C’est non ! Le département de la Gironde, dirigé par la gauche, ne veut pas financer le projet de LGV Sud-Ouest comme on le lui demande. En revanche, il souhaite améliorer les transports du quotidien. Le conseil départemental, auquel il était demandé un engagement de 281 millions d’euros pour la LGV Sud-Ouest, a en effet adopté le 22 novembre, à une large majorité, une délibération sur la création d’un « fonds de concours pour le développement des lignes ferroviaires locales » de 170 millions d’euros afin de « stimuler le démarrage » d’un RER métropolitain ou « girondin » avec Bordeaux métropole. « Le département souhaite porter son effort seulement sur les transports du quotidien », a expliqué en séance plénière Jean-Luc Gleyze, son président PS.
Il a précisé que le département n’adhérerait pas à l’établissement public local devant être mis en place en 2022 pour financer la LGV Sud-Ouest et veillerait aussi à ce que son argent ne soit pas utilisé par Bordeaux Métropole pour financer les Aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux (AFSB), une composante du projet de LGV.
Rappelons que le Grand projet du Sud-Ouest (GPSO) prévoit la création de deux nouvelles lignes à grande vitesse pour faire gagner une heure de trajet entre Bordeaux et Toulouse et 20 minutes entre Bordeaux et Dax, en prolongement de la LGV déjà existante entre Paris et Bordeaux. Son coût estimé est de 14,3 milliards, dont 40 % pris en charge par l’Etat, qui débloquera 4,1 milliards pour la ligne Bordeaux – Toulouse, 40 % par les collectivités locales des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et 20 % par l’Union européenne.
Poussée par Carole Delga très en pointe sur le sujet, l’Occitanie a bouclé son financement (16 collectivités contributrices) mais des difficultés existent en Nouvelle-Aquitaine où certaines des onze collectivités sollicitées, comme le Lot-et-Garonne ou les Pyrénées-Atlantiques, jugent la contribution demandée trop importante.
La présidente de la région s’est réjouie hier de deux nouvelles avancées sur le sujet : d’une part, « l’Etat et SNCF Réseau ont accepté de modifier le projet de protocole de financement pour intégrer une participation financière de SNCF Réseau », a-t-elle indiqué, en précisant que le surplus des péages perçus par Réseau quand GPSO fonctionnerait (par rapport à ses dépenses de maintenance) sera réinvesti dans le financement du projet. « Ce surplus pourrait représenter entre 1 Md€ et 1,7 Md€ », estime-t-elle. D’autre part, l’établissement public local qui portera la maîtrise d’ouvrage du GPSO (la SGPSO) sera une société de projet et pas seulement une société de financement comme l’est la société du Grand Paris. « Concrètement, le projet d’ordonnance attendu pour avril 2022 lui permettra de mener des missions d’études d’ingénierie et de conduite de travaux : les collectivités publiques sociétaires du projet pourront donc intervenir dans les phases techniques du projet et donc en renforcer l’apport en compétences. Cette organisation du portage du projet permettra notamment aux collectivités partenaires de maîtriser davantage les coûts et le calendrier des travaux », explique celle qui est aussi la présidente de Régions de France.