Je me connecte

E-mail*
Mot de passe*

> Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Mes Newsletters

Vous devez lire et accepter nos conditions générales de vente et d’utilisation *

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Je m'enregistre

Mot de passe oublié ?

Ewa

A Bruxelles, masque obligatoire mais sans distance sociale

Depuis le 4 mai, la Belgique a entamé la première phase de son déconfinement, amenant les opérateurs à élargir leur offre de transport. La réouverture générale des commerces étant prévue le 11 mai et la réouverture partielle des écoles le 18 mai, la STIB (Société des transports intercommunaux de Bruxelles) entend augmenter progressivement son offre de transport pour atteindre les 100 % habituels au 18 mai (85 % le 11 mai).

Pendant la période de confinement, l’offre variait en moyenne entre 50 à 70 % par rapport à une période normale – même si elle est restée à 100 % sur certains axes comme les lignes desservant des hôpitaux ou des quartiers commerciaux. La fréquentation, elle, est tombée à -90 % pour le métro et -85 % pour la surface.

« On a assisté ces derniers jours à une remontée progressive, mais qui n’atteint que 15 % de la fréquentation en métro et 20 % en surface », indique la porte-parole de l’entreprise, Françoise Ledune. La STIB ne s’attend pas à ce que la première phase du déconfinement, qui reste limitée à quelques commerces et retours au travail (avec un télétravail qui reste encouragé) change vraiment la donne.

Deux ans avant de récupérer les 1,2 million d’usagers quotidiens

Pour le premier jour de « reprise », l’entreprise a en tout cas relevé grosso modo le même nombre d’usagers que la veille. Le vrai test, ce sera le 18 mai. Même si, dans les médias belges, le patron de la STIB Brieuc de Meeûs a estimé qu’il faudra environ deux ans à l’entreprise pour récupérer ses 1,2 million d’usagers quotidiens d’avant le confinement.

Si la distanciation sociale était la règle depuis le 18 mars, l’arrêté ministériel organisant le déconfinement estime par contre que l’augmentation attendue du nombre d’usagers rendra « plus difficile de se tenir à 1,5 mètre l’un de l’autre ». L’obligation de distance, qui avait contraint la STIB à condamner un siège sur trois en quinconce dans l’ensemble de ses véhicules et à limiter le nombre de personnes autorisées à monter à bord, n’est donc plus de mise aujourd’hui. « Malgré tout, on continue à sensibiliser à l’importance du respect des distances avec des stickers sur les ports et en gares, des affiches, des messages », explique Françoise Ledune. « Et l’on demande aux gens d’éviter les heures de pointe. »

Pour la gestion des flux, la STIB compte en particulier sur le sens du civisme – « Personne n’a envie de se retrouver dans un véhicule bondé et les fréquences sont telles que l’on peut attendre le véhicule suivant facilement ». Des mesures de précaution restent aussi de mise, comme l’interdiction de monter à l’avant du véhicule et d’occuper les places près du chauffeur, ou la suspension de la vente à bord.

5 % de récalcitrants le 1er jour

La Belgique restant la Belgique, les règles ne seront par contre pas les mêmes partout. Les TEC, équivalent de la STIB dans la partie wallonne du pays, continuent ainsi à limiter le nombre de passagers par véhicule.

Obligatoire par contre, et dans tous les transports en commun : le port du masque « ou toute alternative en tissu » à partir de 12 ans. Dès l’entrée en gare, sur le quai et aux points d’arrêt. Pour en contrôler le respect, le personnel de sécurité de la STIB est secondé par la police « qui sera particulièrement présente sur le réseau les premières semaines », explique Françoise Ledune. En cas d’infraction, une amende de 250 euros est prévue. Même si, précise l’entreprise, c’est surtout la sensibilisation qui sera de mise cette première semaine de déconfinement. Au soir du 4 mai, la STIB estimait avoir eu affaire à 5 % de récalcitrants.

Isabelle Smets, à Bruxelles 

Ewa

« A la RATP, on a plus de questions sur la reprise aujourd’hui qu’hier »

Thierry Babec, le secrétaire général de l’UNSA-RATP, réagit après les annonces du Premier ministre hier sur les conditions de reprise des transports publics.

Ville, Rail & Transports. Comment réagissez-vous suite à la demande du Premier ministre d’imposer le port du masque et le respect de distance physique entre les voyageurs dans les transports publics ?

Thierry Babec. Nous souhaitions le port du masque, c’est donc satisfaisant. Et on ne peut qu’adhérer au principe de distanciation sociale qui vient en complément du port du masque obligatoire. Mais une fois dit cela, en réalité sa mise en œuvre relève de l’utopie !

A la différence de l’avion ou du TGV, on ne réserve pas sa place dans le métro, le bus ou le RER. Même si la RATP condamne un siège sur deux, le dispositif ne fonctionnera que si les passagers le respectent d’eux-mêmes ou s’y plient sous le regard des autres.

Jusqu’à présent, la RATP a condamné les deux premières rangées de sièges derrière les conducteurs de bus et c’est respecté. Il serait question d’isoler les conducteurs grâce à des plexiglass pour regagner quelques m2 pour les voyageurs. Mais ce n’est pas facile d’équiper 4 500 véhicules.

Pour le contrôle et la verbalisation, la RATP fera ce qu’elle peut. Mais ce qui est sûr, c’est qu’avec 12 000 arrêts de bus et 150 stations de métro et de RER, les agents ne pourront pas être partout. Aujourd’hui, on a plus de questions sur les conditions de la reprise qu’hier.

VRT. Il faudra aussi renforcer le niveau de service et aller très vite vers une offre à 100 %… 

T. B. Les rames sont déjà bondées aux heures de pointe sur certaines lignes, comme la 13 ou sur le tramway T1, T3, T5 ou encore sur des lignes de bus dans toute la partie nord et nord-ouest, en Seine-Saint-Denis mais aussi à Gennevilliers, Asnières… Dans ces quartiers les gens n’ont pas le choix et prennent les transports publics pour se déplacer. Le service a déjà été sensiblement renforcé. Avec le déconfinement, il y aura forcément plus de voyageurs et donc des phénomènes de saturation.

Le plan de transport que nous a présenté la direction hier prévoit une offre à 70 % du niveau habituel tous réseaux confondus. Quelques lignes pourraient tourner un peu moins s’il n’y a pas nécessité. Quant aux lignes automatiques, elles seront relancées à 100 %.

VRT. Y aura-t-il selon vous suffisamment de personnels disponibles à la RATP pour assurer un niveau de transport devant rapidement redevenir normal ?

T. B. Avec en moyenne 70 % d’offre, oui. Déjà de nombreuses lignes sont assurées au-delà de 60 % et même à plus de 70 % là où il y a beaucoup de monde aux heures de pointe.

En revanche, je ne sais pas comment cela se passera lorsque nous reviendrons à 100 % d’offre de transport. Tout dépendra du nombre d’agents malades et arrêtés pour garder leurs enfants.

Aujourd’hui, 110 agents sont hospitalisés, dont 10 en réanimation. Par ailleurs, on recense 8 500 agents non disponibles dont 3 500 pour gardes d’enfants. A cela s’ajoutent les agents en chômage partiel. Il y a une quinzaine de jours, il y avait 4 000 personnes en chômage partiel journalier, mais ce chiffre a dû reculer depuis avec la perspective de la reprise.

VRT. Etes-vous satisfait des conditions de désinfection ?

T. B. C’était à mes yeux un gros point noir : alors que la RATP a fortement augmenté ses demandes de nettoyage, ses prestataires n’ont pas toujours suivi, faute de masques et de produits. C’est la RATP qui leur en fournissait. J’ai poussé pour que l’entreprise passe à des process industriels comme le font depuis plusieurs années d’autres réseaux avec des fumigations ou des nébulisations. Il a fallu en passer par toutes les arcanes administratives pour refaire les agréments internes. Maintenant la RATP procède à des tests pour voir si ses prestataires sont capables de passer à un niveau industriel. Des tests de nettoyage par nébulisation (un procédé de vaporisation de gouttes de produit virucide de 20 microns environ, ndlr) sont ainsi en cours dans deux centres bus et sur le métro. Nébuliser 4 500 autobus et plusieurs centaines de rames va demander aux prestataires de nettoyage d’avoir les reins solides !

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

Ewa

Comment les transports se préparent à la reprise

Bus RATP

Le compte à rebours a commencé. La date de la reprise ayant été annoncée au 11 mai, un travail intense s’est mis en place pour tenir les délais. L’Union des transports publics (UTP) est étroitement associée à la réflexion ainsi que la SNCF et la RATP, au cours de réunions régulières, organisées trois fois par semaine au ministère des Transports.

Cette semaine, les pouvoirs publics devraient décider des mesures d’hygiène à mettre en place après discussions avec les membres de l’UTP. Puis les trois semaines suivantes seront consacrées à la préparation de la mise en œuvre et aux achats à réaliser.

Eventuellement des masques « maison » en attendant des masques grand public

Avec en moyenne 20 à 30 % de service durant cette période de confinement, les transports publics ont garanti la continuité du service public, estiment les opérateurs. « Les transports publics ont complètement joué leur rôle de service essentiel. Mais il faut bien comprendre que la reprise ne se fera pas en un claquement de doigts », rappelle Frédéric Baverez, le directeur exécutif France de Keolis.

La question du port de masque est centrale. « Dans les transports publics, il est impossible de respecter la distance d’1 mètre à 1,5 mètre. Il faudra nécessairement recourir à des masques, éventuellement à des masques faits maison en attendant des masques grand public », explique à VRT Thierry Mallet, le président de l’UTP, également PDG de Transdev.

Il faut aussi décider des dispositifs à installer : faut-il des protections physiques pour les conducteurs ? Distribuer du gel hydroalcoolique aux agents mais aussi aux voyageurs ? Comment renforcer la désinfection des véhicules ?

Même avec le port du masque obligatoire, il faut se poser la question de la densité acceptable dans les transports collectifs : maximale ou intermédiaire ?

« La question de la densité d’usagers dans les transports est très importante. Pour faire respecter une certaine densité dans nos transports, il faut faire en sorte que les flux soient lissés et pour cela demander aux entreprises de décaler leurs heures de démarrage et de sortie », explique Thierry Mallet. Les pouvoirs publics devront également demander aux entreprises de continuer à recourir autant que possible au télétravail.

Un contrôle social collectif sans doute nécessaire

Dans les transports, les opérateurs pourraient installer des stickers au sol pour rappeler le nombre de personnes maximal autorisé à bord. Les opérateurs s’intéressent aussi à tout ce qui se fait dans les pays qui sont « en avance » sur la France. A Singapour, par exemple, on met un autocollant sur un siège sur deux pour en interdire l’usage.

Mais comment contrôler le respect de ces règles ? « Il y aura forcément besoin d’un peu de contrôle social collectif, de collaboratif », répond Thierry Mallet. « Nous ne voulons pas que le contrôle du port du masque repose sur les opérateurs », affirme de son côté Frédéric Baverez.

Au-delà de la reprise, d’autres enjeux entrent en ligne de compte. L’activité des opérateurs de transport public va être durablement affectée. Leurs recettes, qui sont quasiment passées à zéro durant la crise, devraient encore rester très faibles un bon moment en raison d’une reprise probablement très progressive. Thierry Mallet s’attend à une remontée du nombre de passagers de 30 % à 40 % dans un premier temps.

Ce nombre très réduit de passagers s’expliquera non seulement par la poursuite du télétravail mais aussi parce que les déplacements devraient principalement concerner les trajets domicile-travail et très peu les loisirs. Enfin, on s’attend à un report modal en faveur de la voiture et du vélo. « En Chine, les premiers jours de reprise, la part modale de la voiture a été multipliée par 2, celle du vélo par 3 et celle du transport public a été divisée par deux », rappelle le président de l’UTP.

Les opérateurs ne devraient pas non plus proposer tout de suite une offre revenue à 100 % car le taux d’absentéisme devrait continuer à être important, entre arrêts maladie, gardes d’enfants et droits de retrait.

Pour ne pas se retrouver avec des rames ou des véhicules bondés, l’UTP estime qu’il faudra adapter les offres de transport au cas par cas et en temps réel, et en les renforçant sur les trajets longs. Pour les déplacements courts, il faudra encourager la marche et le vélo.

« Il ne faut pas chercher à édicter des règles générales mais gérer les situations au niveau local », estime également Frédéric Baverez. Selon lui, « il faudra de deux à trois semaines pour reconstruire les plans de transports. Il y a aura beaucoup de contraintes à prendre en compte et de nombreux échanges à prévoir avec les autorités organisatrices des transports ».

En Ile-de-France où 5 millions de personnes utilisent quotidiennement les transports en commun (mais 500 000 pendant la période de confinement), la présidente de la région s’attend à une offre de transport limitée à 50 % du niveau habituel dans un premier temps. Valérie Pécresse, également présidente d’Ile-de-France Mobilités, a indiqué au Parisien du 17 avril avoir toutefois demandé « un service renforcé au-delà de 50 % pour les lignes les plus chargées ».

Un appel à l’aide de l’Etat ou de l’Europe

Enfin, puisque cette crise va durer longtemps, il faudra aussi et surtout redonner confiance. Tant du côté des usagers que du côté des opérateurs et des autorités organisatrices. L’UTP souhaite jouer la transparence sur les coûts des opérateurs qui ont tous enregistré des pertes en assurant un service de l’ordre de 20 à 30 % du service habituel. Leurs recettes passagers qui sont déjà faibles en temps habituels (elles représentent 30 % du total en moyenne) avec des taux de marge très faibles, souvent inférieurs à 1 %, se sont écroulées pendant la crise avec une chute de la fréquentation de l’ordre de 90 %. D’autant que ce sont souvent ajoutées des mesures de réductions tarifaires, voire de gratuité. Tout semble indiquer que les recettes devraient rester durablement orientées à la baisse. « Nous avons décidé que tous les réseaux devaient évaluer leurs coûts de façon transparente, en tenant compte des baisses des recettes et des surcoûts liés aux mesures de protection sanitaire, et en soustrayant les économies réalisées avec le recours au chômage partiel », précise Thierry Mallet. Or, les coûts fixes des transports restent élevés, même quand ils ne fonctionnent pas ou peu.

Les négociations qui vont s’ouvrir avec les collectivités locales sont donc cruciales. L’Etat devrait aussi entrer au centre du jeu car, avec la crise économique, les collectivités voient également leurs rentrées d’argent se tasser (versement-mobilité, TICPE…) L’UTP réclame donc une aide de l’Etat, voire une aide européenne, à l’image de ce qu’ont fait plusieurs pays, comme les Etats-Unis qui ont décidé d’un plan de soutien de 25 milliards de dollars en faveur des transports publics.

Marie-Hélène Poingt