C’est la nouvelle arme de dissuasion des agents de la RATP chargés de la sécurité : les caméras individuelles. Valérie Pécresse a annoncé le 14 novembre la généralisation des caméras-piétons à l’ensemble des 1 000 agents du GPSR, chargés de la sécurité à la RATP. Depuis un an, 15 caméras-piétons sont en effet testées par les agents du GPSR. Ils y sont autorisés par la loi Savary relative à la sécurité dans les transports votée en 2016.
La RATP en tire un bilan positif. « Elles ont plusieurs fonctions », explique Stéphane Gouaud, le directeur de la sécurité à la RATP. « Elles ont un aspect dissuasif parce qu’elles font baisser les tensions lors des contrôles. Elles servent aussi à fournir des éléments nécessaires à l’enquête » a posteriori si un individu est interpellé.
Côté SNCF, les agents de la Suge expérimentent aussi les caméras-piétons depuis février 2018, 40 dans toute la France, dont 12 en Ile-de-France. Avec succès, comme à la RATP. « Elles font baisser de 30 % les agressions verbales et physiques sur les agents. Dès lors que l’agent annonce au voyageur qu’il va être filmé, la tension retombe sensiblement », assure la SNCF. Dans un second temps, les images peuvent aussi servir à la police en cas de poursuites judiciaires.
Parmi les éléments justifiant la généralisation de ces caméras, Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France Mobilités a dévoilé une envolée des chiffres de l’insécurité dans le métro : le nombre de vols dans le métro a ainsi fait un bond de 59 % en un an. Sur les 10 premiers mois de 2019, on recense 7 485 vols contre 4 721 sur la même période de 2018. Plus des deux tiers des infractions sont des vols sans violence : 5 093 de janvier à octobre 2019 contre 2 920 sur la même période 2018. Soit une progression de 74 %. Les vols avec violence croissent quant à eux de 33 %. Il y en a eu 2 392 en 2019 (sur les 10 premiers mois) contre 1 801 en 2018.
Si la SNCF ne fournit pas de chiffres aussi précis, elle reconnaît aussi une hausse de 20 % des agressions verbales et physiques sur les agents Transilien. Un chiffre quasi identique pour les TER.
La présidente d’IDF Mobilités fait un lien entre la dégradation de la sécurité et la suppression de policiers à la préfecture de Police de Paris, dont les effectifs auraient été abaissés de 1 350 à 1 000 agents, selon elle. « J’en appelle à Christophe Castaner (NDLR : ministre de l’Intérieur). Si on a une augmentation de 60 % des vols dans le métro, c’est aussi parce que la police nationale est moins présente sur le réseau », estime Valérie Pécresse.
Toutefois, les interpellations ont été multipliées par deux depuis le début de l’année : + 104 %. Le directeur de la sûreté à la RATP l’explique non seulement par une augmentation du nombre de vols, mais surtout par l’efficacité du dispositif que la RATP a mis en place : « On regarde au quotidien où les vols sont commis et tous les jours on repositionne nos équipes », souligne-t-il.
De son côté, Valérie Pécresse a également rappelé l’embauche, depuis 2016 et jusqu’à fin 2020, de 785 agents à la RATP, à la sécurité mais aussi parmi les commerciaux, pour augmenter la présence humaine. Un plan global pour améliorer la sécurité doit prochainement être annoncé. Il ciblera notamment les trois gares où l’augmentation des vols a été la plus forte : Châtelet-Les Halles (322 vols en 2019 contre 165 en 2018), Opéra Auber Havre-Caumartin (227 vols contre 114) et La Défense (199 contre 66).
Yann Goubin
Vigipirate n’était passé jusqu’ici au niveau « Alerte attentats » qu’une seule fois avant les tueries à Charlie Hebdo et porte de Vincennes à Paris. C’était en mars 2012. Pour la région Midi-Pyrénées lors du massacre perpétré par Mohamed Merah à Toulouse et Montauban qui avait fait sept morts dont deux enfants… Porté à son niveau maximum en Île-de-France aussitôt connu le massacre à Charlie Hebdo, avant d’être étendu à la Picardie lors de la cavale des deux frères Kouachi, le plan, qui reste en vigueur au niveau « Vigilance » sur tout le reste du territoire national, était encore renforcé par des effectifs militaires supplémentaires, annoncés par Manuel Valls le 12 janvier au lendemain de la grande marche républicaine. Soit un total inédit de près de 10 000 militaires ajoutés à plus de 4 000 gendarmes et CRS déployés dont les transports bénéficient largement. Sans que l’État n’en fournisse le détail pour des raisons de confidentialité défense tandis que se poursuivaient les investigations à la recherche de complices.
En Île-de-France, les mesures du plan sont mises en œuvre par les services de la préfecture de police avec le soutien de l’armée et des agents de la Suge pour la SNCF et du GPSR (Groupe de protection et de sécurisation du réseau) pour la RATP. Ceci conformément aux instructions du ministre de l’Intérieur, transmises via le ministère des Transports.
Le passage au niveau « Alerte attentats » signifie, outre la présence renforcée des forces de l’ordre et des militaires dans les gares et les stations de RER et de métro, l’activation de cellules de crise à la fois dans les services de l’État et chez les gestionnaires d’infrastructures et les opérateurs de transports. Les capacités d’intervention sont en alerte et les contrôles de personnes renforcés avec diffusion de messages mis à jour à l’intention du public.
À la SNCF, Vigipirate est un dispositif à trois niveaux. Une organisation précise définie par un Plan sûreté opérateur mobilise les 3 200 agents de la direction de la sûreté. Cinq responsables sûreté d’activité (RSA) agissent au niveau des activités (Voyages, Gares & Connexions, Traction, Matériel, Infra…). Vingt délégués sûreté produit (DSP) mettent en œuvre les mesures les TER et les Intercités. Et 200 délégués sûreté d’établissement assurent cette mise en place à l’échelle locale.
Les dirigeants de proximité (DPX) font le relais au quotidien avec les cheminots au travail. Des personnels de sûreté des entreprises que le Stif, réuni en conseil extraordinaire le 12 janvier, tenait à saluer. Agents et voyageurs déployant une vigilance accrue, ils doivent faire face à une multiplication des signalements de colis suspects, de bagages abandonnés ou d’alertes nécessitant parfois évacuation et intervention des services de déminage dans les trains et en gare.