Lancée il y a un peu plus d’un an, l’expérimentation menée à Sion en Suisse avec deux navettes autonomes Navya doit s’achever fin octobre. CarPostal qui exploite ces navettes en plein centre-ville, sur une boucle d’1,6 km, dresse un premier bilan positif : depuis le 23 juin 2016, les deux « SmartShuttle » – les premières navettes autonomes à être mises en circulation en circuit ouvert – ont transporté plus de 25 000 personnes.
Des études qualitatives et quantitatives ont été menées par deux cabinets indépendants (GIM Suisse SA et la HES-SO Valais) notamment auprès des utilisateurs et des passants. « Les personnes qui ont déjà voyagé à bord de la navette ont davantage confiance en la technologie et beaucoup d’entre elles souhaitent qu’il y en ait davantage », assure CarPostal, reprenant les conclusions des sondages.
Mais, ajoute l’opérateur de transport public suisse, « l’un des grands défis réside encore dans la communication entre les navettes et les autres usagers de la route, afin que les flux de circulation puissent être optimisés ». Ainsi, une à deux fois par parcours, l’opérateur à bord (obligatoire pour respecter la législation) reprend la main, notamment pour contourner les fourgons garés ça et là sur les côtés de la voirie.
Les tests sont donc loin d’être finis. CarPostal vient ainsi de mettre en service depuis quelques semaines un site d’essai à Berne. Le groupe souhaite notamment tester en toute sécurité (et donc en circuit fermé et privé) différents équipements, comme les feux tricolores et les passages piétons, pour voir comment la navette réagit. Des équipements que ne rencontrent pas les deux navettes circulant dans le centre de Sion.
Sur ce site d’essai, Car Postal expérimente aussi la fonction « navette à la demande ». A terme, cette fonction doit permettre à un utilisateur d’appeler une navette, puis de commander une destination comme il le ferait avec un ascenseur, simplement en utilisant une application (en l’occurrence celle de la société BestMile).
Lorsque le système sera au point, CarPostal espère pouvoir le tester en conditions réelles. Eventuellement à Sion, où l’entreprise souhaiterait poursuivre des expérimentations. Après le mois d’octobre, elle envisage de faire rouler ses deux navettes dans une autre partie de la ville. « Ce pourrait être un parcours d’un kilomètre, avec une origine et une destination, alors qu’actuellement la navette effectue une boucle », explique Philippe Cina, le responsable du Développement de CarPostal Suisse.
Pour faire connaître ce nouveau mode de transport, l’entreprise, qui exploite plusieurs réseaux de taille moyenne en France, propose aussi des démonstrations aux collectivités. Entre le 4 et le 15 septembre, elle a fait rouler une navette à Sète pour desservir des plages, en reliant un parking à un arrêt de bus. Du 20 au 30 septembre, ce sera au tour de Dole d’accueillir ce véhicule dans le centre-ville fermé à la circulation.
De quoi donner des idées aux élus ? Car Postal estime que les navettes autonomes présentent un fort potentiel dans les sites touristiques, les aéroports ou tout simplement pour effectuer ce qu’on appelle « le dernier kilomètre ».
« Nous avons notamment été approchés par des exploitants de site touristique. Mais c’est encore économiquement compliqué », confie Philippe Cina. Avant de voir rouler des navettes autonomes sur la voirie, il faudra abaisser les coûts d’achat (il n’y a pour le moment que deux constructeurs français, Navya et Easymile) et réduire les dépenses de fonctionnement (lorsque les progrès seront tels que la législation n’imposera plus un opérateur à bord). Ce n’est donc pas pour tout de suite, mais, ajoute Philippe Cina, « la tendance est claire et nous sommes sûrs que la navette sera utile : elle le sera notamment pour les personnes âgées ou à mobilité réduite et permettra de proposer de nouvelles offres de mobilité, tout particulièrement dans les territoires délaissés ».
M.-H. P.