Selon Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et Ile-de-France Mobilités, « 80 % des actes de violences ont lieu pendant les heures de pointe du soir », a-t-elle déclaré, le 8 mars, lors d’un déplacement dans les réseaux RATP puis SNCF, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Cette précision sur les horaires des agressions est l’un des enseignements de l’audit réalisé par Ile-de-France Mobilités sur le fonctionnement du 3117, le numéro d’appel en cas d’agression créé en 2017 par la SNCF en Ile-de-France et étendu à l’ensemble du réseau national et à la RATP, l’année suivante. Désormais, il est aussi accompagné d’un numéro SMS le 31117, pour plus de discrétion. Si l’audit a permis de constater que le numéro d’appel commun aux deux réseaux « fonctionne bien », il a aussi mis en évidence un manque de notoriété de ce numéro.
A cette occasion, la RATP a aussi dévoilé un nouveau dispositif, mis en place en janvier 2021, pour améliorer la prise en charge des victimes. Toutes les catégories d’agents sont concernées, non seulement ceux du GPSR, mais aussi les commerciaux présents sur le réseau. Ils devront prendre en charge les victimes, de façon prioritaire, vérifier si l’intervention d’un médecin est nécessaire, et appeler, le cas échéant, les secours. Une fois la victime hors de danger, l’agent recueillera ses coordonnées et la nature des faits (lieu de l’agression, signalement de l’agresseur, etc.), afin de transmettre ces informations à la Sûreté RATP et à la police pour les besoins de l’enquête.
Inciter à porter plainte
Ils remettront ensuite à la victime un flyer, réalisé avec la préfecture de police de Paris, l’informant des différentes structures de soutien et d’aide à destination des victimes de harcèlement. Ils doivent également faciliter les démarches liées au dépôt de plainte dans les six commissariats installés dans les grandes gares parisiennes et à Châtelet. « Il faut expliquer que porter plainte est un acte civique. Ça permet d’enquêter, puis d’arrêter les auteurs de ces agissements, qui sont très souvent des récidivistes », explique Sandrine Charnoz, cheffe de projet de lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports, à la RATP.
Côté SNCF, Transilien a formé ses agents sur le harcèlement sexuel : ceux de la Suge, depuis 2017, les agents des gares, depuis 2018. Cette formation, élaborée avec la Mission interministérielle de la protection des femmes victimes de violences (Miprof), vise à prévenir et réprimer les agressions, mais également à prendre en charge, à écouter, conseiller et orienter ces victimes. De plus, depuis février, et jusqu’à la fin de l’année, les délégués Sûreté des lignes Transilien sont sensibilisés sur les atteintes à caractère sexuel (ACS).
Valérie Pécresse souhaiterait la mise en place d’un système de « préplaintes en ligne », auprès des services de police, mais qui seraient retransmises à l’opérateur de transport. « Cela permettrait de conserver les enregistrements de vidéos qui ne sont disponibles que 72 heures. La loi de 2019 a changé, mais il manque encore le décret d’application ».
D’ici le milieu d’année, la plateforme de réponse, devrait être confié à la Suge, « ce qui permettra d’être ouvert à tous les opérateurs y compris les nouveaux entrants », précise Sylvie Charles, la directrice de Transilien.
Yann Goubin