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Ewa

La Suède trouve un exploitant pour un seul de ses deux futurs trains de nuit internationaux

Avec le retour en grâce des trains de nuit en Europe, le gouvernement suédois cherche depuis deux ans à redévelopper les relations nocturnes internationales vers les destinations situées plus au sud. Après avoir commencé par envisager un nouveau service Malmö – Bruxelles, le gouvernement suédois avait ajouté un Stockholm – Hambourg aux relations nocturnes pour lesquelles il avait chargé Trafikverket, l’administration nationale des Transports, d’organiser un appel d’offres afin de déterminer qui en exploiterait les trains à partir du 1er août 2022. Cette démarche, habituelle depuis un quart de siècle pour les trains de service public assurant la continuité territoriale à l’intérieur de la Suède, est appliquée ici pour la première fois à des dessertes comprenant de longs parcours à l’étranger.

Rendu public fin août, le résultat de cet appel d’offres est une demi-déception. Car si d’un côté, Trafikverket a choisi l’entreprise ferroviaire historique SJ pour exploiter les trains de nuit de Stockholm à Hambourg, le deuxième train, Malmö – Bruxelles, n’a pas été attribué, aucune offre n’ayant été reçue… Ce qui peut s’expliquer du fait que pour le Stockholm – Hambourg, le risque commercial à la charge de l’exploitant se limite à une section relativement courte (180 km) entre la frontière germano-danoise et Hambourg, alors qu’entre Malmö et Bruxelles, le parcours en Allemagne et en Belgique, pays opposés à l’idée de subventionner un train international, atteint quelque 860 km. Trop long ! Même pour l’autrichien Nightjet, qui exploite pourtant ses trains de nuit sur des bases purement commerciales…

S’il n’est pas contesté, le contrat avec SJ pourra être signé à partir du 10 septembre pour une période de quatre ans, avec possibilité de le proroger pour deux ans. Or, s’il en est un qui pourrait contester cette attribution, c’est Snälltåget, filiale suédoise de Transdev, qui vient de lancer fin juin son propre train de nuit saisonnier Stockholm – Malmö – Hambourg – Berlin, en insistant sur le fait que ce service est en open access, donc pas subventionné.

Y aura-t-il concurrence frontale pour autant entre les deux trains de nuit Stockholm – Allemagne ? Pas si sûr ! Le train Snälltåget étant calé sur des heures « acceptables » à Berlin, alors que l’horaire du futur train SJ, qui devrait être rendu public cet automne, visera à offrir des correspondances à Hambourg. De plus, les dates de circulation du futur train et du train saisonnier, lancé cet été, devraient être complémentaires.

P. L.

Ewa

Midnight Trains, la « première start-up ferroviaire française » ciblera les trains de nuit

Ni luxe façon Orient-Express, ni compartiments de six couchettes, mais des trains-hôtels. Telle est l’idée que Midnight Trains, la « première start-up ferroviaire française », se fait des trains de nuit qu’elle envisage de lancer à partir de 2024 sur un ensemble de lignes au départ de Paris. Leurs destinations ? « Là où les trains à grande vitesse ne vont pas », annonce Midnight Trains. Car comme le rappelle Adrien Aumont, cofondateur de la start-up avec Romain Payet, « vu de Paris, l’Europe en train se réduit à Bruxelles, Amsterdam et Londres », ce qui laisse nombre de grandes destinations aux vols moyen-courrier.

Réseau envisagé par Midnight Trains

Si l’on veut vraiment apporter une alternative durable à l’avion sur des distances de 800 à 1 500 km, le train de nuit permet de proposer des horaires convenables, avec des heures d’arrivée permettant de passer une journée de plus à destination, tout en se passant de réserver une nuit d’hôtel supplémentaire. « Nous visons de gros marchés, avec 1,5 million de voyageurs aériens par an, et pensons proposer très peu de cabotage », précise Adrien Aumont. Ce principe permettrait d’atteindre en une nuit des destinations comme Madrid, Lisbonne, Porto, Milan, Venise, Florence, Rome, Vienne, Prague, Budapest, Berlin, Hambourg, Copenhague ou encore Edimbourg au départ de Paris. Mais pas toutes dès le premier jour : « nous allons commencer par une ligne », en donnant la priorité aux destinations vers lesquelles le matériel roulant le plus interopérable pourra être mis en service.

Quel matériel roulant, justement ? « Nous regardons le matériel de seconde main, qui permet de commencer vite, mais des discussions sont aussi en cours avec les constructeurs ». Avec prudence : « le matériel neuf sur-mesure peut mettre en danger le lancement et nous préférons les modèles sur étagère, pour y intégrer notre design », répond Adrien Aumont.

C’est sur ce dernier point que Midnight Trains veut faire la différence : « le compartiment à six personnes, c’est fini », car « on ne fait pas un marché avec les aficionados ou les gens qui ne prennent pas l’avion ». L’objectif est de « toucher des gens qui à la base ne s’intéressent pas au train de nuit », notamment avec des « chambres privatives » que l’on peut partager avec des amis ou sa famille… mais pas avec des inconnus. Bref, un hôtel sur rails, avec un vrai restaurant et un bar : « l’état de l’art des années 1990, c’est le Trenhotel Talgo série VI de la Renfe », indique le cofondateur de Midnight Trains, dont l’objectif « n’est pas d’être une compagnie de luxe mais de redéfinir un standard de qualité », pour que « nous prendre devienne un réflexe ». Bref, « nous espérons créer une génération Midnight ! »

Bar Midnight Trains, au design signé Yellow Window

Ce marché est « une niche pour une start-up », mais peut devenir « un très beau modèle économique, si on y arrive », en concurrençant l’aviation, « dont les prix vont remonter et qui comprend de nombreux coûts cachés, comme le transport vers les aéroports, les suppléments bagages, les nuits en plus à l’hôtel… »

Pour y parvenir, « nous ne brûlons pas les étapes ». Contrairement à de nouveaux entrants « qui sont des concurrents au bus, pas à l’avion », Midnight Trains ne va pas se lancer dans les plus brefs délais. Après une présence sur les réseaux sociaux, pour commencer (Twitter, Facebook, LinkedIn et Instagram), la phase de communication démarrera à la fin de l’automne et on en saura davantage sur le produit l’an prochain. Côté technique, « nous sommes déjà en discussion avec des entreprises ferroviaires partenaires » pour la traction, et alors que des contacts sont pris avec les gestionnaires d’infrastructure, l’expression de besoin ne se fera que deux ans avant le lancement.

Chambre Midnight Trains, Yellow Window Design

D’ici là, le travail ne manquera pas pour l’équipe de Midnight Trains, une compagnie financée par des entrepreneurs français (dont Xavier Niel à travers son fonds Kima Ventures) et qui compte parmi ses associés des noms bien connus du monde ferroviaire comme Odile Fagot (SNCF, Akiem, Eurostar) ou Franck Gervais (SNCF, Thalys, Accor, Pierre&Vacances Center Parcs) et s’appuie sur une équipe de consultants. Le financement du matériel roulant ne sera pas le moindre des sujets. Qu’en pense Adrien Aumont, en tant que cofondateur de KissKissBankBank – dont Romain Payet a également été secrétaire général – à l’heure où le financement participatif est à la mode, y compris dans les nouvelles entreprises ferroviaires ? Surprise : « il faut un capital élevé et je préfère me financer avec des investisseurs solides », répond le pionnier du crowdfunding. « Je n’ai pas envie de faire une Locomore », allusion au nouvel entrant allemand qui s’est retrouvé insolvable au bout de quelques mois d’activité. 

P. L.

Ewa

Bientôt un débat sur les trains d’équilibre du territoire

Un rapport gouvernemental portant sur le développement de nouvelles lignes de trains d’équilibre du territoire (TET) de jour et de nuit a été déposé le 20 mai au Parlement pour faire l’objet d’un débat (lire le rapport). « Il va être débattu par les parlementaires pour voir ce que nous pouvons faire car, de notre côté, nous comptons bien lui donner des suites opérationnelles », a indiqué Jean Castex, le Premier ministre à l’occasion d’une interview exclusive accordée à VRT.

« Pour les trains de jour, il s’agit d’apprécier quelles adaptations du réseau seraient opportunes, sans remettre en cause l’équilibre issu des accords de reprise d’anciennes lignes de TET par les régions », commente de son côté le ministère des Transports. Trois nouvelles lignes ont été identifiées : Metz – Lyon – Grenoble, Toulouse – Lyon et Nantes – Rouen – Lille, auxquelles s’ajoutent Orléans – Clermont – Lyon et la transversale sud prolongée jusqu’à Nice (Bordeaux – Nice).

En revanche, trois corridors également étudiés n’ont finalement pas été retenus : il s’agit des corridors Lille – Lyon (en raison notamment d’un potentiel de trafics pas suffisant), Bordeaux – Lyon (où il y aurait peu de trafics interrégionaux et où une offre de nuit semble plus pertinente) et Strasbourg – Lyon (bénéficiant déjà d’une offre ferroviaire satisfaisante, ne nécessitant pas une offre TET complémentaire qui risquerait de plus de fragiliser la desserte TGV).

Pour le matériel roulant, les auteurs du rapport préconisent de recourir aux trois marchés-cadres1 liant déjà la SNCF aux constructeurs Alstom et CAF. Ce qui permettrait des livraisons plus rapides et des coûts réduits puisque les frais fixes de développement ont déjà été financés par les autorités organisatrices.

1,5 milliard d’euros pour le matériel et la maintenance

Côté trains de nuit, « la réflexion a porté sur l’opportunité de recréer un réseau structuré, tel qu’il exista longtemps en France et tel qu’il réapparaît dans certains pays en Europe ». précise le ministère qui souhaite s’inspirer de l’exemple des chemins de fer autrichiens (ÖBB) pour « proposer des modalités d’exploitation repensées et soutenables économiquement ».

Sont ainsi étudiées des radiales et des transversales autour des corridors Dijon – Marseille, Bordeaux – Marseille, Paris – Toulouse et Tours – Lyon (cette dernière liaison, d’une durée d’environ 6 h 50 via l’Ile-de-France, pouvant potentiellement relier d’une part la Bretagne et les Pays de la Loire, et d’autre part les Alpes du Nord et la Savoie, ainsi que le sillon rhodanien et la Provence-Côte d’Azur). En revanche, le corridor Nantes – Bordeaux, desservi en environ quatre heures, une durée trop courte pour un train de nuit, n’est pas retenu.

600 voitures seraient alors nécessaires pour un prix estimé de 924 millions d’euros, ainsi que 60 locomotives, pour une facture de 1,45 milliard, dispositif de maintenance compris. « Leur exploitation se ferait en coupons indéformables de trois à quatre voitures assemblées en rames de 3 à 16 voitures selon les relations, et leur maintenance serait assurée en rames ou demi-rames blocs », précise le rapport.

Pour définir un nouveau modèle en France, le rapport préconise de recourir à un équipage polyvalent à bord des trains pour assurer, de bout en bout, tous les services aux voyageurs et les opérations nécessaires à l’exploitation et à la sécurité y compris les manœuvres en cours de route. Il recommande aussi de « rechercher un allotissement des éventuelles lignes intérieures sous la forme d’un ou plusieurs contrats de service public, à l’issue d’une procédure de mise en concurrence ».

Six corridors internationaux identifiés

A l’international, six corridors internationaux sont identifiés : Paris – Hambourg – Copenhague ; Paris – Berlin – Vienne, Paris – Milan – Venise (cependant, cette relation étant proposée par Thello actuellement, elle ne fait pas l’objet d’une analyse dans le cadre de l’étude), Paris – Florence – Rome, Paris – Barcelone et Paris – Madrid.

« L’organisation par groupes de lignes permet une gestion intelligente du parc et l’optimisation des coûts », écrivent les auteurs. Rappelant que la plupart des capitales et grandes métropoles situées à une distance d’environ 1 000 à 1 500 km de Paris génèrent des trafics aériens très importants situés dans une fourchette d’environ un à trois millions de déplacements annuels, ils estiment que ce potentiel important permettrait de constituer des trains longs directs, facilitant l’exploitation. La part de marché est évaluée à quelque 10 %. « Cet objectif modeste apparaît suffisant pour envisager l’exploitation de lignes ferroviaires de nuit européennes sous forme de services librement organisés, sans intervention de la puissance publique », souligne le rapport, qui recommande toutefois la recherche de coopérations internationales par les entreprises ferroviaires.

Marie-Hélène Poingt

1Ces trois marchés concernent le marché Coradia / Régiolis avec Alstom (pour lequel 387 rames ont été commandées, pouvant aller jusqu’à 1 000 rames), le marché Omneo / Regio2N avec l’ex-Bombardier (pour lequel 455 rames ont été commandées, pouvant aller jusqu’à 860 rames) et le Marché AMLD avec CAF (pour lequel 28 rames ont été commandées, pouvant aller jusqu’à 103 rames).

Six trains de nuit, mais seule la moitié roule

Aujourd’hui, en plus du train de nuit Paris – Nice relancé depuis le 20 mai, deux lignes TET assurent quotidiennement les axes Paris – Briançon et Paris – Rodez / Toulouse – Latour-de-Carol, avec des subventions de l’État.

La ligne quotidienne Paris – Milan – Venise, exploitée par Thello en service librement organisé, est suspendue depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020. C’est aussi le cas des deux lignes Paris – Berlin – Moscou et Nice – Moscou commercialisées par les chemins de fer russes à raison d’un aller-retour par semaine pour chacune des relations, et circulant en France sous l’égide de SNCF Voyageurs avec du matériel remorqué russe.

Fin 2021, le train de nuit Paris – Tarbes devrait redémarrer. En remettant en circulation ces deux nouveaux trains de nuit, le gouvernement a décidé d’engager 100 M€ dans le cadre du plan de relance de l’économie, dont 50 M€ consacrés au matériel roulant et 50 M€ pour l’adaptation des installations (accueil des voyageurs en gare, maintenance, infrastructure, etc.).

« Mon ambition, c’est une dizaine de trains de nuit en 2030 », avait déclaré le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari en janvier, en présentant un résumé de ce rapport.


L’exemple autrichien

Après avoir repris des réseaux et des matériels roulants en Autriche et en Allemagne en 2016, « ÖBB exploite aujourd’hui, avec des subventions publiques négligeables, une vingtaine de lignes sous le label NightJet et a conclu des accords de coopération avec les réseaux limitrophes (Pologne, République tchèque, Hongrie, Slovénie, Roumanie et Croatie) pour la production de certains trains de nuit sur une dizaine de relations. Dans les cas de prolongements de desserte, les ÖBB peuvent être amenés, quand ils l’estiment nécessaire, à négocier une participation de la part des États desservis », souligne le rapport sur les TET

Rappelant que « NightJet effectue des parcours de l’ordre de 600 à 1 200 kilomètres, soit des distances comparables à celles existantes en France ainsi qu’entre la France et quelques destinations importantes dans les pays limitrophes », les auteurs expliquent que « la large gamme de prix proposée par les ÖBB et l’utilisation du système de gestion tarifaire différenciée en fonction des capacités disponibles (yield management) sont des atouts qui favorisent l’optimisation du remplissage et du chiffre d’affaires. L’adoption de mécanismes similaires pour les trains de nuit en France semble donc une orientation à recommander ».

Ewa

La question de la pérennité des subventions se pose

Marc Ivaldi

Ville, Rail & Transports a interrogé Marc Ivaldi, directeur d’études à l’EHESS (Toulouse), sur les premières pistes dévoilées au cours de l’été par le gouvernement pour relancer le ferroviaire.

Ville, Rail & Transports. Le plan envisagé par le gouvernement pour relancer le fret ferroviaire (gratuité puis réduction des péages d’utilisation des infrastructures, lancement d’autoroutes ferroviaires…) vous paraît-il à la hauteur de l’enjeu ?

Marc Ivaldi. Je reste assez dubitatif face à ces annonces. Le secteur va bénéficier de subventions cette année, puis de ristournes l’année suivante, et après ? Jusqu’à quand ?

Il y a un risque d’effet pervers : ce sera un manque à gagner pour SNCF Réseau qui ne percevra plus de redevances d’utilisation des voies ferrées de la part des opérateurs de fret, recettes ensuite utilisées pour entretenir et rénover le réseau. Or, les besoins en rénovation sont immenses et la modernisation du réseau est absolument nécessaire pour que le transport de fret ferroviaire soit performant.

Le fret ferroviaire souffre avant tout d’un problème d’infrastructure. Il doit aussi apprendre à travailler avec les autres services de transport car il n’y a pas de réseau dédié au fret. C’est son péché originel : il n’est jamais prioritaire et arrive après les autres. Il y a donc selon moi un problème de gouvernance et d’organisation.

VRT. Parmi les solutions envisagées, on évoque de nouveau le lancement d’autoroutes ferroviaires…

M. I. Cela fait des années que l’on verse de l’argent pour les autoroutes ferroviaires mais ça ne marche pas. Quelle est la soutenabilité d’un système qui est en permanence soutenu par la subvention publique ?

Il me paraîtrait plus constructif de conditionner l’argent public aux engagements pris par des opérateurs dans le cadre d’appels d’offres. Ces appels d’offres seraient attribués aux candidats les moins-disants.

Ce ne sont de toute façon pas les autoroutes ferroviaires qui vont permettre de réduire le nombre de poids lourds qui partent du fond de l’Espagne et vont au nord de l’Europe en traversant la France. Et qui représentent des millions de tonnes de marchandises, 95 % passant par notre pays.

VRT. …et la relance de lignes nouvelles pour les voyageurs

M. I. Il faut regarder au cas par cas. Les axes Bordeaux-Toulouse d’une part, Montpellier-Marseille d’autre part, voient passer beaucoup de trafic. Les améliorer me paraît une priorité. Mais si je comprends l’utilité d’une branche Bordeaux-Toulouse, la branche Bordeaux-Dax me paraît une hérésie. Une hérésie à trois milliards d’euros pour servir quasiment le bout du monde.

Les Aquitains expliquent qu’une ligne ferroviaire à grande vitesse doit desservir Bordeaux et Dax et qu’à terme elle sera reliée au projet GPSO. Ainsi, disent-ils, on laissera l’ancienne ligne au fret. Autrement dit, on propose de transporter du fret au frais du TGV… Car il n’y aura qu’un très faible trafic entre Bordeaux et Dax.

Il existe une autoroute pour desservir Bayonne-Bordeaux passant par les Landes et une autoroute vers Pau et Dax. La deuxième est chère et pas empruntée. Si on trouve qu’il y a trop de camions sur l’axe Bayonne-Bordeaux, obligeons-les à passer par une autoroute payante !

Pour l’axe Montpellier-Perpignan, la question est : pourquoi ne pas poursuivre la LGV ? Je vois plusieurs écueils, notamment le fait que la gare nouvelle de Montpellier est loin du centre et mal desservie.

De plus, avec la crise, nous allons voir arriver des compagnies aériennes low-low cost qui proposeront des tarifs hyperalléchants. Je ne vois pas quel trafic peut justifier un TGV entre Montpellier et Perpignan. Pour qu’un TGV soit pertinent, il faut un marché important au départ et à l’arrivée, sinon on ne couvre pas les frais fixes.

VRT. Les décisions de soutenir les trains de nuit ne doivent-elles pas être fondées sur d’autres raisons ?

M. I. Pourquoi pas. A coups de subventions, tout est possible ! La raison avancée : on veut un transport moins polluant. On ne peut pas justifier le train en se basant uniquement sur la baisse des émissions de CO2. Cela peut être relativement négligeable et Blablacar marche très bien.

Je n’ai pas d’a priori contre, mais il faut se poser la question de savoir si le service peut s’autofinancer. Si on subventionne tout, il faudra créer des taxes. La question de la pérennité des subventions se posera un jour. Mais aujourd’hui, on ne parle plus de recettes, on dépense, tout est permis !

Propos recueillis par Marie-Hélène POINGT

Ewa

Le vrai prix de la relance ferroviaire

Travaux-maintenance

C’est l’heure de vérité pour le ferroviaire qui attend son plan de soutien pour l’aider à passer la crise sanitaire. Au fil de l’été, quelques pistes ont été esquissées sur la teneur du plan de relance qui doit être présenté le 3 septembre. L’occasion pour le gouvernement de verdir son programme et de montrer dans quelle mesure il est réellement prêt à s’engager pour le transport ferroviaire.

Les demandes du secteur sont très importantes, en particulier pour les marchandises, mais justifiées, selon les opérateurs de fret, par l’urgence écologique et la nécessité de relancer un secteur déficitaire, soumis à la rude concurrence de la route.

Regroupés au sein d’une alliance baptisée 4F, ils ont listé les mesures à prendre sur les dix ans à venir et les ont évaluées à 14 milliards d’euros (lire ici) pour permettre un doublement de la part du ferroviaire de 9 à 18 %.

De son côté, en juin, la seule SNCF évoquait une perte de chiffre d’affaires de quatre milliards d’euros liée à cette crise, manque à gagner qui se monte à cinq milliards si on inclut la crise sociale contre la réforme des retraites qui l’a précédée.

Parmi les mesures les plus immédiates, le gouvernement a annoncé pour le fret ferroviaire, dès la fin juillet, la gratuité des péages en 2020, puis la division par deux des péages d’utilisation des infrastructures en 2021 « pour les entreprises qui opèrent sur le réseau national ». Pour l’Afra (association qui regroupe les concurrents fret de la SNCF), « cette annonce a le mérite d’être vertueuse en termes de relance : plus nous opèrerons de trains, plus nous pourrons gagner de l’argent. De plus, cette mesure va profiter à toutes les entreprises quelle que soit leur taille ». Et d’expliquer : « En théorie, les péages représentent 10 % des coûts fixes pour le ferroviaire. La suppression des péages nous permettra d’aligner nos prix sur ceux des poids lourds, puisqu’on sait qu’il peut y avoir une différence de prix de 8 à 10 % entre le fer et la route ».

Le gouvernement a aussi indiqué travailler sur le soutien au wagon isolé, le renforcement de l’aide au transport combiné et l’accélération du lancement de nouvelles autoroutes ferroviaires. Trois autoroutes ferroviaires sont évoquées, Bayonne-Cherbourg, Sète-Calais, et la ligne Perpignan-Rungis que les pouvoirs publics souhaitent « inscrire sur un axe plus large qui irait d’Anvers à Barcelone », a indiqué Jean Castex, lors d’un déplacement fin juillet. Reste que ces annonces reprennent des projets déjà en cours, regrettent les opérateurs de fret.

Les trains de nuit, un sujet abordé par le président de la République, devraient bénéficier de « l’ambition » affichée par le gouvernement. A ce sujet, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, évoque la possibilité « de relancer d’ici 2022 deux trains de nuit supplémentaires avec, pourquoi pas, un Paris – Nice pour commencer ». Avec les aides nécessaires pour rénover ou acquérir le matériel roulant… Enfin, pour les « petites lignes », le ministre pose le principe de distinguer « les plus utilisées », à « reprendre » par SNCF Réseau, de celles qui pourraient être reprises par les régions.

En contrepartie de ses efforts, l’État attend que la SNCF « ait une performance économique, environnementale et sociale de haut niveau », sans « se remettre à fabriquer de la dette », avait rappelé fin juillet Jean-Baptiste Djebbari. Le ministre souhaite aussi « que d’ici dix ans, le réseau ferroviaire soit modernisé ». Un vœu pieux s’il n’est pas accompagné de moyens à la hauteur…

M.-H. P.


Fret SNCF lutte pour sa survie

La nouvelle société anonyme Fret SNCF créée depuis le 1er janvier dernier lutte pour sa survie. Malmenée dès son lancement par la grève contre la réforme des retraites, puis la crise sanitaire, elle est déjà largement déficitaire alors que ses compteurs avaient été remis à zéro à sa naissance en janvier. Selon le journal Libération du 24 août, qui a pu consulter un document estampillé « confidentiel », la direction de l’entreprise envisage de supprimer une centaine d’emplois de conducteurs. Le sujet devait être abordé lors d’un CSE (Comité social d’entreprise) les 2 et 3 septembre. Pour Fret SNCF, l’hémorragie continue, puisqu’entre 2009 et 2019, quelque 8 000 postes ont été supprimés. Les conducteurs concernés par ces nouvelles mesures se verront proposer un autre poste dans le groupe (Grandes lignes, TER…).

Ewa

Mobilisation pour la reprise des trains de nuit

Malgré le déconfinement, les trains de nuit sont restés au garage. Cinq associations (le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, Oui au train de nuit, REN pour l’étoile ferroviaire de Breil-sur-Roya, UTPP et ADGAPP) se sont mobilisées pour interpeller par courrier Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’État aux Transports au sujet de l’interruption de la circulation des trains de nuit sur les relations Paris – Briançon et Paris – Rodez/Portbou.

« Ces trains sont affichés complets tous les jours, quel que soit le sens, ce qui pénalise non seulement les habitants des territoires concernés pour qui les trains de nuit sont des Trains d’Équilibre du Territoire, mais également l’économie locale, privée des familles vacancières dépendantes de ce moyen de transport », indiquent les cinq associations dans leur lettre.

Un traitement inégalitaire

Pour ce qui est de la région Sud-Paca, la raison invoquée par la direction régionale de la SNCF, dans un communiqué daté du 9 mai, est que « la circulation du train de nuit Paris – Briançon n’est pour le moment pas possible en raison de la difficulté à adapter les couchettes aux mesures de distanciation ». On peut se demander quelles sont ces « difficultés » : ne serait-il pas possible de limiter le nombre de voyageurs seuls à une personne par compartiment, tout en autorisant les voyageurs ayant passé le confinement ensemble (familles, en particulier) à partager le même compartiment ? Quoi qu’il en soit, la question ne semble pas se poser pour les autres modes de transport et c’est pourquoi il s’agit, pour les cinq associations, d’une « discrimination injustifiée » : « les mesures de distanciation et hygiène [ne sont] pas plus difficile à appliquer dans un train de nuit que dans un TGV, un TER, ou dans les bus de nuit Paris – Oulx, ou Paris – Toulouse, qui eux sont déjà en vente pour toutes les nuits de cet été, sans parler du transport aérien ».

Au passage, les associations dénoncent également la situation antérieure à la crise sanitaire actuelle : « Les trains de nuit souffrent régulièrement de dysfonctionnements et de discrimination par rapport à d’autres modes de transports, ce que nos collectifs dénoncent depuis plusieurs années. En particulier, la sortie tardive à la réservation porte un lourd préjudice aux trains de nuit. »

Par conséquent, le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, Oui au train de nuit, REN pour l’étoile ferroviaire de Breil-sur-Roya, UTPP et ADGAPP demandent un rétablissement « urgent » de la réservation des trains de nuit, « afin de préserver l’équité pour les territoires, entre les modes de transports, et pour sauvegarder une partie de l’économie touristique de la saison estivale ».

Au moment de la mise en ligne de cet article, le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes n’a « à ce jour pas reçu de réponse, si ce n’est l’information que notre courrier a bien été transmis à la préfecture ».

P. L.

Ewa

Trains de nuit. La FNAUT lance une enquête auprès des voyageurs

Regrettant la « quasi-disparition des trains de nuit », qui peuvent pourtant représenter une alternative intéressante à l’avion, la Fnaut lance une enquête auprès des voyageurs pour comprendre leurs besoins. Ce qui lui permettra ensuite, espère-t-elle, de faire des propositions « réalistes » aux exploitants.

Le questionnaire porte notamment sur les niveaux de service envisageables, les horaires, le confort ou encore la sécurité (pour répondre au questionnaire : ici )

Rappelons qu’il ne reste plus aujourd’hui en France que deux trains de nuit, l’un dessert Paris – Toulouse/Rodez/Cerbère/Latour de Carol et l’autre Paris – Briançon. Citons aussi la liaison internationale Paris – Venise proposée par Thello.

I. D.

Ewa

De plus en plus de succès pour les trains de nuit autrichiens

Nightjets

Le succès des trains de nuits se confirme pour la compagnie nationale des chemins de fer autrichiens ÖBB qui vient de présenter le design intérieur des 13 trains commandé à Siemens. Les nouveaux « Nightjets » – un investissement de « plus de 200 millions d’euros » – doivent entrer en service en 2022 et réservent une part importante aux couchettes.

« Au cours des derniers mois, les besoins d’offres en voyage respectueux de l’environnement ont fortement augmenté dans de nombreux pays. Cette tendance a été sérieusement prise en compte par les responsables politiques. Les trains de nuit sont très demandés en Scandinavie, en Allemagne mais aussi au Benelux », explique Bernhard Rieder, le porte-parole de la compagnie autrichienne. « Des liaisons avec la France sont à l’étude. Mais il n’y a pas encore de projet concret », ajoute-t-il.

Un taux d’occupation de 60 %

La ÖBB réalise désormais 18 % de son chiffre d’affaires voyageurs avec des trains de nuit dans toute l’Europe (26 liaisons, voir carte). Le directeur des grandes lignes de la ÖBB, Kurt Bauer, a annoncé un taux d’occupation de 60 %, soit 1,4 million de passagers – pratiquement l’objectif fixé – mais aussi un bénéfice d’exploitation. « On ne va pas s’enrichir avec ces lignes. Mais cette activité est devenue importante pour notre positionnement », a insisté Andreas Matthä, le président du groupe de transport autrichien. Il s’agit selon lui de proposer une alternative confortable et moderne au transport aérien.

Le contexte politique très favorable a décidé les Autrichiens à s’engager dans une stratégie de croissance en Europe. En 2020, ÖBB va ouvrir des nouvelles lignes depuis Vienne, vers Bruxelles (via Francfort) et Amsterdam, et depuis Zurich vers Hambourg et Berlin. Le patron d’ÖBB est en discussion avec la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB), pour étudier des liaisons avec Berlin. « Nous réfléchissons à renforcer nos coopérations », a confirmé Andreas Matthä au quotidien économique allemand Handelsblatt.

Un train de nuit entre Berlin et Bruxelles très demandé

Cette offensive commerciale devrait obtenir un écho très positif de la part du gouvernement allemand qui a annoncé une offensive dans le rail pour remplir leurs engagements climatiques. Ironie du sort : c’est la compagnie ferroviaire allemande qui avait suspendu en 2016 ses liaisons de nuit, chroniquement déficitaires. La DB enregistrait chaque année une perte de 30 millions pour 90 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Plusieurs députés européens allemands, de tous les bords politiques (à part l’extrême droite), ont réclamé à Angela Merkel la création rapide d’une liaison de nuit entre Berlin et Bruxelles. « Ce serait un signe fort », estiment-ils, alors que l’Allemagne doit assurer la présidence du Conseil de l’Union européenne au deuxième semestre 2020.

Christophe Bourdoiseau, à Berlin

Ewa

Les Autrichiens font renaître les trains de nuit

Train de nuit 2 Nightjet OBB Autriche

Alors qu’on pensait que les trains de nuit étaient passés de mode et qu’ils avaient perdu la bataille contre les compagnies aériennes low cost et les bus, la compagnie nationale des chemins de fer autrichiens (ÖBB) est en train de prouver le contraire.

Les Autrichiens ont réussi à rentabiliser le réseau de nuit qu’ils avaient en partie racheté à la compagnie ferroviaire allemande. La Deutsche Bahn (DB) avait abandonné cette activité faute de rentabilité (20 millions d’euros de pertes en 2016). ÖBB avait racheté 15 trains de nuit en les exploitant sous une nouvelle marque : « Nightjet ». L’investissement avait été de 40 millions d’euros.

Un an plus tard, le directeur grandes lignes de la ÖBB, Kurt Bauer, peut annoncer un taux d’occupation de 60 %, soit 1,4 million de passagers – pratiquement l’objectif fixé – mais aussi un bénéfice d’exploitation (sans toutefois le chiffrer). La part des trains de nuits dans le chiffre d’affaires de la compagnie est passée de 17 à 20 %.

La ligne la plus fréquentée est celle de Zurich – Berlin – Hambourg. La clé du succès réside dans une offre combinée avec des places couchettes et assises sur un réseau important reliant Berlin, Munich, Düsseldorf, Hambourg, à Zurich, Vienne, Innsbruck, Venise, Rome, Milan et Zagreb. ÖBB insiste par ailleurs sur le service aux voyageurs.

Fort de son succès, la compagnie autrichienne veut étendre son réseau avec des arrêts dans des villes moyennes. A partir de 2021, elle annonce 13 nouveaux trains de nuit pour un investissement de 400 millions d’euros. Par ailleurs 20 voitures assises seront transformées en wagon-lit pour 20 millions d’euros.

Christophe Bourdoiseau,
à Berlin