En sortant du capital de Transdev la RATP récupère l?équivalent de 400 millions d?euros d?actifs. Un changement de dimension pour l?opérateur. Voici la liste des réseaux qui pourraient passer sous la bannière RATP A la suite d’un habile jeu de Meccano, la RATP, ou plus précisément sa filiale ad hoc RATP Dev, pourrait prochainement se retrouver à la tête de plusieurs nouvelles filiales. Sa sortie du capital du groupe Transdev, précipitée par la fusion de ce dernier avec Veolia, est en effet en train de se concrétiser, et la liste des actifs cédés en contrepartie a été arrêtée et présentée aux instances représentatives du personnel le 27 janvier. Il s’agit bien sûr de réseaux Transdev, mais aussi d’une quantité importante de sociétés issues de Veolia Transport, ces dernières permettant notamment de répondre au souhait du PDG de la RATP de disposer d’implantations en province. « La part qui doit revenir à la RATP a été estimée à 400 millions d’euros d’actifs, correspondant à la cession des 25,6 % de capital de Transdev », rappelle-t-on de source syndicale. Certains évoquent même 450 millions d’euros. Par ailleurs, quelque 8 100 salariés intégreraient ainsi le groupe RATP, dont 5 000 hors de nos frontières, soit un effectif quadruplé pour RATP?Dev.
A l’international, justement, l’opérateur historique francilien récupérerait des bus londoniens (London United Busway, Transdev) et les transports de Bournemouth, dans le sud du Royaume-Uni, ainsi que les activités de Veolia UK aux Pays de Galles, « correspondant à une série de petites sociétés achetées entre 2005 et 2007 ». Avantage pour l’entreprise, rappelle un syndicaliste : « Il faut déjà avoir un pied en Grande-Bretagne, et peu importe l’importance du réseau, pour pouvoir ensuite répondre à des appels d’offres. » En Italie, ensuite, Transdev transférerait le réseau Dolomiti Bus de Gênes dans lequel la filiale de la Caisse des dépôts possède 39,5 % depuis février 2008. Pas une grosse affaire en soi, mais là encore une ouverture : « Il est précisé que la région a un projet de développement d’un réseau ferroviaire… » Dernier actif à l’étranger : Veolia Transport Suisse SA, qui sous-traite notamment pour les TPG (Transports publics genevois) les navettes de l’aéroport ainsi que les Noctambus et exploite également des lignes transfrontalières. A noter par ailleurs que la RATP se sépare de ses 50 % de participation dans Eurailco, société qui exploite les trains de Mittelrhein Bahn en Allemagne. « On ne sait pas ce qu’elle a en compensation, mais elle perd de ce fait sa licence ferroviaire en Allemagne », souligne le syndicat.
En France aussi, la RATP changerait vraiment de dimension en récupérant pas mal d’actifs. Ceux de Transdev, d’abord : Alp Bus (desserte des stations de ski) ; Vienne Mobilité (service PMR) ; Trans’L (interurbain et scolaire de Meurthe-et-Moselle) et la pièce « maîtresse », à savoir Moulins Mobilité, soit la DSP de l’agglo de 55 000 habitants, comprenant des lignes régulières et du transport scolaire. Et du portefeuille Veolia, elle reprendrait également un grand nombre de sociétés spécialisées dans le transport urbain et suburbain. Celui de villes de taille moyenne : Compiègne (7 lignes régulières), Bourges (VTU, urbain et scolaire pour 100 000 habitants), Vierzon (30 000 habitants, 3 lignes urbaines, une navette gratuite, du TAD), Roanne (73 000 habitants, urbain et scolaire) ou encore Creusot-Montceau Transport (15 lignes, 92 000 habitants), ainsi que VT Valence. Avec les 121 500 habitants des 11 communes de Valence Agglo Sud Rhône-Alpes, qui vient de succéder à Valence Major, ce réseau urbain serait le plus important tombé dans l’escarcelle de la RATP. On peut noter une rationalité géographique, les réseaux se situant dans une région centre élargie. Restent enfin des spécialistes de l’interurbain comme STDM et sa liaison Trans-Champagne-Ardennes dans la Marne, RAI Allier, RAI La Roche-sur-Foron et RAI Collonges. « Il n’y a rien en Ile-de-France, et l’on récupère tout de même beaucoup d’interurbain… », s’étonne-t-on du côté des syndicats, qui ont prévu de diligenter un cabinet d’experts afin d’y voir plus clair. La surprise de certaines AOT, sollicitées pour commenter ce transfert de Veolia à la RATP, laisse supposer que toutes n’ont pas encore été consultées. « De toutes les manières, cela n’aura aucune incidence sur les contrats que l’opérateur est tenu de reprendre dans les mêmes termes. A partir du moment où le service est assuré, il n’y a aucun problème », considère-t-on avec philosophie au conseil général de Moselle.
La liste doit encore être soumise aux autorités de la concurrence française et européenne. De plus, il est « avéré » que certaines AO ont prévu dans leur contrat de DSP une rupture pour changement d’actionnaire. Bref, pas sûr que la rapidité souhaitée par les protagonistes, le mariage Veolia-Transdev devant selon eux être consommé à l’été, soit raisonnable. Et dans cette recomposition du paysage des opérateurs – la filiale de la SNCF, Keolis, étant en pourparlers avec le britannique Arriva –, la RATP entend se positionner aujourd’hui comme le troisième grand groupe. Demain comme le premier ? Si RATP Dev a réalisé 150 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008, l’objectif est de rapidement atteindre le milliard d’euros.
Cécile NANGERONI