La Normandie a annoncé le 5 juin l’extension de son service de covoiturage NOMAD sur toute la région grâce à un partenariat noué avec trois opérateurs : Klaxit, Blablacar Daily et Karos. Créé en 2019, ce service n’était jusqu’alors disponible que sur 12 territoires.
Il s’adresse aux habitants (majeurs) de la région qui souhaitent effectuer un trajet supérieur à 5 km et entre deux « inter-communautés ». La région prend en charge 0,50 euro pour les passagers sans abonnement régional et jusqu’à 2 euros pour ceux possédant la carte Atoumod ainsi que l’abonnement au réseau NOMAD. Les conducteurs sont rémunérés directement par l’application, qui tient compte du coût du trajet par passager avec un maximum de trois passagers par trajet et avec une limite de deux trajets par jour.
La Normandie explique vouloir favoriser l’utilisation d’un mode « économique, écologique et convivial » et encourager de nouvelles solutions de mobilité sur les zones peu desservis par les transports collectifs.
M. K.
Constatant une baisse de fréquentation dans ses trains depuis la crise sanitaire (-21 % fin 2021, – 10 % attendus cette année), la Normandie a annoncé le 10 mars avoir demandé à la SNCF de réduire à partir du 28 mars « le nombre de trains, sur les lignes de et vers Paris, développé depuis 2020 (+22 %) afin de conserver une offre basée sur les fréquentations réelles et équivalente en nombre de trains à celle de 2019 ».
« A ce jour, les trains depuis et vers Paris ont un taux de fréquentation d’en moyenne 46 %, bien en deçà de la valeur d’équilibre du service (60 %) », justifie un communiqué, précisant toutefois que « des échanges avec les associations d’usagers sont toujours en cours avant de finaliser l’offre de transport en détail ».
Il est ainsi prévu de supprimer les trains supplémentaires mis en place depuis 2020 sur les axes Paris – Caen – Cherbourg, Trouville – Deauville, Paris – Rouen – Le Havre et Paris – Vernon – Rouen, en semaine uniquement. Il s’agit de trains qui circulent en pleine journée et en semaine dont la fréquentation est comprise, en moyenne, entre 20 et 30 %.
Pour reconquérir les voyageurs, la région et la SNCF préparent un plan de relance commerciale, avec des offres à petits prix qui seront proposées à partir du printemps et la valorisation des destinations normandes.
Le ton a changé. « Moi, qui reçois tous les jours les raisons des retards, on s’aperçoit, qu’une fois sur deux au moins, le motif est exogène à la SNCF : un bagage abandonné, un voyageur sur les voies, ou bien une vache ou un cheval… » Sans aller jusqu’à parler d’éloges, on a pu constater, lors de l’annonce des résultats sur la ponctualité des trains, le 2 février, que Hervé Morin, le président de la région Normandie, était beaucoup moins critique envers la SNCF. En juillet 2020, il s’était emporté contre les retards des trains, et avait demandé des comptes, à l’entreprise publique menaçant de ne plus payer.
Il faut dire que la ponctualité des trains Nomad, Paris – Normandie, est en nette progression. Entre octobre et janvier 2021, elle a augmenté de 13,7 points. Pour les Paris – Caen – Cherbourg, la ponctualité est passée de 77,3 % en juillet 2020 à 89,1 % en janvier 2021. Pour les Paris – Rouen – Le Havre, la progression est un peu moins spectaculaire, passant de 83,3 % en juillet à 87,7 % en janvier. Les Paris – Normandie, eux, se situent entre les deux : ils passent de 80,9 % à 88,4 %. Et plus globalement, pour l’ensemble des trains Nomad, la ponctualité à l’arrivée s’améliore également, de 7,3 points entre octobre 2020 89,0 % et janvier 2021 à 93,3 %.
C’est l’application du plan annoncé le 22 octobre qui a permis ces résultats. Côté matériel, la livraison des Omneo commandés par la Région s’est poursuivie. La région dispose de 19 Omneo. Mais il y a encore du retard par rapport au calendrier de commande. « Nous devions en recevoir quatre en janvier, nous n’en avons eu que trois », précise Hervé Morin. Entre 25 et 30 rames devraient arriver d’ici le printemps, sur les 40 de la première commande passée.
Les raisons du retard ? « Une accumulation des commandes qui n’était pas en adéquation avec l’outil de production. Et probablement une envie de rendre la mariée plus belle à l’approche du mariage Alstom-Bombardier », relève Hervé Morin, qui ne cache pas sa volonté de demander des pénalités de retard.
Quoi qu’il en soit, la question du matériel est à peu près réglée, et le matériel ancien, les Corail tractées par les BB 15 000 et BB 26 000, qui rencontraient des pannes, presque entièrement retirées. « Le président Farandou me dit, à raison, qu’il faut en garder quelques-unes pour pouvoir les introduire dans un sillon en cas de retard », ajoute l’élu. Les trois TGV Atlantique mis en service cet automne sur Paris – Rouen – Le Havre ont été retirés, tout comme les six rames Coradia Liner qui avaient été affectées sur Paris – Vernon – Rouen en septembre.
Les causes de retards liées à SNCF Réseau ont été divisées par deux, passant de 3,3 % à 1,6 % en janvier. Notamment grâce à une meilleure maîtrise de la végétation aux abords des voies : 5 400 arbres ont déjà été abattus et 8 000 autres le seront en 2021.
Mais il reste à poursuivre les travaux, ceux de Eole, à l’approche de Paris, comme le saut-de-mouton de Bezons, tout en préservant le service. « La SNCF me propose une livraison en 2031, mais moi je voudrais que ce soit en 2027. Ils doivent me faire une autre proposition », demande encore Hervé Morin.
L’information voyageurs s’est grandement améliorée, mais pourrait encore progresser avec la création d’un Poste d’information voyageurs en Normandie, à l’image de ceux qui existent en Ile-de-France. Les agents qui y travaillent sont chargés de fournir des informations en temps réel sur l’état du trafic, soit sonores, soit via les affiches sur les écrans installés dans les gares. Ces informations doivent être les plus précises possible allant jusqu’à annoncer le quai où le train va s’arrêter, ou fournir un itinéraire secondaire en cas de perturbations. SNCF Voyageurs doit faire une proposition à la région Normandie d’ici deux mois.
« Nous avons progressé », constate de son côté Jean-Pierre Farandou. Pour le PDG du groupe SNCF, « Maintenant, il faut tenir dans la durée et consolider sur le terrain ».
Yann Goubin
Des rames TGV sur Paris – Rouen – Le Havre ? Voilà une image que les trainspotter ne vont pas manquer d’immortaliser. Jusqu’à la fin mai 2021, SNCF Voyageurs va mettre à disposition de la région Normandie, trois rames de son parc TGV Atlantique pour renforcer les liaisons sur la ligne Paris – Rouen – Le Havre. Chacune assurera trois trajets par jour. Une première circulera dès le début du mois de novembre, suivie de deux autres à partir de mi-décembre. Chaque semaine, le technicentre de Châtillon, enverra un exemplaire puis trois mi-décembre à Paris Saint-Lazare. Elles retourneront au technicentre chaque fin de semaine pour leur maintenance. Pour trouver du matériel disponible, la SNCF a, malheureusement, profiter de la baisse de fréquentation due à la crise de la Covid. L’autre variable, c’est le renouvellement du matériel. Sur la desserte Atlantique, les rames TGV Océane viennent peu à peu remplacer les TGV A. Quoi qu’il en soit « c’est la première fois que la SNCF met à disposition sur une période de longue durée – sept mois –, des rames TGV pour assurer l’exploitation de lignes régionales ».
Si des rames TGV sont « détachées » en Normandie, c’est pour répondre aux difficultés de transports que connaît cette région depuis quelques mois. Des difficultés qui avaient provoqué le haussement de ton du président de la région Normandie, Hervé Morin, contre la SNCF, allant jusqu’à annoncer le 22 août la suspension de « ses paiements à la SNCF […] jusqu’à ce qu’un plan d’actions crédible soit mis en place ». Le 24 août, Jean-Pierre Farandou, avait répondu en annonçant des améliorations concernant notamment le matériel et les conducteurs.
Le 22 octobre, c’est un plan d’action, en trois parties, qui a été présenté par le président de la SNCF, à Hervé Morin. Ce plan vise à redresser rapidement la qualité des circulations ferroviaires, proposer aux voyageurs des conditions de transport au niveau de leurs attentes et mieux les informer. Jean-Pierre Farandou a profité de cette réunion pour présenter Pierre Boutier, missionné par la SNCF pour redresser la performance du système ferroviaire sur les axes Paris – Rouen – Le Havre et Paris – Caen – Cherbourg, avec l’aide des entités opérationnelles locales et en coordination avec les entités parisiennes.
L’une des origines des problèmes de régularité se trouve dans le matériel. La livraison des rames Omneo de Bombardier, commandées par la Normandie, a pris du retard. Neuf seulement ont été livrées sur les 25 qui devaient l’être mi-octobre (sur un total de 40 achetées) selon le calendrier établi à la commande. Si bien que les rames Corail doivent jouer les prolongations. La SNCF, pour compenser ce retard de livraison des rames Omneo, a été contrainte de maintenir en circulation 41 voitures Corail et 5 locomotives au-delà des délais prévus. Dans ce nouveau contexte, la SNCF a mobilisé 50 agents supplémentaires au plan de marche initial dans les technicentres de Normandie et de Clichy. Elle a également sollicité le soutien de quatre experts de l’ingénierie du Matériel de Saint-Pierre-des-Corps.
Par ailleurs, la mobilisation des équipes de maintenance de Sotteville et de Caen a permis de réduire de 50 % les délais de préparation des rames Omneo entre la livraison par Bombardier Transport et la mise en service commercial. Ainsi, trois nouvelles rames Omneo ont pu être mises en service le 16 octobre.
Pour améliorer la régularité, une « taskforce ponctualité » a été mise en service le 19 octobre, à Paris Saint-Lazare, avec un mois et demi d’avance. Initialement prévue en décembre, elle aura pour mission d’améliorer la ponctualité des départs des trains normands à la gare de Paris Saint-Lazare. Ce qui aura une incidence sur la régularité globale des dessertes.
Parmi les autres causes de retard, la chute de branches sur la voie. Pour parer ses dysfonctionnements, l’équipe en charge de la maîtrise de la végétation en Normandie a été renforcée dès l’été dernier. Sa priorité sera de traiter dès le mois de novembre les zones les plus critiques de l’axe Paris – Caen – Cherbourg, en vue d’améliorer la régularité.
Concernant l’entretien des infrastructures, un ensemble d’actions est mis en place pour assurer le bon déroulement des travaux de nuit et donc une reprise des circulations voyageurs à l’heure chaque matin. L’ensemble des travaux prévus en Normandie pour les six prochains mois va faire l’objet d’une analyse fine. Des actions pour sécuriser les chantiers les plus critiques seront mises en place (réaffectation de moyens, restitution du chantier en anticipation, renoncements…). Par ailleurs, pour chaque chantier complexe en Île-de-France comme en Normandie, une organisation dédiée est mise en œuvre, avec notamment la désignation d’un chef de projet senior pour accompagner le pilotage de l’opération.
Dernier volet de ce plan d’action, l’information voyageurs. Trois agents supplémentaires, dédiés spécifiquement aux annonces des trains Nomad, viendront renforcer, en novembre, l’équipe du Centre opérationnel Escale (COE) de Paris Saint-Lazare qui pilote l’information voyageurs en gare. De plus, un directeur de production dédié aux trains de la région Normandie (Nomad) a été nommé en octobre, à Paris Saint-Lazare pour mieux coordonner les mises à quai et le départ des trains. À Rouen, un coordinateur de l’information voyageurs intégrera, en décembre 2020, le Centre opérationnel régional (COR) pour assurer la cohérence et la réactivité des messages à bord de l’ensemble des trains Nomad, ainsi que sur les réseaux sociaux (@train_nomad).
« C’est tout de même un défi que de faire circuler des TGV en Normandie », assure Sylvain About, directeur de l’Axe Nord Normandie. « Si nous n’étions pas face à une urgence, on mettrait plus de temps pour mettre en place un nouveau matériel ». Faire circuler des TGV sur des lignes classiques ne présente pas de difficultés. Les exemples sont nombreux de TGV qui desservent des gares installées sur des lignes classiques. Il existe même des TER GV, depuis les années 2000, dans ce qu’est devenue la région des Hauts-de-France. Non seulement ces TGV empruntent LGV et lignes classiques, entre Lille et Boulogne par exemple, mais les voyageurs bénéficient du tarif régional.
Pour que des TGV puissent circuler en Normandie, il faut toutefois trouver des agents de conduite habilités sur ce type de machine, et qu’ils aient également la connaissance de ligne. À défaut, on peut imaginer que des CTT, ayant eux ces compétences, les accompagnent en cabine. Mais ce genre de « tandem » ne peut être qu’exceptionnel, puisqu’il mobilise beaucoup personnel.
Mais, heureusement, les TGV ne sont pas totalement absents de la Normandie. Citons la relation Le Havre – Marseille, via Rouen, Mantes et Massy. Et quelques circulations pour les pointes « neige », entre la région et Chambéry, conduites par des ADC locaux. « Il y a 28 conducteurs à l’UP Traction de Sotteville qui ont la double compétence, TGV et connaissance de ligne », poursuit Sylvain About. « C’est eux qui assureront la conduite de ces TGV ».
Malgré leur longueur atypique pour des TGV – 240 m au lieu des 200 m qui tendent à s’imposer désormais pour le matériel à grande vitesse –, les rames Atlantique ne dépasseront pas une rame Omneo Premium XL en UM qui mesure 270 m. Pas plus qu’une rame Corail (10 voitures) tractée par une BB 15 000 (280 m environ). Reste la capacité : 550 places dont 427 assises pour une Omneo en US, donc 1 100 en UM, contre 458 à 485 places pour les TGV A. Mais jusqu’à 720 pour une rame de 10 voitures Corail ! Finalement, l’inconvénient, pour l’exploitation, sera peut-être le nombre de portes. On en compte 9 sur une rame de TGV A contre 20 sur une rame Omneo Premium XL.
Yann Goubin
« Une récompense qui fait rire jaune les usagers mécontents« , souligne le quotidien Ouest-France le 15 septembre en commentant l’attribution à la Normandie de notre Grand Prix des Régions. Comme chaque année, le magazine Ville, Rail & Transports a décerné des prix aux régions (dont des prix thématiques) en se basant sur les politiques régionales de transport mises en place. Mais cette année, un de nos choix a beaucoup fait réagir, surtout sur les réseaux sociaux, où on a pu lire de beaux messages de félicitations mais aussi une incompréhension : pourquoi la Normandie?
C’est un jury, réunissant non seulement une partie de la rédaction, mais aussi des experts (un professeur d’université, le Cerema, un représentant de Régions de France) mais aussi un représentant des usagers des transports (Fnaut), qui attribue ces prix thématiques. Fait inhabituel, le vote a eu lieu en avril, mais la remise des prix, initialement prévue début mai, a été repoussée au 15 septembre du fait de la crise sanitaire.
Or, entretemps, « l’été a été particulièrement mouvementé sur les lignes ferroviaires normandes« , entre pannes, retards et suppressions de trains, comme le raconte Ouest-France. Cet été « chaotique » a même amené le président de la région, Hervé Morin, à annoncer qu’il allait attaquer SNCF Réseau pour ses multiples dysfonctionnements. Depuis, l’entreprise ferroviaire s’est engagée à « procéder à un contrôle qualité approfondi sur l’ensemble des études et l’organisation des chantiers ».
Certes, beaucoup reste à faire en Normandie, ce qui a d’ailleurs été dit avant-hier lors de notre cérémonie de remise des prix (et écrit dans notre journal)! Mais n’oublions pas ce qui a déjà été réalisé : la Normandie a réussi sa réunification politique et ferroviaire. Elle a pris une décision forte et engageante en reprenant en main les trains d’équilibre du territoire (TET). Et elle poursuit des actions de longue haleine comme la restauration de la gare de Rouen-Rive Droite ou la relocalisation de la maintenance de l’ensemble des matériels roulants normands. Sans parler des actions en faveur de la complémentarité des transports. Alors oui, reconnaissons-le, on n’en voit pas toujours les résultats au quotidien et c’est la limite de l’exercice. Mais dans les autres régions aussi, on se plaint de retards de trains et on trouvera toujours des associations d’usagers mécontents. D’ailleurs, n’est-ce pas leur raison d’être?
MH P
La Normandie a annoncé avoir réuni le 18 mars les équipes régionales de la SNCF et les services régionaux chargés de la mobilité « pour établir un plan de transport adapté à la situation de crise que traverse le pays du fait de l’épidémie de COVID-19 ».
Soucieuse de maintenir un nombre minimum de dessertes en train et en bus « afin que puissent être assurées les missions de service public », tout particulièrement celles des soignants, « ainsi que les activités essentielles à la vie du pays, en particulier l’industrie agroalimentaire, la fourniture d’eau, d’énergie et les commerces autorisés à poursuivre leur activité (magasins alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac/presse et stations-service) », la région a décidé de ne plus faire assurer que 20 à 30 % des dessertes aujourd’hui, et environ 10 à 15 % à compter de jeudi.
Pour prendre en compte la baisse de fréquentation dans les trains, « un matériel moins capacitaire sera utilisé, plus adapté aux besoins et laissant en maintenance le matériel à grande capacité afin que la reprise habituelle du service ferroviaire puisse se faire le temps venu dans les meilleures conditions », souligne la région.
Hervé Morin, le président de la région, a également demandé à la SNCF d’étudier les modalités de remboursement des abonnés des TER normands. Sont notamment évoqués : un remboursement ou une suspension des abonnements pour la deuxième quinzaine de mars, voire pour le mois d’avril si la situation devait se prolonger.
M.-H. P.