La maîtrise du risque, priorité de Keolis
Si la maison mère, la SNCF, a affiché pour 2024 des résultats démontrant une croissance « rentable », Keolis a présenté ce matin des résultats révélant une croissance « sélective ». Marie-Ange Debon, présidente du directoire du groupe, a répété ne pas courir après de nouveaux contrats, en France, comme à l’international, mais privilégier ceux qui peuvent s’avérer rentables. L’enjeu est primordial pour le groupe qui a réalisé l’an dernier 7,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 10%, mais n’a pu dégager que 13 millions d’euros de résultat net, soit une marge de 2,2 %. Ses résultats sont positifs pour la quatrième année consécutive.
L’appétit de croissance, face à la multiplication actuelle des appels d’offre peut être un piège dans lequel la présidente ne veut pas tomber. Elle a indiqué regarder plus d’une cinquantaine de nouveaux contrats par an. « C’est très douloureux de renoncer quand on perçoit un risque qu’il soit ne soit rentable. Cela implique d’être le plus fin possible dans l’analyse de tous les paramètres ». C’est aussi souvent décourageant de perdre un appel d’offres… « Mais quand vous analysez les offres de vos concurrents, auxquelles vous avez accès quand le marché a été attribué, et que vous voyez le prix proposé par le gagnant, vous avez moins de regrets…»
L’Ile-de-France, terrain de conquête de Keolis
Les succès commerciaux de l’année écoulée comportent une série de renouvellements de contrats « majeurs » comme ceux de Lyon et Lille et « significatifs » dans l’urbain à Orléans, Besançon et Amiens, dans l’interurbain avec l’Hérault et la Charente-Maritime ainsi que dans l’assistance technique à Pau et au Mans. « Cela renforce notre bilan commercial en France où nous étions sortants sur plusieurs réseaux », se réjouit la patronne du groupe, en expliquant que les contrats renouvelés sont généralement plus vite rentables. Keolis a aussi remporté l’exploitation du réseau de transport de la métropole de Nîmes et dans l’interurbain en Pays de la Loire. Au total en France, l’opérateur enregistre une hausse de fréquentation de 7 % sur ses réseaux.
En Ile-de-France, terrain de conquête déclaré du groupe, le gain de la ligne 18 du Grand Paris Express s’est doublé de la victoire de l’appel d’offres portant sur 42 lignes de bus de Marne et Brie. Elle signe l’entrée de Keolis (et du premier opérateur non RATP) sur la petite couronne parisienne qui représente un trafic considérable de 500 000 passagers. Effia, la filiale de Keolis spécialisée dans le stationnement, principalement autour des gares, a aussi réalisé une moisson de contrats comme à Marseille, Châteauroux, Bagneux ou Versailles.
Intérêt pour les cars express et le transport à la demande
À l’International, Keolis a obtenu le renouvellement du contrat de la ligne du métro londonien DLR, va continuer à opérer les transports publics d’Utrecht Buiten (Pays-Bas) et s’est vu confier un nouveau réseau de bus 100 % électrique au Danemark.
Son développement en Amérique du Nord se poursuit, mais avec prudence. Marie-Ange Debon reconnaît en effet la complexité du marché américain où les prix ne sont pas indexés sur la durée du contrat. Aux États-Unis, le français a lancé l’exploitation des réseaux de bus de Phoenix (Arizona) et d’Austin (Texas). Il a aussi renouvelé son contrat de Victor Valley (Californie). Son partenariat avec la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA) pour l’exploitation du réseau ferroviaire de Boston a été renouvelé pour un an. Deux contrats en Australie, où le groupe est bien implanté ont aussi été prolongés.
L’année 2025 sera à nouveau marquée par l’alignement de l’opérateur sur de nouveaux appels d’offres. Marie-Ange Debon a réaffirmé son intérêt pour le car express et le transport à la demande dont Keolis opère déjà 80 réseaux. « Il peut être proposé à des collectivités pour mieux organiser les déplacements sur certaines zones », conclut la présidente.
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