Les plans de déplacements entreprise peuvent être une source d’économie importante pour les entreprises et leurs salariés. Ils ne sont malheureusement souvent qu’une mesure cosmétique insuffisamment pilotée. « L’outil ne suffit pas », a soutenu Christophe Hausberg, de l’Assemblée des chambres de commerce et d’industrie, dans le cadre d’une journée d’étude organisée par le Certu, l’Ademe, le Gart et le CNFPT sous le titre « Les nouveaux services à la mobilité ».
« Il faut porter une vision globale : soigner les infrastructures (stations et points de départ), les parkings à vélos, le covoiturage, les autobus et autres, mais aussi les services qui limitent les besoins de déplacements tels que le déploiement de crèches d’entreprise ou zones de livraisons personnelles », a-t-il poursuivi. Une étude réalisée en 2009 pour l’Ademe par le cabinet Inddigo recensait 1 560 PDE en 2009, un chiffre en augmentation. D’abord réalisés plutôt dans le secteur public et dans les centres-villes, les PDE (plans de déplacements entreprise) atteignent désormais les zones périphériques (zones industrielles…) et le secteur privé. Il y a de la marge : seules une centaine de zones d’activité sur quelque 20 000 existantes ont engagé la démarche, et en Ile-de-France ou dans le Nord-Pas-de-Calais, les deux tiers des établissements importants n’ont pas encore de PDE. Une autre cible devrait être les zones commerciales, urbaines ou périurbaines, pour les salariés comme pour les clients. Quant aux collectivités territoriales et celles au service de l’Etat, elles peuvent encore progresser car leurs plans manquent souvent de réelle motivation.
Les motivations des entreprises relèvent d’abord de l’image (plus verte !), puis de questions pratiques : comment permettre aux collaborateurs de se rendre sur un nouveau site, comment gérer les chevauchements d’équipes sans doubler la taille du parking… Les raisons d’ordre économique viennent après, bien à tort, selon Patrick Sucche. Le directeur d’Inddigo insiste au contraire sur l’intérêt économique d’un PDE, indiquant que les mesures à mettre en œuvre reviennent à moins de 5 centimes par kilomètre automobile évité et produisent une économie de 1 euro du même kilomètre sur divers postes, le plus gros étant celui de la santé.
Il déplore aussi que le mobile « sécurité » ne soit pas davantage pris en considération (alors que les modes les plus dangereux, et de très loin, sont les véhicules motorisés individuels). Les résultats d’un PDE s’améliorent en général avec le temps, mais déjà pour un quart d’entre eux la baisse de l’usage de l’automobile est de 25 %. Les résultats sont meilleurs pour les grosses unités – établissements ou groupements – parce qu’elles rendent plus pertinentes des solutions comme le covoiturage ou le transport en commun.
Les facteurs de réussite sont bien sûr l’engagement des dirigeants, la culture d’entreprise, qui doit être déjà tournée vers les questions sociales ou environnementales, les bonnes relations avec l’autorité organisatrice des transports et les autorités communales, afin que soient apportées les modifications nécessaires. Le meilleur résultat sera obtenu si l’on profite des occasions telles que les déménagements ou les travaux lourds.
Patrick Sucche explique que les résultats ne sont tangibles que s’il y a un animateur du projet. Ce n’est pas l’outil qui est cher, mais seul il ne sert à rien. Pour que la mayonnaise prenne, il faut de la communication, du lobbying, de l’accompagnement. Si bien que d’un sujet sur les plans de déplacements entreprise on passerait volontiers à un sujet intitulé « conseiller en mobilité, un métier émergent ». Au total, l’intérêt de la démarche apparaît nettement. Ce qui apparaît moins facilement, c’est le fait qu’il faille jouer sur de nombreux tableaux et que l’aspect humain soit central. La motivation, l’imagination, le sens du service… du chargé de mobilité ne doivent pas être économisés. Un plan de déplacements entreprise ne vit pas seul.