Ville, Rail & Transports revient sur l’échec de Midnight Trains en donnant la parole à Adrien Aumont, un des ses fondateurs. Selon lui, deux causes majeures expliquent l’abandon du projet de lancer des trains de nuit-hôtels sur des liaisons européennes : les acteurs financiers qui ne veulent pas prendre de risques sur un secteur du temps long comme le ferroviaire et le manque de soutien des pouvoirs publics et de la Commission européenne.
Ville, Rail & Transports. Y a-t-il une cause majeure à l’échec de Midnight Trains?
Adrien Aumont. De nombreux sujets ont été compliqués. Mais ce qui nous a fait échouer à deux reprises, c’est l’absence de financements nécessaires à l’acquisition des matériels roulants. Il nous fallait des garanties, élevées. Ces garanties sont aussi élevées pour les exploitants historiques mais eux ont des facilités pour les obtenir. Aucun organisme n’était prêt à fournir ces garanties pour notre projet. Et nous n’avons pas non plus trouvé le soutien des pouvoirs publics.
VRT. Et du côté de la Commission européenne?
A. A. Il n’existe pas de mécanisme européen pour la garantie. Il existe pourtant de nombreux mécanismes européens pour de nombreux projets. Mais pas pour celui-là. La Commission n’a rien fait alors que nous faisions partie d’un programme qu’elle soutenait.
VRT. Pour vous, le ferroviaire, c’est fini? Qu’allez-vous faire maintenant?
A. A. Je ne pense pas continuer dans le secteur ferroviaire. Nous nous sommes battus jusqu’au bout, jusqu’à la dernière seconde C’est un secteur du temps long. J’ai consacré quatre ans de ma vie à la réussite de Midnight Trains. Il y a eu beaucoup de sacrifices mais ça fait partie du jeu et je ne regrette rien. Je vais d’abord essayer de faire le deuil avant de capter de nouveaux signaux forts pour me relancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale.
Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt