar UK et compte ainsi « mieux l’exploiter ». Position « prématurée et prétentieuse », pour Guillaume Pepy. Selon lui, le gouvernement britannique prépare la mise en place d’Eurostar en tant que compagnie ferroviaire, sans poser (pour l’instant du moins) la question de la cession d’Eurostar UK. De plus, Eurostar tel qu’il fonctionne est légitime avec quatorze ans d’expérience, un taux de régularité de 92 %, et le statut de marque ferroviaire préférée des Européens. De quoi demander à la DB ce qu’elle pourrait apporter à la desserte de Londres. Mais, pour le président de la SNCF, il n’y a pas de doute : « Tout le monde sait que la DB veut faire du Cologne – Bruxelles – Londres. »

Prochain rendez-vous : qui sera le partenaire de CFF Cargo ?
La division Fret des chemins de fer suisses est à la recherche d’un partenaire stratégique. Une fois de plus, la DB et la SNCF s’affrontent. Et cette fois, Guillaume Pepy avertit : la DB ayant aujourd’hui une position dominante dans le fret, une alliance avec les CFF poserait un problème. Il y aurait alors un abus de position dominante. Et sans doute une lettre du président Pepy au commissaire Tajani.
 

François DUMONT avec Guillaume LEBORGNE

Ewa

L’activité fret de la Bahn rattrapée par la crise

Les difficultés de l’industrie automobile et du secteur de la chimie plombent les commandes de la compagnie, qui prévoit des mesures d’économie Trains annulés, commandes en berne. Les activités de fret ferroviaire de la Deutsche Bahn sont rattrapées par la récession en cours. « Nous sommes au bord d’un précipice dont nous ne connaissons pas la profondeur », affirme le patron de la compagnie, Hartmut Mehdorn. Dans le pire des scénarios, la DB pourrait réduire ce mois-ci de 40 % le nombre de ses trains de marchandises par rapport à décembre 2007.
En cause : la baisse de la production industrielle, notamment dans les secteurs de la chimie ou de l’automobile. Deux branches qui comptent parmi les plus gros donneurs d’ordres de l’opérateur. « S’ils produisent mois, cela se traduit automatiquement par une réduction de leurs besoins de transport », explique un porte-parole.
Par ricochet, le trafic de voyageurs pourrait lui aussi souffrir : avec la multiplication des mesures de chômage partiel, le nombre de travailleurs qui se déplacent risque de se contracter.
Résultat : Hartmut Mehdorn veut prendre des mesures d’économie. Gel des embauches, pause de Noël rallongée pour certains salariés ou limitation des heures supplémentaires : l’objectif est de contenir les surcapacités. Autre « possibilité » envisagée : la suppression de 4 000 postes d’intérimaires.
Mais, pour nombre d’observateurs, ces déclarations permettent surtout au chef de la DB de mettre la pression sur les syndicats, alors que les deux parties s’apprêtent à entamer un nouveau round de négociations salariales.
Transnet, la plus grosse organisation de cheminots, réclame une hausse des salaires de 10 %. « Mehdorn cherche à faire peur à ses salariés, rien de plus », conclut l’éditorialiste du Financial Times Deutschland.
 

Antoine HEULARD

Ewa

La DB devra payer en cas de retard répété des S-Bahn berlinois

Le Sénat de la capitale allemande menace d’infliger des amendes à l’opérateur public si la ponctualité de ses trains urbains, voulue à au moins 96 %, ne s’améliore pas A première vue, la performance semble plutôt correcte. Au cours des six premiers mois de l’année, 93 % des S-Bahn berlinois (l’équivalent du RER) sont arrivés à l’heure, selon les estimations des responsables politiques de la ville-Etat. Seulement voilà, le contrat d’exploitation liant la capitale à la compagnie place la barre plus haut et exige une ponctualité d’au moins 96 %.
« Les trains sont de plus en plus en retard, déplore la sénatrice social-démocrate en charge du développement de la ville, Ingeborg Junge-Reyer. « C’est devenu un gros problème. » D’après elle, la DB est responsable de cette dégradation car elle a rogné sur son matériel roulant afin de faire des économies. Ces dernières années, sa flotte aurait ainsi été réduite de 80 wagons.
Aujourd’hui, la Bahn est donc mise en garde : si aucun effort n’est entrepris pour redresser la barre, elle devra payer une amende. L’opérateur serait alors contraint de reverser une partie des subventions qui lui sont allouées pour l’exploitation du réseau. Au moins 2,3 millions d’euros pourraient être retenus cette année. Du jamais vu à Berlin. « Notre but n’est pas d’économiser de l’argent, mais bien d’améliorer la qualité du service pour les habitants », précise le porte-parole de la sénatrice, laissant ainsi à la Bahn une chance de se rattraper.
La compagnie a-t-elle bien reçu le message ? Pas sûr. « Une grande partie des retards ne sont pas de notre responsabilité », se défend-t-elle, invoquant la mauvaise météo ou la longue grève des transports publics (bus et métro) qui par ricochet a alourdi la charge de passagers sur le S-Bahn au printemps.
Ce différend qui tourne au dialogue de sourds illustre les relations parfois tendues entre la DB et les Länder, chargés d’organiser le trafic régional. L’été dernier, l’autorité ferroviaire de Rhénanie et de la Ruhr a suspendu ses relations contractuelles avec l’opérateur public, au motif que ses prestations étaient jugées médiocres.
Si à Berlin personne n’envisage de sanctions aussi radicales, le vent est néanmoins en train de tourner. Jusqu’à présent, le lucratif réseau de S-Bahn avait toujours été confié directement à la compagnie publique, sans passer par un appel d’offres. Mais aujourd’hui, une partie de la classe politique réclame davantage de concurrence et la fin du monopole.
 

Antoine HEULARD

Ewa

Mehdorn revoit sa copie sur l’introduction en bourse de la DB

Malgré la crise, Hartmut Mehdorn, président de la DB, ne renonce pas à l’ouverture du capital de la DB La crise financière internationale a porté un coup d’arrêt au projet d’introduction en bourse de la Deutsche Bahn, annoncé pour le 27 octobre. Le gouvernement allemand, qui espérait encore début octobre lever 4,5 milliards d’euros d’argent frais et Hartmut Mehdorn, président de la DB, ont renoncé à la mise en vente de 24,9 % de DB Mobility Logistics, faute de garanties sur le cours d’introduction du titre à Francfort. Peer Steinbrück, ministre social-démocrate des Finances du gouvernement allemand, a reconnu qu’il n’était « pas judicieux proposer le patrimoine de l’Etat fédéral sur le marché », en pleine tourmente boursière. L’indice DAX des valeurs cotées à Francfort a reculé de 43 % depuis le début de l’année.
Pour Hartmut Mehdorn, fervent partisan de l’ouverture du capital, ce flop boursier n’est qu’un report d’échéance. A la mi-octobre déjà, sa détermination commençait à agacer toutes les composantes de la coalition gouvernementale allemande. Une nouvelle tentative d’introduction pourrait être présentée en novembre ou en février prochain. Ensuite, il sera trop tard : avec l’échéance rapprochée des élections législatives, au printemps 2009, le gouvernement préfèrera étouffer le débat. Dans un sondage de l’institut TNS Emnid, 78 % des Allemands interrogés se sont déclarés opposés à l’ouverture du capital de la Deutsche Bahn.
Pour remonter le cours potentiel d’introduction à son meilleur niveau, soit 16 euros pour une valorisation à 4,5 milliards d’euros, les conseillers financiers du gouvernement ont envisagé la réduction du nombre d’actions placées sur le marché. Cette alternative restait peu crédible à la fin du mois d’octobre. Hartmut Mehdorn défend une autre stratégie, qui consisterait à céder en direct une partie du capital à des investisseurs qui ont déjà fait part de leur intérêt pour la DB. La compagnie russe de chemins de fer RZD, des fonds d’Etat chinois, des investisseurs en Asie et au Moyen-Orient ont été approchés par le président de la DB.
 

Olivier MIRGUET

Ewa

Quel Plan B pour la privatisation de la Bahn ?

Dans un contexte de dégringolade des places financières, l’introduction en Bourse de la compagnie, initialement programmée pour la fin du mois, est ajournée Cette fois-ci, la Bahn était à l’heure. Et même en avance. « En moyenne, il faut compter entre 10 et 12 mois pour préparer une introduction en Bourse, avance Diethelm Sack, le directeur des finances de la compagnie. Nous l’avons fait en huit. » En ce début d’automne, la DB pensait donc avoir fait le plus dur. Tout était prêt pour que, le 27 octobre, les chemins de fer allemands fassent leur grande entrée sur la place de Francfort. L’Etat actionnaire devait alors céder 24,9 % du capital à des investisseurs privés. Un moment qu’on annonçait déjà comme historique, et attendu depuis de longues années par Hartmut Mehdorn, le patron de l’opérateur. Mais c’était sans compter sur la crise financière internationale. Face à la dégringolade des valeurs boursières, le gouvernement allemand a préféré ajourner l’opération afin de laisser passer la tempête. « L’entrée en Bourse de la Bahn aura lieu, précise le ministre des Finances, Peer Steinbrück. Mais nous n’allons pas mettre le patrimoine de l’Etat sur le marché au mauvais moment. » Pris dans la tourmente des marchés financiers, le DAX, l’indice boursier allemand, a en effet atteint son plus bas niveau depuis deux ans. Faisant ainsi fondre à vue d’œil la recette espérée : 4,5 milliards d’euros selon les dernières estimations. Au départ, l’Etat tablait sur une cagnotte comprise entre 6 et 8 milliards. Ces dernières semaines, une partie croissante de la classe politique a donc fait pression pour  obtenir un report de la transaction. Pas question de vendre la compagnie « en dessous de sa valeur », avait pour sa part estimé le ministre des Transports, Wolfgang Tiefensee. A contrecœur, Hartmut Mehdorn s’est donc plié à la volonté du gouvernement, non sans s’être accroché jusqu’au bout au calendrier initialement fixé. La compagnie fait donc marche arrière mais assure qu’elle entend « poursuivre le dialogue avec les investisseurs ». Depuis, les rumeurs vont bon train dans la presse allemande. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung croit ainsi savoir que la compagnie pourra être privatisée sans passer par la Bourse. Les actions seraient alors vendues directement à plusieurs gros investisseurs sélectionnés par l’Etat. Ils seraient déjà quatorze à avoir manifesté leur intérêt. Parmi eux, le fonds souverain chinois CIC, ou encore les chemins de fer russes, qui pourraient acquérir jusqu’à 5 % des activités de leur homologue.  Ce plan B a le mérite de mettre la compagnie à l’abri des turbulences du marché. Mais la Bahn, tout comme le gouvernement, se refusent à tout commentaire. D’ailleurs, selon le Rheinische Post, l’introduction en Bourse aura lieu… en novembre. Une information aussitôt démentie. Au vu de l’évolution actuelle des marchés, «ce scénario n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministre des Finances. D’autres journaux estiment pour leur part que l’opération est compromise au moins jusqu’en février. Seule certitude : la Bahn est pressée. L’opérateur historique a besoin de capitaux pour continuer son expansion à l’étranger, notamment dans le domaine du fret. Or le temps qui passe joue en sa défaveur. L’introduction boursière repose sur un accord conclu dans la douleur entre les sociaux-démocrates et les conservateurs, qui se partagent le pouvoir. Un compromis fragile qui pourrait s’enliser à l’approche des élections générales de septembre 2009.
 

Antoine HEULARD