Au salon Innotrans, véritable « mondial du ferroviaire » qui se tient tous les deux ans à Berlin, les visiteurs ne viennent pas uniquement pour le matériel roulant ! Les nouveautés sont aussi aux stands des équipementiers CROUZET : Nouveaux interrupteurs PBX Secure
Dans les transports ferroviaires, de nombreuses applications embarquées (verrouillage des portes, essuie-glace, manipulateurs de traction et freinage, disjoncteurs, arrêt d’urgence…) ou fixes intègrent des interrupteurs comme composants critiques de sécurité. Pour répondre aux exigences très élevées de ce marché, tant question fiabilité que concernant l’environnement difficile dans lequel ces interrupteurs sont appelés à fonctionner, Crouzet a développé sa nouvelle gamme PBX Secure. Qualifiés par la SNCF pour une utilisation ferroviaire, ces interrupteurs à manœuvre positive d’ouverture brevetés, éprouvés (EP 11227362) et conformes à la norme CEI 60947-5-1 pour les contraintes d’isolation sont classifiés feu-fumée (NFF 16 101/102), étanches (selon versions) et utilisables entre -50°C et +85°C. Ces interrupteurs avec une grande surcourse après atteinte de la position d’ouverture positive, se présentent sous plusieurs conditionnements : cosses à vis, capot de protection, cosses pliées, cosses droites, levier à galet, montage en batterie…
Présent depuis plus de 50 ans dans le secteur ferroviaire européen, Crouzet propose tout une gamme d’interrupteurs, de minirupteurs et de détecteurs de position pour les applications de détection ou de commutation dans tous les types de matériels roulants (grande vitesse, trains régionaux, tramways…) ainsi que dans certaines installations fixes (postes d’aiguillage, appareils de voie, barrières de passages à niveau, disjoncteurs et sectionneurs moyenne tension). Toujours pour des applications ferroviaires embarquées, Crouzet propose une gamme de moteurs et réducteurs pour actionneurs électriques (pantographes, essuie-glaces, portes et accès, vitres, alimentation et protection électrique…)
KOCKUMS INDUSTRIER : le Megaswing, un wagon intermodal « passe-partout »
Venu de Suède, le wagon porte-camions Megaswing de Kockums Industrier était présenté à Innotrans comme « votre propre terminal intermodal ». De fait, à la différence de la plupart des autres wagons intermodaux sur le marché, le Megaswing n’a besoin d’aucune installation de type grue ou quai pour charger (en 5 minutes) ou décharger (en 3 minutes) « tous les types de remorques ou semi-remorques » européens – mais pas leur camion tracteur. Chaque wagon est chargé individuellement à partir d’une surface plane au bord de la voie, même sous caténaire, et « une demi-heure » suffit pour remplir « tout un train ». Le Megaswing se présente comme un wagon-poche dont la poche, par le jeu d’actionneurs hydrauliques, pivote sur un des deux bogies – ou des trois bogies en version articulée. L’astuce est que la poche, une fois désaxée par rapport à la voie, s’abaisse et se relève grâce à des vérins qui la transforment en rampe d’accès sur laquelle la semi-remorque peut être poussée ou tirée par le camion tracteur. Non seulement ce wagon peut être chargé ou déchargé partout où un plan se présente le long de la voie à moins de 150 mm plus bas que la surface de roulement du rail, mais il devrait également passer sur la plupart des voies ferrées du continent européen, ainsi que sur les ferries ferroviaires. Ce wagon est en effet léger (la tare de la version sur deux bogies ne dépasse pas 24 t) et s’inscrit dans le gabarit G1 (le plancher de la poche n’est qu’à 270 mm du rail), ainsi que dans des courbes de rayon supérieur à 75 m. Seul inconvénient avoué par son constructeur : le prix est « quelque peu » plus élevé que chez la concurrence.
SEKISUI : innovations pour la voie
Le groupe japonais Sekisui Chemical présentait sur son stand trois réalisations concernant la voie ferrée : éclisses en plastique renforcé par fibres (FRP), dispositif d’insonorisation Calmmoon Rail et traverse synthétique en mousse d’uréthane renforcée par fibres (FFU). Zoom sur ces deux dernières innovations, qui ont particulièrement attiré la curiosité des visiteurs.
Calmmoon Rail : la sourdine du rail
Frappez un coupon de rail : à moins d’être fissuré, il émet un son aussi harmonieux que celui d’une cloche. Un doux son que n’apprécient pas forcément les riverains des voies ferrées. Pour réduire les bruits de roulement au niveau du rail, Sekisui a développé dès 2002 le profilé autocollant Calmmoon, à appliquer sur la semelle et l’âme du rail à traiter. À partir de ce produit dont les applications sont multiples (ponts, navires…), Sekisui a réalisé un dispositif enrobant l’ensemble du rail en dessous du champignon : Calmmoon Rail. À l’intérieur d’une tôle fine structurant ce dispositif dont la masse atteint 4 kg/m (à comparer aux 60 kg/m des rails aujourd’hui les plus utilisés en Europe), une couche de Calmmoon est appliquée, ainsi qu’une couche de polyéthylène. Si cette dernière absorbe le son en provenance de l’âme et de la semelle du rail (par le dessous), le Calmmoon transforme en chaleur le reliquat d’énergie oscillatoire. Lors de tests effectués à Wagram (Autriche), ce dispositif de section à peu près triangulaire, boulonné au rail par une sorte d’étrier, a permis d’abaisser de 2 à 11 dB le bruit d’un train de fret, selon les plages de fréquence. De quoi convaincre l’EBA (Bureau fédéral des chemins de fer allemands) à approuver, en avril 2010, l’utilisation du dispositif sur le réseau ferré allemand. Et à Innotrans, les visiteurs invités à frapper un rail équipé Calmmoon Rail ont pu constater par eux-mêmes la « mise en sourdine » du rail dans les fréquences auxquelles les oreilles sont les plus sensibles !
Traverse synthétique en FFU : retrouver les propriétés du bois
Matière plastique d’une même densité que le bois et aussi facile à travailler que ce dernier, la mousse d’uréthane renforcée par fibres (FFU) présente de nombreux avantages qui en font un candidat idéal pour la production de traverses. Des traverses offrant une « très faible » conductivité électrique et une résistance chimique « très élevée ». Sur une durée de vie prévisible de 50 ans, leur coût de maintenance devrait être « minimal ». Et en plus elles sont réutilisables grâce à l’emploi de résines synthétiques permettant de combler d’anciens trous de perçage, tout en étant recyclables en fin de vie ! L’usage de telles traverses a été approuvé en Allemagne en mars 2009 par l’EBA.