Malgré le projet très contesté de l’autoroute concédé A69 entre Toulouse et Castres, toutefois confirmé il y a quelques jours par le ministre des Transports, et la deuxième phase de la ligne ferroviaire à grande vitesse High Speed 2 Londres-Birmingham-Manchester qui menace d’être abandonnée pour des raisons financières (1), NGE, engagé sur ces deux projets emblématiques, envisage son avenir avec sérénité. Notamment sur la scène internationale où le groupe français de travaux publics nourrit un appétit certain et compte doubler son chiffre d’affaires sur la période 2024-2028.
Devant la presse, le 27 septembre à Paris, Jean Bernadet, son directeur général, a présenté ses ambitions à l’étranger sur un ton résolument combatif : « Nous sommes des faiseurs, nous sous-traitons moins de 10% des travaux ; nous maitrisons l’ingénierie financière, ce qui nous permet de garder un avantage concurrentiel par rapport aux Chinois ; nous avons ajouté les briques financement de projets, maintenance des ouvrages, conception ingénierie, et bientôt, l’exploitation », a énuméré le patron du groupe de BTP, détenu à 72% par ses dirigeants et ses 16 500 salariés. En 2022, les activités internationales ont progressé de 14%, à 377 M€, sur un chiffre d’affaires (CA) global de 3,1 milliards d’euros. Hors de France, le CA doit doubler, selon son selon Orso Vesperini, directeur délégué international.
Aujourd’hui, un quart des actifs investis par NGE Concessions porte sur des projets internationaux, avec l’ambition de quadrupler les investissements sur les concessions dans les cinq prochaines années. Avec un ratio dette nette/Ebitda de 1,26, NGE s’estime « solide » pour assurer sa croissance externe, en continuant à s’appuyer sur le fonds d’investissement français Montefiore.
Près de la moitié du chiffre d’affaires est réalisé dans le ferroviaire avec sa filiale TSO (LGV en Egypte, train Maya au Mexique, TER de Dakar, Eole, métro de Toulouse, RER Crossrail à Londres, gares du Grand Paris Express, Ontario Line au Canada) et Jean Bernadet se réjouit des annonces du gouvernement pour les RER métropolitains t le ferroviaire : « du pain béni », dit-il. Mais la BTPiste cherche de plus en plus à diversifier ses métiers en développant l’activité fibre optique, les aménagements en réponse aux effets du réchauffement climatique, et la gestion de l’eau qui ne représente que 4% de son chiffre d’affaires. Les territoires d’expansion sont à l’international où le groupe ne réalise que 12% de son chiffre d’affaires (377 M€ sur 3,1 Md€, 3 500 collaborateurs sur 16 500).
Délogé d’Asie par ses concurrents chinois, NGE creuse son sillon en Amérique latine où il s’apprête à livrer le train des papetiers en Uruguay (projet Ferrocaril Central en partenariat public-privé), en Afrique où il livre le plus gros barrage du continent au Cameroun, au Canada avec le projet de l’Ontario Line gagné en groupement avec Hitachi, et au Moyen Orient « où une partie de notre avenir se joue », selon Orso Vesperini. Les risques géopolitiques actuels en Afrique ne l’effraie pas : « Nous sommes très sélectifs sur le choix des pays, nous allons être encore plus prudents », balaie-t-il.
Le BTPiste attend dans les prochaines semaines le résultat d’un appel d’offres pour un marché de conception-réalisation sur la ligne 15 du Grand Paris Express (GPE) et le lot 3 de la ligne 18. Il a déjà été retenu pour le génie civil et la section aérienne de la ligne 17 entre Saint-Denis Pleyel et Le Mesnil-Amelot (26,5 km, neuf gares).
Nathalie Arensonas
(1) Selon les informations du Times, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, est décidé à annuler le tronçon nord à grande vitesse entre Birmingham et Manchester.