A l’instar d’Angers, Tours a misé sur le prêt gratuit et la location longue durée de vélos Deux ans après son lancement, Vélociti a déjà plus de 1 200 vélos en circulation. Un succès qui s’explique par la présence d’une forte communauté étudiante et une tarification attrayante.
Vélociti, le système de location longue durée mis en place par la communauté d’agglomération de Tours, a trouvé sa vitesse de croisière. Quatre cent nouvelles bicyclettes ont été mises à disposition début octobre, en plus des 800 déjà en circulation. « Elles sont louées progressivement, explique Patrice Wolf, le directeur général de fil bleu (Keolis), l’exploitant du réseau de transports publics qui gère Vélociti pour le compte du syndicat intercommunal des transports en commun (Sitcat). Pour cette nouvelle fournée, ce n’est pas la ruée comme les deux fois précédentes. Je pense qu’on est arrivé à la bonne dimension. » La croissance a été rapide. Les 400 premiers vélos ayant été loués en à peine un mois, 400 nouveaux vélos ont été mis en service au printemps 2007. Preuve que la solution choisie par les élus était la bonne. Au départ, plusieurs options avaient été envisagées dont la mise en place d’un système de vélo en libre service, finalement écarté en raison de son coût, au profit de la location longue durée. Le Sitcat a financé l’investissement et confié à Fil bleu, via un avenant à la DSP, la commercialisation et la gestion de Vélociti, en échange d’une compensation de 20 000 euros qui doit être revue à la hausse prochainement.
L’opérateur a lui-même passé un contrat avec un vélociste local, Détour de Loire, pour le stockage et l’entretien des bicyclettes. Cette organisation, relativement souple, qui repose sur les compétences d’acteurs déjà en place, a permis une mise en œuvre rapide du service. La physionomie de la ville et surtout la présence de nombreux étudiants ont fait le reste. « Ils ont représenté dès le départ près de 80 % des utilisateurs », note Patrice Wolf. Il faut dire que les tarifs sont relativement bas. Le prix plancher est de 2 euros par mois pour les étudiants abonnés au réseau Fil bleu, de 4 euros pour les non abonnés. Les actifs, eux, doivent débourser 4 euros s’ils sont abonnés, 10 euros s’ils ne le sont pas. La réduction accordée aux fidèles des transports en commun vise à encourager la multimodalité. La durée minimum de location a été fixée à trois mois afin d’éviter les effets d’aubaine. « L’objectif est vraiment de forger des cyclistes urbains, pas de proposer un service juste pour les beaux jours, explique Catherine Le Noc, directrice technique du Sitcat. D’où la volonté aussi de proposer des vélos de qualité avec un service d’entretien ».
Une révision gratuite par an est incluse. Vélociti fournit par ailleurs un antivol en plus de celui attaché à la roue arrière. Quand au vélo, c’est un vrai vélo de ville, avec un bon éclairage, un porte-bagage et un panier. Pour limiter la casse, le sitcat a choisi un modèle avec freins à tambour et changement de vitesse dans le moyeu. Autre facteur qui a contribué au succès de Vélociti : le look des bicyclettes. Le Sitcat et la communauté d’agglomération ont demandé à un designer de plancher sur l’habillage des bicyclettes qui ont été peintes en jaune, avec des carrés noirs. Un clin d’œil aux taxis new-yorkais qui a fait parler mais aussi renforcé la visibilité du service.
« Vélociti a permis de rajeunir l’image du vélo, note Fabrice Houllier, chargé du développement du réseau cyclable à la ville de Tours. Cela a eu un véritable effet d’entraînement. Des personnes ont ressorti leur bicyclette, d’autres s’y sont mis. Il y a un phénomène Vélociti qui dépasse la communauté étudiante. Il faut dire aussi que le timing était le bon. » L’agglomération mène depuis plusieurs années une politique active d’aménagement. Plus de 35 % des voiries sont aménagés pour les déplacements cyclables, comme l’ont souligné la Fubicy et le Club des pistes cyclables qui ont classé Tours parmi les bons élèves dans l’enquête 2008 sur les politiques cyclables et piétonnes des villes. « L’axe Loire à vélo qui traverse la ville a contribué à renforcer l’intérêt des élus mais aussi des usagers pour ce mode de déplacement, note Fabrice Houllier. Depuis 10 ans, le trafic augmente, et Vélociti vient confirmer ce constat. »
Nicolas REYNAUD